« Je suis contente qu’au moins, vu que les gars ne le donnent pas aux partisans, nous, on puisse le faire », a lâché candidement Catherine Dubois après le match.

« Coupez ça ! Coupez ça ! », s’est ensuite exclamée l’attaquante québécoise en riant, devant l’hilarité générale au sein du groupe de journalistes. « Ils ne vont jamais me ramener [en conférence de presse] », a-t-elle ajouté, provoquant les rires de plus belle.

L’attaquante québécoise parlait, de toute évidence, des séries éliminatoires. L’équipe montréalaise a en effet assuré sa place dans la danse printanière en l’emportant par la marque de 5-2 contre la formation new-yorkaise, mercredi, dans ce qui était son dernier affrontement à domicile cette saison.

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Après le match, personne ne semblait vouloir quitter l’Auditorium. Plutôt que de se diriger vers la sortie, les quelques milliers de partisans sont restés là, à regarder patiemment les poignées de main et la traditionnelle danse des joueuses au son de Bal masqué de la Compagnie créole. Ils ont écouté le discours de la directrice générale, Danièle Sauvageau, au centre de la patinoire. Puis est venu le tour de Kori Cheverie, qui a reçu une belle ovation avant de s’adresser à la foule en français.

« Merci tout le monde ! a lancé l’entraîneuse-chef. Très bon ! On va se revoir pour les séries. Merci pour aujourd’hui et toute la saison. »

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L’entraîneuse-cheffe de l’équipe de Montréal, Kori Cheverie

À cela, les partisans ont répondu en criant de nouveau.

En début de saison, Cheverie avait promis qu’elle apprendrait le français. C’est une mission réussie, et pas qu’un peu. Tout au long de la campagne, la Néo-Écossaise se présentait devant les médias avec de nouveaux mots appris dans ses cours.

« C’est une chose que j’ai appréciée, a indiqué Ann-Renée Desbiens après le match. […] Je lui ai dit de la part de tous les Québécois, de la part de mes parents qui ne parlent pas anglais, de la part de tous nos partisans, qu’on appréciait l’effort qu’elle a fait dans les six derniers mois.

« Elle est occupée, elle prend le temps de suivre des cours. Ce n’est pas facile, il y a beaucoup de monde qui ne le fait pas. Pour une équipe de Montréal, je pense qu’on peut être fiers de ce qu’elle fait. »

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Kristin O’Neill (43) déjoue la gardienne Corinne Schroeder (30) en deuxième période.

La principale intéressée, elle, s’est dite flattée de la réaction de la foule à son égard. « C’est un sentiment incroyable. Je pense qu’ils tiennent à notre personnel, à nos joueuses. Je n’ai jamais vécu ça auparavant, alors… c’est génial. […] C’est vraiment une place spéciale où jouer et entraîner.

« Je pense à toutes ces choses que nous avons traversées en tant qu’équipe. C’est comme si on avait vécu toute une vie en une saison. Je suis vraiment fière de notre groupe, de sa persévérance. »

Les unités spéciales

La première période ne laissait pas présager ce résultat. Il faut dire que les Montréalaises affrontaient des New-Yorkaises désespérées, qui devaient absolument gagner pour demeurer dans la course aux séries. Les visiteuses ont d’ailleurs rapidement démontré qu’elles étaient là pour jouer.

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Ann-Renée Desbiens (35) bloque un tir d’Alex Carpenter (25).

En première période seulement, Montréal a écoulé trois pénalités et Ann-Renée Desbiens s’est signalée avec 14 arrêts. Trois fois plutôt qu’une, elle a frustré Alex Carpenter, meilleure attaquante adverse. « Desbiens ! Desbiens ! », ont scandé les partisans en guise de remerciements.

Montréal a bien pris les devants dans le premier tiers, mais ce n’était pas exactement ce qu’on appelle une belle pièce de jeu. Après une mise au jeu en zone neutre, Catherine Daoust a dégagé la rondelle en zone adverse. La gardienne Corinne Schroeder a vécu le cauchemar de tout gardien ; la rondelle a fait un drôle de bond sur la bande plutôt que de continuer sa trajectoire jusque derrière le but. Vous devinez la suite.

Si les Montréalaises ont généralement de la difficulté en deuxième période, ce fut tout le contraire mercredi. C’est là que tout a débloqué. Le quatuor canadien composé de Kristin O’Neill, Laura Stacey, Marie-Philip Poulin et Erin Ambrose a continué ses ravages en avantage numérique amorcés à son retour du Championnat mondial. O’Neill et Stacey ont toutes deux marqué.

Disons que les récents succès en avantage numérique promettent pour les séries…

« Nous avons travaillé vraiment fort là-dessus, a souligné Laura Stacey. Les unités spéciales seront très importantes en séries, elles le sont toujours. […] Beaucoup de gens disent qu’on doit travailler 1000 heures sur une chose pour qu’elle soit parfaite. De toute évidence, nous n’avons pas – encore – atteint cette marque, alors peut-être que nous pouvons le rendre encore meilleur. »

Catherine Dubois et Mélodie Daoust ont été les deux autres marqueuses pour Montréal dans la rencontre.

Les 21 mercis de Desbiens

En plus des 31 arrêts de Desbiens, les Montréalaises ont bloqué 21 tirs dans la rencontre, un chiffre digne de mention. C’est une chose sur laquelle l’équipe a travaillé toute la semaine à l’entraînement, nous a fait savoir l’entraîneuse-chef. « C’était un objectif pour nous en tant qu’équipe », a-t-elle noté.

« Je me suis assurée de dire 21 fois merci », a pour sa part lâché Desbiens en souriant.

On a célébré dans la chambre après la rencontre. C’est une chose sur laquelle on voulait mettre l’accent, surtout avec les séries qui s’en viennent. Je sais que ça fait mal, que ce n’est pas facile. Le fait qu’elles sacrifient leur corps pour bloquer des lancers pour notre équipe, ça en dit long et ça va être payant pour les séries.

Ann-Renée Desbiens

C’est la première de plusieurs autres choses sur lesquelles entend travailler la formation montréalaise en vue des prochains jours. Elle doit encore disputer deux rencontres de saison, qui auront lieu à Ottawa et à Boston. Celles-ci serviront à connaître son rang final et, ultimement, son premier adversaire pour le premier tour des séries.

Rappelons que l’équipe qui termine au premier rang, ce qui est toujours possible pour la formation de Kori Cheverie, choisira qui de celle en troisième ou en quatrième place elle affrontera.

« Le travail est loin d’être fini », de dire Ann-Renée Desbiens. « On veut finir en première position, on veut avoir l’avantage de la glace aussi longtemps que possible. On a les meilleurs partisans de la ligue, il n’y a aucun doute là-dessus, donc on va continuer de se battre pour jouer devant eux le plus souvent possible. »