Laurent Dubreuil se présentera sur la ligne de départ du 500 mètres olympique, le 12 février, après avoir remporté huit médailles en autant de courses sur cette distance cette saison au circuit de la Coupe du monde. Le patineur longue piste québécois a même réussi le troisième meilleur chrono de l’histoire, à Calgary, cet automne.

Tout autre résultat qu’une médaille olympique serait dévastateur pour la plupart des athlètes, mais pas pour Dubreuil.

« Je suis heureux dans ma vie, avec ma famille et ma fille, a dit Dubreuil lors d’un entretien virtuel récent avec La Presse Canadienne. Tout va très bien. Je suis heureux et je n’en ai pas de médaille olympique en ce moment. Je suis totalement prêt à vivre le restant de ma vie sans en avoir gagné une. Ce n’est pas un “must”. Ça ne me définit pas en tant que personne.

« Oui, ce serait un succès professionnel de réussir un résultat là-bas (aux Jeux de Pékin). Mais au final, ça n’influencera pas mon bonheur à long terme. »

Dubreuil, qui est âgé de 29 ans, l’admet sans détour, la naissance de sa fille Rose, en 2019, l’a changé, offrant une perspective différente à sa vie et à son quotidien. Il insiste pour dire qu’il est toujours aussi passionné par le patinage de vitesse longue piste, qu’il qualifie de « sport magnifique », mais il parvient aujourd’hui à séparer l’aspect sportif du reste de sa vie.

Malgré ses ambitions et son désir d’avoir du succès sur les ovales de glace, la priorité de Dubreuil demeure le bonheur de sa fille. Et après tout, il a constaté que ses résultats ne changeaient pas grand-chose à sa vie. Dubreuil a affirmé qu’à part « peut-être pour dénicher des commanditaires », sa victoire au Championnat du monde le printemps dernier n’avait pas eu d’impact sur son quotidien.

« Que ce soit une bonne ou une mauvaise course, je suis heureux dans la vie, a-t-il dit. C’est pour ça que je pense que je vais arriver sur la ligne de départ et que je ne serai pas particulièrement stressé par rapport à mes rivaux.

« Pour la plupart des athlètes, le sport est la seule chose dans leur vie. On dit toujours qu’il faut un équilibre, quelque chose d’autre pour balancer, pour pas que tout soit sur le patin. Pour moi, c’était impossible avant d’avoir une famille. »

Affaire de famille

Natif de Lévis, Dubreuil a grandi dans une famille de patineurs. Ses parents, Robert Dubreuil et Ariane Loignon, ont fait carrière dans ce sport et Robert Dubreuil est toujours impliqué en tant que directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec.

Laurent Dubreuil admet être très passionné par son sport et s’être mis beaucoup de pression sur les épaules au cours de sa carrière. Mais cette pression n’est jamais venue de ses parents, car ils ont vécu leur rêve. De la même manière, Dubreuil dit qu’il ne mettra jamais de pression sur sa fille si elle décide un jour d’enfiler comme lui les patins.

« Je vais avoir vécu mes rêves et je vais seulement vouloir qu’elle soit heureuse, a-t-il raconté. Le sport, je trouve que ça offre de belles leçons — pas de gagner à tout prix, mais de ce qu’il faut inculquer. C’est la persévérance et l’éthique de travail, d’être bon perdant et bon gagnant.

« Moi, j’étais mauvais perdant quand j’étais jeune et ça m’a appris à ne plus l’être parce que mes parents ne toléraient pas ça. »

Cet apprentissage et la naissance de sa fille permettent donc à Dubreuil d’aborder les Jeux de Pékin avec sérénité.

« Que je gagne ou non une médaille aux Jeux olympiques, que je tombe, que j’attrape la COVID et que je ne puisse pas y participer, mon mois de mai va être pareil dans tous les cas, a insisté Dubreuil. Je vais recommencer l’entraînement. Je vais faire ce que j’aime. Je vais être bien.

« Oui, je veux gagner, mais sans la pression qui vient avec le fait de penser que c’est une question de vie ou de mort. Je suis plus heureux dans la vie, je suis plus détendu et meilleur en compétition depuis que Rose est née. Peut-être que ça m’a aidé à relaxer. Je suis meilleur depuis que c’est moins crucial dans ma vie, ce qui est quand même drôle. »

Dubreuil avait terminé 18 au 500 mètres aux Jeux de PyeongChang en 2018, et 25 au 1000 mètres. Pas de doute qu’il devrait améliorer ces résultats. Mais s’il ne le fait pas, ça ne changera rien à son bonheur.

Les épreuves de patinage de vitesse longue piste commenceront le 5 février aux Jeux de Pékin, avec la présentation du 3000 mètres dames. Le 500 mètres messieurs est à l’horaire le 12 février.