Paralympiques La Russie et la Biélorussie sous bannière neutre, le Canada proteste

Les athlètes provenant de la Russie et de la Biélorussie seront autorisés à prendre part aux Jeux paralympiques qui débuteront vendredi à Pékin, mais ils devront compétitionner sous bannière neutre en raison de leur rôle dans l’invasion de l’Ukraine, a déclaré le Comité international paralympique (CIP) mercredi.

Les athlètes russes devaient déjà y participer sous l’acronyme CPR, pour Comité paralympique russe, à cause du rôle de leur pays dans le scandale de dopage institutionnalisé qui a secoué les Jeux de Sotchi en 2014 et les tentatives suivantes pour étouffer l’affaire.

Le CIP a également décrété d’autres restrictions qui entreront en vigueur lors de la cérémonie d’ouverture des JP vendredi, mais a refusé de les expulser de l’événement. Le Bélarus a été sanctionné pour son rôle aux côtés de la Russie dans l’invasion et la guerre en Ukraine.

Le Canada condamne la décision

La ministre canadienne du Sport Pascale St-Onge a condamné l’annonce du Comité paralympique et l’a exhorté de renverser immédiatement sa décision.

La ministre St-Onge affirme que permettre aux Russes et aux Biélorusses de participer en tant qu’athlètes neutres place les paralympiens canadiens et ceux du monde entier dans une position injuste en les forçant à décider de concourir ou pas contre eux. Elle soutient que le Comité paralympique devrait se conformer à la même position que les autres instances dirigeantes de sports internationaux, comme le hockey, le soccer et le tennis, qui ont exclu les Russes de leurs compétitions en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Permettre à la Russie de participer aux Jeux paralympiques envoie le message au président Vladimir Poutine que tout est comme si de rien n’était.

Les Allemands furieux

Les principaux dirigeants du sport olympique et paralympique allemand se sont montrés choqués mercredi par cette décision :

« Le fait de ne pas exclure ces deux délégations est incompréhensible », s’est exclamé le président de la Fédération allemande des sports paralympiques Friedhelm-Julius Beucher, regrettant que l’on « n’ait pas eu la force de dépasser le règlement pour se placer du côté de l’humanité ».

Son homologue du Comité olympique allemand, Thomas Weikert, est sur la même ligne : « En accord avec notre fédération paralympique, nous estimons que la décision du comité international paralympique est mauvaise », a-t-il martelé.

Laisser les Russes et Biélorusses participer en les rebaptisant « athlètes neutres », « sape l’intention et l’objectif des sanctions », estime-il.

Le chef de mission de la Fédération paralympique, Karl Quade, a raconté depuis Pékin : « Le plus pénible pour moi, ça a été d’entendre l’explosion de joie dans le pavillon des Russes à côté du nôtre lorsque Parsons (Andrew Parsons, président du CIP) a annoncé la décision ».

« Il est incompréhensible que le CIP prenne une décision différente de celle de la majorité du monde du sport, a regretté M. Quade.

Russie et Biélorussie exclues des médailles

Les deux pays seront exclus du tableau des médailles, et le CIP a ajouté qu’il n’autorisera la tenue d’aucun événement sportif dans ces pays « tant que la situation actuelle perdure ».

« Nous avons imposé les sanctions les plus sévères prévues dans notre constitution et nos règlements actuels au CIP, a déclaré le président du CIP Andrew Parsons par voie de communiqué. Dans notre processus décisionnel, il était essentiel que nous respections notre nouveau cadre constitutionnel afin de préserver notre neutralité et notre cahier de charge du CIP, de même que les règlements et les lois qui régissent le mouvement paralympique. »

Dans une brève communication transmise mercredi, le CIP précise que les athlètes de ces deux pays impliqués depuis une semaine dans une guerre avec l’Ukraine prendront part aux épreuves sous le drapeau des Jeux paralympiques, et l’hymne paralympique.

La délégation du CPR devra couvrir le symbole « CPR » sur ses uniformes lors des compétitions et des cérémonies. La délégation du Bélarus devra couvrir le drapeau du pays sur ses uniformes.

D’autre part, le CIP étudiera cette année la possibilité de faire du respect de la trêve olympique une condition d'adhésion. Les comités paralympiques russe et biélorusse pourraient ainsi être confrontés à une suspension.

Le CIP a aussi indiqué qu’il retirera la « médaille d’honneur paralympique » remise au président russe Vladimir Poutine.

La même décision a été prise au sujet de Dmitry Chernyshenko, le président du comité organisateur de Sotchi (qui est maintenant le vice-premier ministre de la Russie), Dmitry Kozak, le vice-premier ministre de la Russie (qui est maintenant le directeur de cabinet adjoint du bureau exécutif présidentiel), Oleg Syromolotov, le chef du Centre de commandement de la sécurité interagences pour les Jeux de Sotchi (maintenant ministre des Affaires étrangères), Alexander Gorovoy, chef adjoint du Centre de commandement de la sécurité interagences (aujourd’hui premier vice-ministre de l'Intérieur).

Le président du CIO Thomas Bach n’assistera pas aux Jeux paralympiques et a désigné Parsons — un membre du CIO — pour représenter l’organisation. Le vice-président du CIO Ser Miang Ng devait y assister, mais a testé positif à la COVID-19. Le CIO a indiqué que Ng ne ressentait que des symptômes légers.

Les dirigeants du mouvement paralympique ont souligné que 648 athlètes et 49 délégations participeront aux Jeux paralympiques d’hiver. Il y avait 2900 athlètes provenant de 91 délégations lors des Jeux olympiques d’hiver le mois dernier.

Les dirigeants ont précisé que 71 athlètes russes doivent participer aux Jeux paralympiques, et 20 autres d’Ukraine. La délégation ukrainienne doit arriver en Chine à temps pour la cérémonie d’ouverture prévue vendredi. Les Jeux paralympiques se termineront le 13 mars.

Avec La Presse Canadienne