(Tokyo) Seiko Hashimoto a participé à sept éditions des Jeux olympiques, quatre d’hiver et trois d’été, un sommet parmi tous les athlètes dans cette catégorie.

Elle a écrit une nouvelle page d’histoire jeudi au Japon, où la représentativité féminine est encore timide au sein des conseils d’administration des grandes entreprises et au sein des postes clés du gouvernement.

Hashimoto, qui est âgée de 56 ans, a été nommée présidente du comité organisateur des Jeux de Tokyo à la suite d’une rencontre du comité exécutif, lequel est composé à 80 % d’hommes. Elle succède à Yoshiro Mori, un ex-premier ministre du Japon qui a dû démissionner la semaine dernière après avoir émis des commentaires sexistes à propos des femmes.

En somme, il a dit que les femmes parlent trop.

« Je suis ici pour recevoir et redonner ce que j’ai reçu comme athlète », a évoqué Hashimoto devant le comité, selon un interprète.

Hashimoto agissait à titre de ministre des Jeux olympiques au sein du cabinet du premier ministre Yoshihide Suga. Elle était aussi responsable des dossiers de l’égalité des sexes et de l’épanouissement des femmes. La politicienne a ajouté qu’elle sera remplacée à titre de ministre des Jeux olympiques par Tamayo Marukawa.

Elle a souvent dénoncé les problèmes de parité homme-femme, notamment au sein du comité organisateur, qui est monopolisé par les hommes-il n’y a aucune femme parmi les vice-présidents.

« Évidemment, c’est très important que le comité organisateur de Tokyo 2020 envoie un message fort au sujet de l’égalité des sexes », a-t-elle mentionné, alors qu’elle était assise entre deux hommes, le président et directeur des opérations Toshiro Muto et le porte-parole Masa Takaya.

« Je crois qu’il sera important pour Tokyo 2020 de miser sur l’égalité des sexes », a-t-elle réitéré.

Le président du Comité international olympique, Thomas Bach, a indiqué que Hashimoto est « la candidate idéale » pour le poste.

« Le comité organisateur de Tokyo 2020 envoie un message très fort au sujet de l’égalité des sexes, en nommant une femme à sa tête », a dit Bach par voie de communiqué.

Hashimoto a pris part aux Jeux olympiques d’été de 1988, 1992 et 1996 en cyclisme, et aux Jeux olympiques d’hiver de 1984, 1988, 1992 et 1994 en patinage de vitesse. Elle a obtenu le bronze - sa seule médaille - en patinage de vitesse aux JO d’Albertville en 1992.

La joueuse de tennis Naomi Osaka, qui a discuté de l’embauche de Hashimoto après sa victoire acquise contre Serena Williams aux Internationaux d’Australie, a confié « qu’une nouvelle génération de femmes ne se laisse pas marcher sur les pieds ».

« C’est très encourageant, car on bouscule les traditions et qu’on fracasse des barrières, surtout chez les femmes, a dit Osaka. Nous avons livré tant de combats simplement pour obtenir la parité homme-femme. Et encore aujourd’hui, bien des choses sont inégales. »

Hashimoto n’est cependant pas sans reproche. Un magazine japonais a publié en 2014 une série de photos la montrant en train d’embrasser le patineur Daisuke Takahashi lors d’une fête aux Jeux olympiques de Sotchi, suggérant qu’il s’agissait d’un cas de harcèlement sexuel, ou encore d’abus de pouvoir. Elle s’est ensuite excusée, et Takahashi a assuré qu’il n’avait pas eu l’impression d’être harcelé.

« Je regrette le geste irréfléchi que j’ai posé il y a sept ans, a-t-elle confié à ce sujet jeudi. Hier, comme aujourd’hui, je réfléchis encore à ce geste-et sur ses conséquences-et j’essaie de m’améliorer. »

Mori, un ex-premier ministre du Japon, avait offert la semaine dernière le poste de président du comité organisateur à Saburo Kawabuchi, un homme âgé de 84 ans qui a déjà dirigé la fédération japonaise de soccer. L’entente a cependant été ébruitée sur les réseaux sociaux, dans les émissions de télévision japonaises et dans les quotidiens, provoquant l’indignation générale.

Kawabuchi a rapidement retiré sa candidature pour l’obtention du poste.

Deux ex-athlètes olympiques ont aussi été pressentis pour le poste : Yasuhiro Yamashita, le président du Comité olympique japonais qui a décroché l’or en judo en 1984, et Mikako Kotani, qui a obtenu deux médailles de bronze en natation artistique aux Jeux olympiques de Séoul en 1988.

Kotani est la directrice sportive du comité organisateur des Jeux de Tokyo. Le conseil d’administration du comité organisateur est dominé par les hommes, qui composent 80 % de son exécutif.

Les Jeux olympiques doivent commencer le 23 juillet avec 11 000 athlètes sur place, et seront suivis des Jeux paralympiques à compter du 24 août. On prévoit développer une « bulle » autour des participants dans le Village des athlètes, aux installations olympiques et dans les centres d’entraînement.

En plus des athlètes, des dizaines de milliers d’arbitres, de journalistes, de commanditaires et de télédiffuseurs devront entrer au Japon. La plupart d’entre eux seront exclus de la « bulle » des athlètes.

Par ailleurs, le gouverneur d’une préfecture de l’ouest du Japon a menacé mercredi d’annuler le relais de la flamme prévu sur son territoire.

Le gouverneur de la préfecture de Shimane, Tatsuya Maruyama, a déclaré qu’il est insatisfait des mesures sanitaires pour lutter contre la COVID-19 entourant le relais de la flamme olympique. Sa préfecture a été essentiellement épargnée par la pandémie de coronavirus, mais il croit que cela pourrait changer.

« Tokyo est l’épicentre de la pandémie au Japon, a martelé Maruyama en point de presse mercredi. Ça affecte également Shimane. »

Il a ajouté que « ça pourrait affecter notre vie quotidienne ».

Le relais de la flamme doit traverser la petite préfecture japonaise en mai.

Le relais de la flamme olympique doit commencer le 25 mars dans le nord-est du Japon, et environ 10 000 coureurs lui permettront de traverser le pays. Le relais se terminera à Tokyo.

D’autre part, le comité organisateur, le Comité international olympique et le Comité international paralympique ont complété mercredi des rencontres virtuelles qui se sont étalées sur trois jours au sujet des mesures sanitaires qui devront être adoptées en vue des Jeux olympiques de Tokyo.

Celles-ci servaient à faire le suivi du « guide de directives » qui a été diffusé il y a deux semaines. Sa première édition est demeurée vague, mais les deux prochaines-qui doivent être disponibles en avril et juin-offriront plus de détails spécifiques sur la manière dont les JO peuvent être présentés en pleine pandémie mondiale.

Le premier défi de Hashimoto pourrait donc être d’assurer que le relais de la flamme commence à la date prévue, le 25 mars, et qu’il culmine avec la cérémonie d’ouverture des JO de Tokyo.