(Zhangjiakou) La Britanno-Colombienne Marielle Thompson a remporté une médaille d’argent en ski cross, mais c’est la première fois que le Canada échappe l’or depuis que l’épreuve est présentée aux Jeux olympiques. L’unifolié a tout de même démontré sa domination avec quatre femmes qui ont terminé parmi les sept premières.

Marielle Thompson a eu chaud. La Canadienne s’est retrouvée à l’arrière de ses adversaires pendant une bonne partie de la grande finale. Dans un virage, elle a toutefois réussi un dépassement serré et ô combien excitant de l’Allemande et la Suissesse.

« Je suis contente de la manière dont j’ai skié aujourd’hui. En finale, je me suis accrochée parce qu’en ski cross, la course n’est jamais terminée tant qu’on n’a pas croisé le fil d’arrivée », a expliqué l’athlète qui a remporté une deuxième médaille olympique après celle d’or à Sotchi.

« Sur les deux rouleaux [rollers], je suis restée sur la neige alors que beaucoup d’autres filles ont sauté dans les airs. Je savais qu’en restant au sol et en faisant un virage propre, je prendrais de la vitesse. Et ça a marché », a ajouté la skieuse qui a pu discuter avec sa famille après l’épreuve grâce aux caméras olympiques.

À la fin de la course, les officiels ont mis un temps fou avant de déterminer les positions des quatre meilleures skieuses de la journée. Seule la Suédoise Sandra Naeslund, qui a filé devant ses adversaires du début à la fin de la compétition, savait qu’elle obtiendrait l’or. Celle qui a remporté 9 Coupes du monde sur 10 cette saison s’est gardé une gêne avant de célébrer.

Les officiels ont révisé la course une dizaine de minutes. Marielle Thompson ignorait si son dépassement était en cause. C’est plutôt la Suissesse, Fanny Smith, qui a accroché le ski de l’Allemande, Daniela Maier, à la fin du parcours. Smith a été reléguée au quatrième rang de sa vague par les arbitres tandis que Maier – incrédule – s’est retrouvée avec le bronze.

« Je ne savais vraiment pas ce qui se passait à la fin de la course », a expliqué Marielle Thompson. « J’espérais juste que les arbitres ne soient pas en train de réviser ma manœuvre parce qu’à mon avis, elle était propre », a expliqué la skieuse canadienne qui a légèrement accroché la Suissesse lors de son dépassement.

PHOTO DYLAN MARTINEZ, REUTERS

Sandra Naeslund (Suède) a mené la course, devant Marielle Thompson, Fanny Smith (Suisse) et Daniela Maier (Allemagne).

Domination canadienne

Britanny Phelan, Courtney Hoffos et Hannah Schmidt, les trois autres Canadiennes dans la compétition, se sont qualifiées pour la petite finale. Elles ont terminé 5e, 6e et 7e.

Britanny Phelan, de Sainte-Agathe-des-Monts, dans les Laurentides, s’est dite déçue de ne pas avoir obtenu une place en grande finale. « Cette course va faire mal pendant un bon moment. En même temps, j’ai tout donné, alors je peux être heureuse de ça », a répété plusieurs fois celle qui a remporté l’argent à PyeongChang.

Celle que l’on surnomme Britt a raté une partie des courses en Coupe du monde en 2020 et en 2021 après s’être déchiré un ligament croisé. En décembre dernier, elle a aussi contracté la COVID-19.

« Aujourd’hui, je me suis retrouvée en compétition avec les meilleures au monde et c’est super ! De savoir que j’avais une chance de monter sur le podium, ça aussi, c’est génial. Il y a quelques mois, je n’aurais jamais pu imaginer ce scénario. Je suis simplement ravie d’être de retour dans un sport que j’aime », a dit la Québécoise.

Hannah Schmidt, qui s’est entraînée au mont Tremblant toute sa jeunesse, était pour sa part moins déçue que son amie Brittany. « J’ai skié du mieux que j’ai pu aujourd’hui. Je n’ai pas gagné de médaille, je ne me suis pas rendue en grande finale, mais pour ma première expérience olympique, je ne peux pas demander mieux », a dit la native d’Ottawa.

Le tableau a donné peu de chances aux Canadiennes. Thompson, Schmidt et Hoffos se sont retrouvées ensemble en demi-finale contre Sandra Naeslund, la meilleure au monde à l’heure actuelle.

« C’est sûr que c’est mieux quand on peut être étalées sur le tableau des départs. Mais bon, si ce n’est pas moi qui passe à l’étape suivante, au moins, ce sera une de mes coéquipières », a expliqué Courtney Hoffos, 24 ans, qui participe aussi à ses premiers Jeux.

La cadette de l’équipe canadienne a d’ailleurs vanté la domination de ses coéquipières. « Les résultats d’aujourd’hui démontrent la profondeur de notre équipe. On se pousse tous à l’entraînement et ça paraît sur la scène internationale », a ajouté Courtney Hoffos.

Depuis que l’épreuve de ski cross est présentée aux Jeux olympiques, les Canadiennes ont toujours brillé sur la plus haute marche du podium. Ashleigh McIvor, Marielle Thompson et Kelsey Serwa ont remporté l’or à Vancouver, Sotchi et PyeongChang, respectivement. Les trois athlètes viennent de la Colombie-Britannique.

« On a été volés ! »

La Suissesse Fanny Smith ne s’est pas présentée devant les médias après la décision des arbitres de la reléguer du troisième au quatrième rang de la finale. C’est Ralph Pfäffli, l’entraîneur national helvète, qui a répondu aux questions des journalistes.

« Bien sûr qu’on s’est fait voler », a-t-il dit. « [Les arbitres] pensent qu’elle a fait exprès de poser le ski gauche sur le côté, mais ce n’était pas intentionnel. Aucun skieur ne fait ce genre de mouvement dans une ligne droite parce que ça va lui faire perdre de la vitesse », a-t-il ajouté.

Dans une entrevue en français, l’entraîneur a dit que la Suisse ne déposerait pas de protêt contre la décision des arbitres. En anglais, il a plutôt dit qu’il étudiait différentes possibilités.

La Suissesse Fanny Smith a visiblement été choquée par la décision des arbitres. L’Allemande Daniela Maier n’avait pas l’air heureuse non plus de remporter une médaille de bronze dans ces circonstances.

« Je suis vraiment désolée pour Fanny, a-t-elle dit plus tard dans une conférence de presse. Le jury a pris une décision, donc je dois l’accepter et être heureuse de cette médaille. »