Sans surprise, Jarmo Kekalainen vient d’être congédié de son poste de directeur général à Columbus.

Depuis le début de son règne, en 2013, l’identité des Blue Jackets n’a jamais été claire : club en reconstruction ? En réinitialisation ? À la recherche de succès instantanés ? Les Jackets ont été un peu tout ça à la fois, d’où la confusion…

Columbus ratera ce printemps les séries pour la sixième fois en onze saisons depuis l’arrivée de Kekalainen, premier directeur général européen de l’histoire dans la LNH. Ils ont franchi le premier tour une seule fois, en 2019, mais jamais le second.

Les Blue Jackets ont repêché quinze fois au premier tour en onze cuvées depuis 2013, dont cinq fois parmi les dix premiers, et trois fois dans le top 5. De meilleurs résultats étaient espérés.

On pouvait s’attendre à une phase importante de rajeunissement à Columbus lors de l’embauche de Kekalainen en 2013. Ce Finlandais s’était bâti une réputation fort enviable à titre de recruteur à Ottawa, puis à St. Louis. On lui doit les sélections de Vladimir Tarasenko, Alex Pietrangelo, Jaden Schwartz et T. J. Oshie, entre autres.

Kekalainen a hérité de trois choix de premier tour dès son arrivée en 2013 puisque son prédécesseur, Scott Howson, avait commencé une vente de feu en 2012 en échangeant ses deux vedettes Rick Nash et Jeff Carter.

Ça n’était pas une grande cuvée, il faut l’avouer, Kekalainen était en Finlande entre 2010 et 2013 pour y diriger Jokerit et il devait en outre se fier au personnel de recruteurs déjà en place. Il a néanmoins frappé dans le beurre trois fois, Alexander Wennberg (14e), Kerby Rychel (19e) et Marko Dano (27e). Wennberg n’est pas devenu un vilain joueur, il a même amassé 59 points à sa troisième saison complète, mais il est vite devenu un joueur de soutien dans la Ligue nationale.

On ne le savait néanmoins pas encore à l’époque et tout tendait vers une reconstruction amorcée par Howson. Kekalainen a plutôt obtenu, dans sa première transaction majeure, une star de l’heure à l’époque, Marian Gaborik, des Rangers, 41 buts la saison précédente, mais déjà âgé de 31 ans, pour l’un des jeunes joueurs les plus prometteurs de l’organisation, Derick Brassard, 25 ans.

Un échange désastreux. Gaborik a disputé seulement 22 matchs la saison suivante avant d’être envoyé aux Kings un an plus tard pour des choix de deuxième et troisième tours et un joueur marginal. Brassard allait devenir un joueur important à New York et disputer onze saisons dans la LNH pour atteindre les 1013 matchs.

À peu près à la même époque, les Jackets possédaient au sein de leur club-école un attaquant de 23 ans jamais repêché, mais l’un des bons producteurs de points à Springfield. Mais les Falcons avaient de grandes aspirations à l’aube des séries, tandis que le club-école du Lightning n’allait pas y participer.

Kekalainen a ainsi soutiré au Crunch de Syracuse deux joueurs d’expérience pour renforcer son club, Dana Tyrell et Matt Taormina, en retour de Dalton Smith et de ce jeune joueur de 23 ans… un certain Jonathan Marchessault.

Kekalainen a frappé un grand coup en 2015, il faut le reconnaître, en obtenant un défenseur numéro un, Seth Jones, quatrième choix au total en 2013, pour un grand centre un peu surévalué, Ryan Johansen. Cet échange spectaculaire lui a probablement donné cinq ans de grâce.

Sa gestion lors du repêchage de l’élargissement des cadres avec l’arrivée des Golden Knights de Vegas n’a pas été optimale. Trois attaquants devaient être protégés en raison de leur clause complète de non-échange, Nick Foligno, Brandon Dubinsky et Scott Hartnell. Kekalainen a complété sa liste avec Wennberg, Cam Atkinson, Boone Jenner et Brandon Saad.

Il a offert aux Golden Knights son choix de premier tour, 24e au total, et un choix de deuxième tour afin de se débarrasser du contrat de David Clarkson et s’assurer que Vegas repêche William Karlsson et pas Josh Anderson. Personne ne se doutait que Karlsson allait en enfoncer 43 pour les Golden Knights après une saison de 6 buts et 25 points en 81 matchs, mais sept ans plus tard, Karlsson a accumulé 341 points en 473 matchs au Nevada.

