(Sapporo) Eliud Kipchoge ne fait pas de cas de la chaleur et de l’humidité écrasantes qui sont prévues pour la tenue du marathon olympique.

« Nous serons tous, a récemment dit le Kényan qui est le champion olympique en titre, dans la même poêle à frire. »

Les marathons olympiques, tout comme les épreuves de marche, ont été déplacés vers le nord, à Sapporo, pour essayer d’échapper à la chaleur de Tokyo. Même si c’est à 90 minutes de vol ou à deux longs trajets en train de la métropole, la canicule signifie que ce n’est pas plus frais dans la capitale de l’île d’Hokkaido.

Pas de problème. On y va et on court, on compétitionne, et le meilleur va gagner.

Eliud Kipchoge, champion olympique en titre

Lorsque le marathon féminin se terminera samedi, il devrait faire environ 32 degrés Celsius avec un taux d’humidité de 71 %.

Ce ne sont pas là des conditions faciles pour courir.

Lors du marathon masculin, dimanche, la journée devrait être couverte et peut-être même pluvieuse, et le mercure devrait osciller autour de 26 ℃. Le taux d’humidité sera toutefois de 86 %, ce qui donnera l’impression qu’il fait beaucoup plus chaud.

Certains des athlètes qui courront en fin de semaine ont participé aux Championnats du monde à Doha, en 2019. Même si l’épreuve a eu lieu à minuit, il faisait 31 ℃, mais la température ressentie était de 40 ℃ avec l’humidité. Une trentaine de coureurs n’ont pas été en mesure de compléter la course.

Lors de l’épreuve de marche olympique vendredi, un écran affichait la température en temps réel.

Petit conseil amical de la part du Canadien Evan Dunfee, qui a remporté la médaille de bronze lors de l’épreuve du 50 kilomètres de marche olympique : ne le regardez pas. Le thermomètre qui grimpe donne simplement l’impression qu’il fait encore plus chaud.

« C’était vraiment brutal », a-t-il dit après sa troisième place.

Les marathoniens s’élanceront à 7 h, heure locale, et ils auront donc droit à amplement de soleil le long du trajet qui débute au parc Odori. Le parcours suit une longue boucle et deux boucles plus courtes, avant de revenir au parc.

Comme cela est le cas à Tokyo, on demandera aux amateurs d’admirer les athlètes à la télévision, pour limiter les risques de propagation du coronavirus.

Depuis les Jeux de Rio en 2016, la technologie incorporée dans les souliers des coureurs retient de plus en plus l’attention.

Nike a changé la donne avec son soulier Alphafly Next %, dont les plaques de fibre de carbone semblent permettre des temps plus rapides. Kipchoge utilisait un prototype de l’Alphafly quand il a couru un marathon en moins de deux heures pour la première fois de l’histoire, lors d’une compétition non officielle en octobre 2019.

World Athletics, l’organisme qui gouverne le sport, a publié des règles complexes pour définir ce qui constitue un soulier « légal » pour les épreuves de course à longue distance.

D’autres compagnies comblent leur retard.

« Les souliers sont vraiment bons, a dit Kipchoge au sujet de son modèle Nike. Mais en bout de compte, si vous n’êtes pas assez en forme, alors vous ne pouvez pas bien faire. C’est une question de forme physique. C’est une question d’entraînement. »

C’est aussi une question d’hydratation. Plusieurs stations d’eau et amplement de glace concassée seront disponibles le long du parcours.

World Athletics a proposé aux athlètes une « calculatrice » pour évaluer leur niveau de préparation à courir dans la chaleur. On y retrouve neuf catégories, et chacune vaut un certain nombre de points.

Par exemple, deux semaines passées à s’acclimater à la chaleur valent quatre points, et la mise en place d’un plan de « prérafraîchissement » (comme l’utilisation de vestes de glace) en vaut un. À l’autre bout, des vêtements qui interfèrent avec l’évaporation de la chaleur font perdre un point. Le but est d’avoir cinq points en banque à la fin de l’évaluation.

Lors des Mondiaux de Doha, environ 200 coureurs ont accepté de gober des capsules rouges et blanches qui contenaient des émetteurs de données, dans le cadre d’un projet de recherche piloté par World Athletics pour mesurer l’impact de la chaleur et de la température corporelle.

On n’aurait pas pu choisir un meilleur endroit que le Qatar, où il a fait 38 degrés Celsius tous les jours.

« Ça a été très utile pour démontrer qu’on peut organiser des évènements même dans des conditions difficiles, si un plan de mitigation adéquat a été mis en place », a indiqué World Athletics par voie de communiqué.

Pour les épreuves olympiques, World Athletics dispose d’une technologie pour mesurer en temps réel les niveaux de pollution, la qualité de l’air, la température, l’humidité relative, le vent et l’exposition des coureurs au stress causé par la chaleur.

« L’information est cruciale, a dit World Athletics, pour déterminer le risque auquel sont exposés les athlètes, les officiels et les bénévoles pendant l’évènement. »