Mis à mal par une déclaration incendiaire suggérant son ouverture à une participation des athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques de Paris, le Comité olympique canadien (COC) fait une mise au point : non, il ne souhaite pas leur présence dans la capitale française à l’été 2024, même sous bannière neutre.

À un peu plus de 500 jours de la cérémonie d’ouverture, le COC ne voit pas comment les Russes pourraient remplir des conditions satisfaisantes pour concourir aux Jeux de Paris.

« On ne soutient pas la participation des Russes et des Biélorusses dans les conditions actuelles », a précisé Eric Myles, chef du sport du COC, en marge d’une conférence de presse jeudi matin à Montréal.

M. Myles réagissait à une question au sujet d’articles de La Presse Canadienne et du quotidien Le Devoir qui rapportaient au début du mois que le COC n’excluait pas un retour des athlètes russes et biélorusses à Paris en 2024.

« Nous reconnaissons que la décision d’exclure des athlètes uniquement sur la base de leur nationalité va à l’encontre des principes qui sont au cœur du mouvement olympique », avait déclaré David Shoemaker, chef de la direction et secrétaire général du COC, dans une note écrite.

« Ainsi, nous sommes ouverts à explorer un parcours conduisant à l’inclusion d’athlètes russes et biélorusses neutres qui, au minimum, respectent les conditions établies par la commission exécutive du CIO », avait-il ajouté.

Cette déclaration a provoqué un tollé au pays, dont une chronique coup de poing du chroniqueur de La Presse Philippe Cantin intitulée « Moment sombre de notre histoire olympique ».

Nombreuses conditions

Jeudi, Myles a réitéré que la décision définitive reviendrait au CIO. « On voulait s’assurer d’émettre notre point de vue comme membre du mouvement olympique, a expliqué le chef du sport. […] Il y a toute une série de conditions [outre] la neutralité si jamais ça devait arriver. »

Le COC continue d’appuyer une recommandation du CIO de février 2022 indiquant que « les athlètes et officiels de la Russie et de la Biélorussie ne devraient pas être invités à participer à des compétitions internationales ».

Dans un communiqué daté du 25 janvier, la commission exécutive du CIO a énoncé les conditions auxquelles les athlètes titulaires d’un passeport russe ou biélorusse devraient satisfaire pour obtenir le droit de prendre part aux Jeux de Paris à titre de représentants « neutres ». Ne pas « soutenir activement la guerre en Ukraine » et se conformer « entièrement au Code mondial antidopage » en faisait partie.

« La question qui suit est celle-ci : est-ce que David ou moi, on a bon espoir que tout ça va se placer et que ça va arriver ? Je ne pense pas », a affirmé Eric Myles.

Le chef a souligné que depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, au lendemain des Jeux d’hiver de Pékin le 24 février 2022, la situation « n’a pas évolué ; au contraire, elle s’est dégradée ».

La situation actuelle n’est pas gagnante, ça n’arrive pas, ça ne marche pas. Avec la série de conditions, une évolution des choses, un progrès dans le conflit de façon positive, etc., OK, peut-être. Mais encore là, ce n’est pas notre décision.

Eric Myles, chef du sport du Comité olympique canadien

Au lendemain de la déclaration de David Shoemaker, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, a réitéré la position du gouvernement fédéral selon laquelle « les athlètes russes et biélorusses ne devraient pas être autorisés à participer à des compétitions sportives internationales ».

« Nous continuons de manifester notre solidarité à l’Ukraine, et j’encourage la communauté sportive internationale à faire de même », a ajouté Mme St-Onge dans une note écrite transmise à La Presse.

Proche de l’« exclusion absolue »

Le 10 février, la ministre a pris part à une réunion virtuelle avec 34 de ses homologues et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, où la vaste majorité des participants étaient favorables à une « exclusion absolue » des athlètes russes et biélorusses, selon une dépêche de Reuters.

Aux yeux d’Eric Myles, les positions de Mme St-Onge et de ce groupe de pays sont « vraiment proches » de celles du COC.

