(Zhangjiakou) Valérie Grenier se méfiait de la neige piégeuse de Yanqing, mais c’est finalement une porte à quelques mètres de l’arrivée qui est venue mettre un terme à ses ambitions olympiques, lundi matin (heure locale).

Dossard 19, la Franco-Ontarienne se dirigeait assurément vers un top 10 en première manche du slalom géant quand elle a pris une trajectoire un peu trop audacieuse à trois portes de la ligne. Son bras gauche a accroché le piquet, ce qui lui a fait perdre son bâton et pivoter sur elle-même. Sortie de parcours, elle n’a pu compléter l’épreuve alors qu’elle accusait un retard d’une seconde et demi sur la meneuse.

« C’est sûr que c’est vraiment décevant, j’avais plus d’attentes que ça », a confié Grenier au téléphone.

Dossard 19, la représentante du club de Mont-Tremblant regrettait surtout son attitude au départ après avoir vu peiner les concurrentes précédentes, comme la tenante du titre Mikaela Shiffrin, écartée dès la cinquième porte.

« Ça avait l’air vraiment difficile vu que la neige est si différente. Même les meilleures avaient de la misère à skier comme d’habitude. On dirait que ça m’a enlevé un peu de confiance, comme si je n’allais pas être capable de bien skier moi aussi. »

Grenier a rapidement perdu une demi-seconde, écart qui a grossi à 1,36 sec. « Dès le début, j’étais sur la défensive. On dirait que je faisais juste lancer mes skis sur le côté. Je suis vraiment déçue de moi. J’aurais pu essayer d’y aller [à fond] dès le début. »

L’athlète de 25 ans s’est mise à attaquer davantage dans l’espoir de rattraper le temps perdu. La tactique a fonctionné jusqu’à la porte qui l’a surprise.

« Je ne sais même pas ce qui s’est passé. Mon bras a pris dans une gate, je pense. J’étais sortie de parcours avant que je sache ce qui était arrivé. »

Plus tôt, Shiffrin avait été piégée par la neige artificielle du centre national de Yanqing. La course de la triple médaillée olympique s’est terminée après 11 secondes au 5e virage. Elle est tombée sur la hanche gauche après une faute de carre.

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Mikaela Shiffrin

« Je poussais vraiment bien et j’attaquais, mais j’ai fait une simple erreur de synchronisme quand je me suis mise à carre et j’ai glissé hors du parcours, a expliqué Shiffrin aux médias sur place. Les conditions de neige sont fantastiques, mais il n’y a pas de place pour la moindre petite erreur. Je suis contente d’avoir poussé, mais oui, [sortir] après cinq portes, ça fait mal. »

La tenante du plus grand nombre de victoires en Coupe du monde (73) avait terminé ses 30 derniers slaloms géants, une séquence remontant à janvier 2018.

« Ça n’arrive pas trop souvent que je tombe. J’ai vraiment travaillé sur le bon synchronisme dans mes virages et je n’ai jamais pensé que ça ferait partie du problème. »

Shiffrin, qui vise une participation aux cinq épreuves individuelles aux Jeux de Pékin, pourra se reprendre dès mercredi au slalom. L’athlète de 26 ans a gagné l’or à cette épreuve à Sotchi en 2014.

Grenier n’aura pas cette chance : le géant était sa seule compétition en Chine. Elle rentre au pays dès mardi.

Aux Jeux de PyeongChang, elle n’avait pas terminé la deuxième manche du géant, mais elle avait ensuite pris part au super-G (23e), à la descente (21e) et au combiné alpin. Sa sixième place à cette course avait été le meilleur résultat canadien en Corée du Sud.

Par la suite, la représentante du club de Mont-Tremblant a poursuivi son ascension dans les épreuves de vitesse avant qu’un grave accident freine son élan. Aux Championnats du monde de 2019, elle s’est brisé une jambe à quatre endroits lors d’une chute à l’entraînement en super-G.

Après avoir raté une saison complète, elle n’a pas été en mesure de retrouver sa confiance dans les disciplines de vitesse. Un « blocage mental » l’a convaincue de se concentrer sur le slalom géant.

Après un début de saison canon (7e à Sölden), Grenier a été ralentie par une autre blessure, une fracture aux deux plateaux tibiaux, à la suite d’une chute à l’entraînement en décembre en Italie.

Contre toute attente, elle est revenue moins d’un mois plus tard pour décrocher son meilleur résultat dans la discipline, une quatrième place à Kranjska Gora. Dans les circonstances, elle se permettait de rêver à un podium à ses deuxièmes Jeux.

« Ce n’est vraiment pas la fin du monde, a insisté Grenier. Les gens autour de moi pensent que ce sont les JO ou rien, mais ce n’est pas le cas. Ç’aurait été incroyable de monter sur le podium, mais ce n’est pas si grave. Les gens doivent comprendre que ce ne sont pas que les Jeux qui comptent. Il y a aussi la Coupe du monde qui est importante. »

Le parcours de Yanqing a eu le meilleur de 20 des 82 partantes, dont des prétendantes comme l’Italienne Marta Bassino, la Norvégienne Mina Fuerst Holtmann et l’Autrichienne Stephanie Brunner. À son premier départ olympique, la Canadienne Cassidy Gray, 21 ans, n’a pas terminé non plus.

La Suédoise Sara Hector, qui compte trois victoires cet hiver, s’est installée en tête après la manche initiale. Elle détient une avance de 0,30 s sur l’Autrichienne Katharina Truppe et de 0,42 s sur l’Italienne Federica Brignone. La Slovaque Petra Vlhová, championne mondiale en 2019, pointe 13e à 1,78 s. La deuxième manche est prévue à 14 h 30, heure locale.

Grenier s’est consolée en assistant à la descente masculine. Au moment de l’entrevue, son coéquipier Jack Crawford occupait le troisième rang, mais il s’est fait déloger du podium par l’incroyable Johan Clarey. Le Français de 41 ans s’est glissé deuxième, à 0,10 sec du Suisse Beat Feuz.