(Zhangjiakou) Quatre bouilloires ont déjà flanché au salon des athlètes canadiens. Un détail anodin ? Pas du tout ! « Des bouilloires aux Jeux d’hiver, c’est vital ! Si on n’a pas d’eau chaude, c’est une catastrophe », raconte Catherine Naulleau, l’une des deux nutritionnistes d’Équipe Canada.

L’eau chaude sert à préparer des collations comme du gruau, de la soupe, du thé, de la tisane, du café soluble et du Kraft Dinner. Dix bouilloires au total ont été commandées pour éviter… le drame.

« Les bouilloires sont fabriquées en Chine et elles sont cheap, explique Catherine Naulleau. On a déjà utilisé la moitié de la commande, mais on devrait être corrects jusqu’à la fin des Jeux. »

Catherine Naulleau ne fait pas que régler des problèmes d’eau chaude aux Jeux olympiques. La nutritionniste est arrivée dans les montagnes de Zhangjiakou une semaine avant le début des Jeux. Une autre nutritionniste se trouve au village des athlètes, à Pékin. Les deux s’assurent que la nourriture servie à la cafétéria convient aux différents régimes des sportifs canadiens.

« Ce sont souvent les mêmes problèmes qui reviennent dans les cafétérias des Jeux olympiques, explique Catherine Naulleau, qui a travaillé aux Jeux de Sotchi, de Rio et de PyeongChang. Dans les cafétérias, les affiches qui indiquent le plat, les allergènes et les ingrédients, elles sont souvent inexistantes. Il faut travailler avec les chefs et le service de traiteur pour les développer. »

PHOTO FOURNIE PAR CATHERINE NAULLEAU

À ses premiers jeux, à Sotchi, Catherine Naulleau a acheté un gros panier de fruits pour le salon des athlètes.

La nutritionniste n’élabore pas de menu pour les athlètes pendant les Jeux. Ceux-ci ont déjà leur propre plan de nutrition préparé par des professionnels. Catherine Naulleau aime plutôt se décrire comme une « exploratrice » lorsqu’elle arrive aux Jeux avant les athlètes.

« L’objectif, c’est d’éliminer une source de stress. On espère ainsi qu’ils puissent mieux se concentrer sur leur épreuve », dit celle qui travaille à l’Institut national du sport.

La nutritionniste québécoise a par exemple demandé au chef de la cafétéria de Zhangjiakou qu’il ajoute du tofu à son menu. Elle lui a demandé de préparer des œufs brouillés le matin, pas seulement des omelettes. Elle lui a suggéré de réunir les pâtes et les sauces à un seul endroit dans la cafétéria. Le responsable des menus s’est montré très ouvert et a apporté tous les changements proposés par l’équipe canadienne, affirme Catherine Naulleau.

« Les Chinois sont très préoccupés par la présentation des mets. Le matin, ils déposaient des œufs sur des tranches de pain. Je leur ai demandé d’arrêter de faire ça pour éviter que les athlètes cœliaques ne se retrouvent à l’hôpital. » La suggestion a été accueillie favorablement.

Du PFK à la cafétéria

La cafétéria des athlètes et des équipes olympiques est ouverte 24 heures sur 24 et « on y sert de tout, tout, tout », dit Catherine Naulleau.

Il y a une station avec des légumes frais, des fruits frais et du pain. Il y a ensuite une station de mets asiatiques. « Les athlètes japonais, chinois et coréens se retrouvent beaucoup à cet endroit. Ce sont des mets qui sont un peu plus frits, gras, mais il y a beaucoup de légumes. »

Catherine Naulleau n’a pas osé goûter à la soupe aux œufs et aux concombres qui y était servie au dîner, juste avant l’entrevue avec La Presse. « Hier soir, il y avait du poulet sweet and sour et ç’a été super populaire. Il paraît que c’était vraiment bon », raconte-t-elle.

Il y a aussi une station « monde » où l’on sert des viandes grillées, une variété de légumes et des glucides comme du riz, des pommes de terre et des pâtes ainsi qu’une station halal.

À la fin de la ligne de service, les réfrigérateurs et congélateurs contiennent toutes sortes de choses à boire, des yogourts, des petits gâteaux, de la crème glacée…

« Et il y a aussi d’excellentes machines à café », se réjouit Catherine Naulleau.

Avant toute cette bonne nourriture, il y a un comptoir de Pizza Hut et un autre de Poulet Frit Kentucky.

La nourriture aux Jeux, c’est 24 heures sur 24. Avec le stress, certains athlètes vont avoir envie de manger en dehors des heures normales et de goûter à tout. On est là pour leur rappeler de suivre leur plan de match.

Catherine Naulleau, nutritionniste d’Équipe Canada

« Oui, les comptoirs de Pizza Hut et de PFK sont attrayants, mais c’est peut-être mieux de garder ce repas pour la fin des compétitions », ajoute la nutritionniste qui croit que le fast-food aurait dû être placé au fond de la cafétéria et non pas à l’entrée.

Un conseil en bronze

Catherine Naulleau traîne presque toujours dans la cafétéria au cas où un athlète canadien aurait besoin de ses conseils. Certains l’ont consultée pour des maux de ventre. D’autres lui ont demandé de garder un repas pour la fin de leur compétition, tard en soirée.

« Quelques heures avant l’épreuve de sauts à ski en équipe, un athlète est venu me demander conseil parce qu’il était à la limite de son poids, raconte la nutritionniste. En fait, il devait s’assurer de ne pas être sous un certain poids par rapport à la longueur de ses skis. Je l’ai aidé du mieux que j’ai pu en lui suggérant un repas très riche en glucides et des électrolytes. »

L’athlète en question a remporté, quelques heures plus tard, une médaille de bronze avec son équipe.