(Stockholm) Malheureuse face à Milan pour les Jeux olympiques d’hiver 2026, la Suède a annoncé mercredi envisager une candidature pour l’édition suivante de 2030, pour laquelle les prétendants ont fondu comme neige au soleil.

Aux États-Unis, Salt Lake City, seule encore officiellement dans la course, exprime désormais une préférence pour 2034. Longtemps favorite, la ville japonaise de Sapporo a elle mis en pause fin 2022 sa candidature, secouée par un scandale de corruption qui agite l’olympisme nippon.

« Il y a une ouverture », a constaté le président du comité olympique suédois, Anders Larsson, lors d’une conférence de presse, en annonçant une « étude préliminaire » d’ici l’été sur une possible candidature suédoise.

« Espérons-le, elle mènera à une candidature, et espérons-le, celle-ci mènera à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques en Suède », a-t-il ajouté.

Le Comité international olympique (CIO) a reporté en décembre dernier sa décision sur l’attribution de la ville hôte de 2030, initialement prévue cette année et désormais attendue en 2024.

L’organisation aux cinq anneaux envisage également une double attribution pour 2030 et 2034 afin d’instaurer « un climat de stabilité », alors que le changement climatique aggrave encore la pénurie de candidats pour sa grand-messe hivernale.

« C’est un problème lancinant : que vont devenir les JO d’hiver s’il n’y a plus de neige ? », relève Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l’olympisme à l’Université de Lausanne.  

D’autant que leur organisation exige également trois équipements aussi coûteux que difficiles à réemployer : « un anneau de patinage de vitesse couvert, un tremplin de saut à ski et une piste de bobsleigh ».

Multiples échecs

Pékin, ville-hôte lors de la dernière édition de 2022, n’avait ainsi eu qu’Almaty (Kazakhstan) comme seule rivale.

Salt Lake City, candidate connue depuis plusieurs années et déjà hôte en 2002, reste jusqu’ici en lice pour 2030, mais préfère l’édition 2034 pour éviter la proximité avec les JO-2028 de Los Angeles.

D’autres candidatures possibles avaient déjà été retirées ces derniers temps, comme celle de Vancouver au Canada ou un projet réunissant Barcelone et Saragosse en Espagne.

Après une série noire de déceptions olympiques, la Suède tient-elle enfin sa chance ? Le CIO lui-même voit d’un bon œil la candidature, selon M. Larsson, qui a évoqué « un échange informel avec un début de conversation ».

Le gouvernement suédois a toutefois affiché un soutien très prudent à l’initiative. « Nous sommes nombreux à aimer les JO, mais personne ne veut prendre de décision précipitée », a réagi le premier ministre conservateur Ulf Kristersson auprès de l’agence TT.

La responsable des finances de la commune de Stockholm, Karin Wanngård, a elle déjà fait savoir que les garanties financières de l’État seraient essentielles.

La capitale suédoise a déjà accueilli les Jeux olympiques d’été en 1912, mais la Suède n’a – assez paradoxalement – jamais organisé les Jeux d’hiver.

Hivers encore enneigés

Le pays nordique, grand amateur de sports d’hiver (ski de fond, hockey…) et dont la moitié nord est encore assurée d’hivers enneigés, avait déjà été candidate pour les Jeux d’hiver 1984, 1988, 1992, 1994, 1998 et 2002, sans succès.

Il y a quatre ans, Milan avait été préféré à la candidature associant Stockholm à la station de sports d’hiver d’Åre dans le nord-ouest du pays, hôte des Mondiaux de ski alpin de 2019.

La candidature suédoise avait souffert d’un soutien mitigé dans l’opinion et de problèmes avec la municipalité de Stockholm.

Pour 2030, le comité suédois n’a pas encore arrêté avec certitude les villes qui pourraient être retenues, même si le CIO lui a signalé avoir apprécié le « concept » du ticket de 2026.  

Les derniers JO en Scandinavie remontent à ceux de Lillehammer en 1994 en Norvège, considérés par nombre d’experts comme les plus réussis de l’histoire, par leur décor de rêve comme par les foules en liesse le long des pistes.  

La Suède peut aussi offrir l’assurance d’une démocratie établie, sur fond de polémiques récurrentes sur les grands évènements sportifs organisés par des régimes autoritaires ou héréditaires.

« La Suède défend la démocratie et a une grande valeur en matière de sport et de droits de l’homme », a déclaré à l’AFP Asa Llinares Norlin, membre du comité olympique du pays.