(Pékin) La patineuse russe Kamila Valieva s’est entraînée dimanche alors que le Tribunal arbitral du sport (TAS) doit procéder dans la soirée aux auditions qui lui permettront de décider si la prodige, contrôlée positive à une substance interdite, peut participer à l’épreuve féminine des Jeux olympiques mardi.

Le rituel est désormais bien rôdé : après chacun de ses entraînements où le moindre de ses gestes est épié et interprété, Valieva, 15 ans, seulement, traverse la zone mixte où l’attendent les journalistes sans mot dire.

Mais alors qu’elle s’était cachée le visage derrière son pull vendredi, la championne d’Europe 2022 a cette fois salué la presse d’un retentissant « bonjour » collectif avec des membres de l’encadrement russe.

Sur la glace de la patinoire olympique, Valieva, vêtue d’un haut vert foncé et d’un bas noir, était apparue calme et concentrée, pour patiner son programme court dans son intégralité, à l’exception d’un saut.

À la mi-journée encore, elle a rechaussé ses patins, sur la patinoire d’entraînement cette fois.  

Le calme avant la tempête ? Ce dimanche est une journée cruciale dans la jeune carrière de l’ado russe, grande favorite de l’épreuve individuelle femmes à Pékin.

Visio-conférence

La chambre ad hoc du TAS doit auditionner à partir de 20 h 30 locales en visio-conférence les différentes parties de l’affaire Valieva, en premier lieu l’agence russe antidopage (Rusada) qui a décidé de lever sa suspension provisoire à la suite de l’appel interjeté par la patineuse plus tôt dans la semaine.

Le jury délibérera ensuite, mais ne fera connaître sa décision aux parties concernées que lundi après-midi, avait annoncé dimanche le TAS sans donner plus de précisions.

Il restera alors à Valieva un peu plus de 24 heures pour préparer le programme court, prévu mardi dans la soirée à Pékin, si le TAS rejette l’appel des instances sportives, Comité international olympique (CIO) en tête, et l’autorise ainsi à poursuivre ses JO.  

Dans le cas contraire, si le TAS devait donner raison au CIO, Valieva n’aura plus le droit de patiner sur la glace olympique.

« Nous voulons que cette affaire soit réglée le plus rapidement possible […] mais comme dans tout système de justice, il y une procédure à respecter », a simplement rappelé le porte-parole du CIO Mark Adams lors du point-presse quotidien de l’instance olympique à Pékin.

« Dimension humaine »

« Il faut se souvenir qu’il y a une dimension humaine dans [cette affaire] avec une personne âgée de 15 ans », a de son côté souligné Christophe Dubi, le directeur exécutif des JO.

Quelle que soit la décision du TAS, Valieva restera sous le feu des projecteurs, tandis que le mouvement olympique pourrait connaître une nouvelle crise grave.

L’affaire Valieva a débuté en début de semaine lorsque le CIO a annoncé que la cérémonie de remise de médailles pour l’épreuve par équipes, remportée lundi par la Russie sous pavillon neutre avec Valieva comme atout-maître, était reportée pour des raisons « juridiques ».

La presse russe a rapidement évoqué un contrôle antidopage positif de Valieva, mais il a fallu attendre un communiqué vendredi de l’ITA, instance responsable du programme antidopage des Jeux, pour en avoir la confirmation.

Valieva a été contrôlée le 25 décembre lors des Championnats de Russie à Saint-Pétersbourg, par l’agence antidopage russe (Rusada), qui n’a reçu le résultat positif à la trimétazidine, utilisée pour soigner les angines de poitrine, que mardi.

Rusada a aussitôt suspendu provisoirement la patineuse qui a fait appel dès le lendemain et obtenu le jour même la levée de sa suspension, pour des raisons encore mystérieuses, ce qui lui permet de continuer à participer aux Jeux, pour l'instant.