Ski alpin L’avènement de Petra Vlhova, les malheurs de Mikaela Shiffrin

(Yanqing) Elles dominent si nettement le slalom mondial qu’on guettait leur duel pour l’or : pourtant Petra Vlhova est revenue de loin mercredi pour devenir championne olympique à Yanqing, pendant que l’Américaine Mikaela Shiffrin vivait un nouveau cauchemar.

Deux larmes roulant sur les joues, aussi fière que soulagée après cette course à suspense, la détentrice du gros globe a écouté l’hymne slovaque retentir en ski alpin pour la première fois aux JO d’hiver, elle qui n’avait jamais fait mieux qu’une 5^e place en combiné en deux éditions olympiques.

« On a écrit l’histoire. Pour la Slovaquie et moi, cela signifie beaucoup », a déclaré cette championne atypique, qui a appris à skier seule et était comme toujours accompagnée de son frère Boris, son conseiller financier, chauffeur et cuisinier.  

Trop timorée en première manche, dont elle a signé le 8^e chrono, il lui a fallu batailler avec une multitude d’outsiders pour s’imposer sur le fil, avec 8/100^e d’avance sur la championne du monde autrichienne Katharina Liensberger et 12/100^e sur la Suissesse Wendy Holdener.

« Après la première manche j’étais un peu abattue, triste et en colère, je ne croyais plus en moi », a raconté la skieuse des Tatras, déjà dépitée lundi par sa 14^e place en géant.

Ondes positives

Mais à l’heure de se remobiliser pour le deuxième tour, et alors que la plus grande surprise était venue de l’élimination de Mikaela Shiffrin dès le haut du tracé, son « équipe (lui) a donné beaucoup de force », a poursuivi Vlhova.

« Ils ont cru en moi et m’ont répété : “tu es forte, skie de façon libérée, fais toi plaisir” », a savouré la skieuse de 26 ans, qui a « tout donné » sur cette neige froide et lente où se sont engluées nombre de concurrentes.

Des mots forts pour Vlhova qui a retrouvé « la joie de skier » après s’être séparée, malgré les excellents résultats, de son entraîneur italien Livio Magoni au printemps pour son style trop rugueux.

« On a juste demandé à Petra entre les deux manches d’être courageuse, d’y mettre tout son cœur avec rien à perdre », a apprécié le Suisse Mauro Pini, son nouveau coach, qui apporte des ondes positives à la championne.

Vlhova a dominé un deuxième tracé dessiné par Pini pour entériner d’un sacre olympique sa domination entre les piquets serrés, avec 17 victoires en Coupe du monde dans la spécialité dont cinq cette saison.

Deuxième échec pour Shiffrin

Meilleur temps de la première manche, l’Allemande Lena Dürr a subi le deuxième tracé et échoué à la 4^e place, à seulement 19/100 de Vlhova, à 7/100 du podium, terminant en larmes dans les bras de Mikaela Shiffrin, venue la consoler.

Shiffrin était sortie de piste quelques heures plus tôt, dès la première manche, comme lundi sur le géant. Un double raté inédit pour la championne aux 73 victoires en Coupe du monde et aux deux titres olympiques (slalom en 2014, géant en 2018).

« Je suis très déçue et j’ai des raisons de l’être, mais j’ai vécu des choses plus dures », a tenté de relativiser l’Américaine, bataillant contre les sanglots, après avoir subi depuis deux ans le décès accidentel de son père puis des douleurs récurrentes au dos.

Pour sauver ses Jeux, il reste à l’Américaine le super-G vendredi, puis la descente et le combiné, une course également cochée par Vlhova.

Derrière la Slovaque, les places sur le podium sont revenues à des habituées : la championne du monde autrichienne Katharina Liensberger glane à 24 ans une deuxième médaille d’argent olympique après celle du parallèle par équipes mixte en 2018.  

« C’est incroyable pour moi. Je n’étais pas à 100 %, la saison a été très dure pour moi », s’est réjouie Liensberger, radieuse, après un début d’hiver empoisonné par un virus puis par la COVID-19 en décembre.  

C’est la 4^e médaille pour la Suissesse Wendy Holdener après sa razzia de 2018 (or par équipes, argent du slalom, bronze du combiné).

Seule Française en lice, Nastasia Noens a pris la 19^e place à 2 sec 88 pour ses quatrièmes et derniers Jeux olympiques.