Le cycliste Hugo Houle se surpasse pour prendre le 13rang du contre-la-montre des Jeux olympiques de Tokyo. Sa compatriote Karol-Ann Canuel termine 14e pour son chant du cygne olympique.

(Tokyo) En consultant la liste des partants du contre-la-montre, Hugo Houle s’est dit qu’une place parmi les 20 premiers, ce serait « génial ». Un top 15 ? « Exceptionnel. »

Le cycliste de Sainte-Perpétue s’est surpassé pour se hisser au 13rang du chrono des Jeux olympiques de Tokyo, mercredi.

« Je suis très, très heureux, s’est enthousiasmé Houle au téléphone. Je ne pense pas que j’aurais pu faire mieux aujourd’hui. J’ai extrêmement bien géré mon effort. Être 13e, c’est encore mieux que ce que j’aurais pu imaginer. »

Inscrit dans la première de trois vagues, le Québécois de 30 ans a même eu l’honneur de s’installer sur le siège du meneur pendant une longue heure. À sa propre surprise, il a fallu attendre Remco Evenepoel, dans la deuxième vague, pour qu’un concurrent le surclasse. Le jeune prodige belge, ultimement neuvième, ne l’a dépassé que de 35 secondes sur l’épreuve de 44,2 km, soit deux fois la même boucle.

Sous une chaleur infernale, Houle a franchi la distance en 57 min 56,46 s pour une moyenne de 45,7 km/h sur ce parcours passablement accidenté qui incluait une montée de cinq kilomètres.

« Si je regarde les noms autour de moi, il n’y a rien à rougir. Je suis à 30 s de Remco Evenepoel. Geraint Thomas est 10 s devant moi et il m’avait mis plus de 2 min à Rio. Pour moi, c’est une très, très belle performance. »

Autre référence, le natif de Sainte-Perpétue a également battu tous ses coéquipiers de sa formation professionnelle Astana-Premier Tech, dont des meneurs comme l’athlète du Comité olympique russe Aleksandr Vlasov (20e) et le Kazakh Alexey Lutsenko (32e), qu’il a aidé à terminer 7e au Tour de France, il y a moins de deux semaines. Sur la tribune, il a aussi pu tirer la pipe au Sud-Africain Stefan de Bod (14e), qu’il a devancé d’une demi-seconde.

Après avoir terminé 21e à Rio, 25e à ses premiers Mondiaux en 2015 et avoir été médaillé d’or aux Jeux panaméricains de Toronto la même année, Houle range sa prestation tokyoïte au sommet de sa liste dans l’effort solitaire.

« Aux Jeux olympiques, ce ne sont que des costauds. Je sais que je ne suis pas le meilleur au monde ; 13e aujourd’hui, c’est une belle performance. »

Roglic trop fort

Parlant de costauds, Primoz Roglic s’est moqué de tous ses rivaux après sa déconvenue au Tour de France. Le Slovène a remporté l’or en devançant son plus proche poursuivant, le revenant néerlandais Tom Dumoulin, par plus d’une minute. L’Australien Rohan Dennis a gagné le bronze en battant le Suisse Stefan Küng par quatre dixièmes de seconde.

Houle compte rentrer dès jeudi à Monaco avant de retourner au Canada pour renouer avec sa famille et ses proches, qu’il n’a pas vus depuis près de 20 mois. « Ça fait un peu partie des sacrifices quotidiens dont on parle pour être à ce niveau-là. »

Ses prochains objectifs : le Tour du Benelux (ancien BinckBank) et le championnat canadien sur route, présentés exceptionnellement en septembre à Saint-Georges-de-Beauce.

Canuel à 7 secondes du top 10

Du côté féminin, Karol-Ann Canuel a réalisé le 14temps sur le parcours de 22,1 km, terminant à 2 min 54 s de la médaillée d’or, la Néerlandaise Annemiek Van Vleuten, qui a pris sa revanche après le cafouillage à la course sur route (elle croyait avoir gagné, mais a dû se contenter de l’argent).

PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, REUTERS

Au contre-la-montre féminin, Karol-Ann Canuel a réalisé le 14temps sur le parcours de 22,1 km, terminant à 2 min 54 s de la médaillée d’or, la Néerlandaise Annemiek Van Vleuten.

Meneuse après son passage, Canuel s’est fait déloger par sa compatriote Leah Kirchmann (12e). La native d’Amos était mi-figue, mi-raisin. Sept secondes de mieux et elle se serait glissée dans le top 10.

« Le niveau était vraiment relevé, a-t-elle noté. Tout le monde était en forme. Je suis contente. Un top 15, c’est quand même quelque chose. Il y a une part de déception. Tu espères toujours faire mieux. À moins que tu gagnes, c’est comme ça, le vélo. »

Ce n’est qu’en répondant aux questions des journalistes que Canuel, 33 ans, a réalisé que cette course représentait son chant du cygne olympique. Elle prendra sa retraite professionnelle à la fin de la saison.

« C’est une décision difficile à prendre parce que dans le fond, j’aime ça, le vélo. En principe, je pourrais faire un autre cycle de trois ans, mais ce n’est pas ce que je veux. J’en suis à une étape de ma vie où je souhaite faire autre chose. »

Elle doit maintenant déterminer quoi. C’est le « devoir » qu’elle s’est donné dans les prochaines semaines quand elle rentrera chez elle, à Gatineau.