Mais les Blue Jackets, à la surprise générale, venaient d’atteindre leur apogée en 2016-2017 avec une fiche de 50-24-8 et le quatrième rang au classement général, sous l’impulsion de l’entraîneur John Tortorella, avant d’être surpris par les Penguins au premier tour éliminatoire. L’arrivée d’Artemi Panarin pour Brandon Saad en juin 2017 allait permettre aux Blue Jackets de croître encore davantage, espérait-on.

Le point de bascule est survenu en 2018-2019. L’équipe avait de grandes aspirations, mais Panarin et le gardien Sergei Bobrovsky ont manifesté dès le début de la saison leur intention de tester le marché des joueurs autonomes à compter de juillet 2019, ou du moins à ne pas signer de prolongation de contrat avec le club.

Kekalainen a surpris la LNH avec son immense coup de poker. Non seulement n’a-t-il pas échangé ses deux vedettes à la date limite des transactions pour éviter de les perdre sans rien obtenir en retour, mais il a sacrifié un choix de premier tour et deux choix de second tour pour acquérir deux autres éventuels joueurs autonomes sans compensation, Matt Duchene et Ryan Dzingel, pour renforcer le club et espérer une percée en séries.

Après avoir surpris le Lightning au premier tour, ils ont été éliminés par Boston en six matchs au second. Quelques mois plus tard, Panarin, Bobrovsky, Duchene et Dzingel étaient partis…

On croit à une phase de rajeunissement en 2021 lorsque les Blue Jackets obtiennent des choix de premier tour pour David Savard et Nick Foligno à la date limite des transactions, puis sacrifient leur meilleur défenseur, Seth Jones, pour deux choix de premier tour et le jeune défenseur Adam Boqvist.

Mais Kekalainen nous déroute à nouveau en embauchant en juillet 2022 l’attaquant Johnny Gaudreau, 29 ans, pour sept ans et 68 millions avec un club pourtant loin d’être aspirant.

À la fin de cette première saison, en demi-teinte, de Gaudreau, Kekalainen se pose en vendeur à la date limite des transactions en échangeant Joonas Korpisalo et Vladimir Gavrikov pour un choix de premier tour des Kings.

On retrouve donc Gaudreau, un peu seul, surpayé, avec une bande de jeunes encore trop verts pour lancer Columbus vers les sommets. L’été dernier, Kekalainen utilise le premier choix des Kings pour acquérir le défenseur Ivan Provorov et il accorde un contrat insensé de huit ans pour 50 millions au défenseur de 29 ans Damon Severson, pourtant relégué au sein de la troisième paire au New Jersey.

Le fiasco Mike Babcock aura mis fin à la patience des propriétaires. Columbus se retrouve aujourd’hui au 29e rang du classement général, après une 31e place l’an dernier, avec un DG qui voulait pourtant gagner à court terme.

Le successeur de Kekalainen se retrouvera néanmoins dans une position enviable : un choix dans le top 5 cet été, et une bande de jeunes premiers au sein de l’organisation, Adam Fantilli, David Jiricek, Kent Johnson, Cole Sillinger, Kirill Marchenko, Denton Mateychuk, Gavin Brindley, Yegor Chinakhov et Jordan Dumais, sans compter Zach Werenski toujours âgé de 26 ans seulement.

Faudra seulement trouver une direction. On croit parfois à tort que les bons évaluateurs de talent feront de bons directeurs généraux. Il faut d’abord être un bon gestionnaire.

Le code sera-t-il respecté ?

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Brendan Gallagher

En mars 2019, après avoir pourtant purgé une suspension de trois matchs pour un coup vicieux à l’endroit du défenseur MacKenzie Weegar, Paul Byron a eu à jeter les gants contre Weegar à son premier match contre les Panthers deux mois plus tard. Byron devait respecter le code, paraît-il, même s’il avait été puni par la LNH. L’attaquant du Canadien a subi un violent knock-out. Il n’a plus jamais été le même par la suite.

Brendan Gallagher vient de terminer une suspension de cinq matchs pour sa mise en échec sournoise contre le défenseur des Islanders Adam Pelech. Il affrontera les Rangers jeudi soir. Gallagher dit avoir appelé Pelech à la suite de l’incident pour s’excuser. Le Canadien affronte les Islanders le 11 avril. Voyons si Gallagher devra respecter ce stupide code à son tour.