En s’adressant aux ministres, le président Zelensky a affirmé que 228 athlètes et entraîneurs ukrainiens sont morts en raison de l’agression russe.

S’il y a un sport olympique avec des tueries et des frappes de missiles, vous savez quelle équipe nationale prendrait la première place. La terreur et l’olympisme sont deux opposés, ils ne peuvent pas être combinés.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, selon Reuters

Bruny Surin, chef de mission de l’équipe canadienne pour les Jeux de Paris, s’en tient à la position du COC et du CIO, avec une touche plus ferme vis-à-vis de la Russie.

« Il s’agit de voir comment ça va évoluer, a indiqué le champion olympique jeudi. Maintenant, je serais aussi partant pour dire : « Écoutez, les athlètes russes, sorry, that’s it, on maintient [l’exclusion]. » »

L’ex-sprinteur soutient que beaucoup d’éléments devront être mis en place dans les deux pays voyous pour qu’il fasse preuve d’ouverture. « Pour l’instant, il n’y a rien. Alors pas de Russie, pas de Biélorussie. »

Une chose est certaine : le COC s’oppose à un éventuel boycottage des Jeux olympiques. « On ne croit pas à ça, a déclaré le chef du sport. On l’a fait pour la Chine, on est encore sur la même position. Un boycottage des Jeux, ce n’est pas une option pour nous. Ce n’est pas non plus l’approche pour progresser dans cette situation-là. »

Les Jeux olympiques de Paris se dérouleront du 26 juillet au 11 août 2024.

Le parcours unique de Christine Girard

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La nouvelle cheffe de mission du Canada aux Jeux panaméricains de Santiago, Christine Girard, entourée d’Eric Myles, chef du sport du Comité olympique canadien, et de Bruny Surin, chef de mission du Canada aux Jeux olympiques de Paris. Sur la barre se trouve le poids total soulevé par l’haltérophile en route vers sa médaille d’or aux JO de Londres en 2012… soit 236 kg.

Vingt ans après avoir fait la découverte d’un grand évènement multisport international aux Jeux panaméricains de Saint-Domingue, la championne olympique d’haltérophilie Christine Girard bouclera la boucle à titre de cheffe de mission des Panam de Santiago, au Chili, du 20 octobre au 5 novembre.

En République dominicaine, Girard avait partagé la chambre de sa coéquipière Maryse Turcotte, qui avait pris part aux Jeux de Sydney trois ans plus tôt. Cette proximité avec des athlètes olympiques l’avait marquée.

« J’avais pratiquement un cahier de notes et j’observais tout : comment ils mangent, comment ils bougent, comment ils s’entraînent », s’est souvenue Girard à l’annonce de sa nomination par le Comité olympique canadien, jeudi matin, à Montréal. « Ça avait été une expérience vraiment formatrice. »

Ergothérapeute de profession et mère de trois jeunes enfants, Girard aura une histoire et un parcours uniques à transmettre aux quelque 500 athlètes qu’elle accompagnera au Chili l’automne prochain.

Non seulement elle a participé à deux autres Jeux panaméricains en 2007 et 2011, où elle a respectivement remporté l’argent et l’or, mais elle a aussi excellé aux Jeux olympiques de 2008 et de 2012, sans nécessairement en tirer les bénéfices sur le coup. L’haltérophile originaire de Rouyn-Noranda a en effet reçu des médailles de bronze et d’or plusieurs années plus tard après la disqualification de rivales convaincues de dopage par des tests de dépistage rétroactifs.

En route vers ses exploits sportifs, elle s’est entraînée dans le sous-sol de chez ses parents, le garage de son oncle, la grange de son grand-père et un abri d’auto…

« J’ai vu le sport sous plusieurs angles différents au fil de ma carrière. C’était vraiment le bon moment pour moi de redonner et de partager cette expérience-là. J’ai eu la très grande chance d’avoir de très bons chefs de mission. J’espère pouvoir redonner maintenant. »

Christine Girard agit à titre d’ambassadrice de l’éducation pour l’International Testing Agency et membre de la commission antidopage de la Fédération internationale d’haltérophilie.