La patience est une vertu parfois difficile à cultiver, mais qui peut mener à de bien belles choses. Prenons les Kings de Los Angeles, tiens.

Les Kings ont sélectionné Quinton Byfield au deuxième rang du repêchage de 2020. Même si le jeune homme en impose du haut de ses 6 pi 5 po et 225 lb, il a mis du temps à s’ajuster à la LNH.

Après trois saisons à faire quelques allers-retours entre la Ligue nationale et la Ligue américaine ainsi qu’à composer avec « des virus ou des blessures », le voilà cette saison sur le premier trio des Kings aux côtés d’Anze Kopitar et d’Adrian Kempe, avec 18 points en 22 rencontres. Autrement dit, Byfield « explose » offensivement cette saison, comme le veut l’expression populaire.

« Il atteint nos attentes. Il a eu besoin de patience, tout comme nous. Mais il est un bon étudiant aussi », a dit l’entraîneur-chef des Kings, Todd McLellan, après l’entraînement de son équipe au Complexe CN de Brossard, mercredi.

Tu dois prendre du temps avec un jeune espoir. Ce n’est pas tout le monde qui devient un Connor McDavid dès le premier jour.

Todd McLellan, entraîneur-chef des Kings de Los Angeles

On pourrait croire qu’un joueur imposant physiquement s’adapterait plus facilement à la meilleure ligue au monde. Ce n’est pourtant pas aussi simple qu’il peut paraître.

« Les gros joueurs, comme Leon Draisaitl à Edmonton, ont besoin de temps, rappelle McLellan. Ils traînent un gros corps. Les petits patineurs explosifs ont tendance à éclore plus vite. »

Plusieurs coéquipiers de Byfield ont sensiblement tenu le même discours. Phillip Danault, par exemple, a vu l’évolution entre le Byfield de l’an passé et celui de cette année. Un Byfield plus mature et, nécessairement, plus outillé.

« Je pense que c’est dur avant 21 ou 22 ans de trouver sa niche dans la LNH. En plus, il est tellement grand que son corps n’est pas développé. C’est plus difficile. Il se fait pousser plus facilement. Là, il est solide, il a trouvé sa niche, il est rapide, il joue bien offensivement. »

Offensivement et défensivement

Comme McLellan le mentionnait, ce n’est pas seulement l’organisation qui a dû se montrer patiente, mais également le joueur lui-même. Byfield admet avoir dû composer avec la pression d’être un deuxième choix au total, mais « il faut regarder ça positivement », indique-t-il. « S’il n’y a pas de pression, alors il y a quelque chose que tu ne fais pas de la bonne façon. »

Le jeune homme n’a, par ailleurs, jamais douté de sa capacité à s’adapter à la grande ligue.

« Je n’avais pas vraiment de doute que je pouvais jouer ici, être un bon joueur, affirme-t-il sans détour. C’est surtout de garder cette confiance-là au fil du processus. Quand ça commence à fonctionner, c’est satisfaisant. »

Le jeune Ontarien se retrouve d’ailleurs sur un trio avec une de ses idoles d’enfance en Anze Kopitar, qu’il qualifie de « modèle ». Mais son succès ne peut qu’être associé aux joueurs avec qui il partage la patinoire, paroles du gardien Cam Talbot.

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Anze Kopitar et Quinton Byfield

« Ça aide assurément, mais il doit aussi être en mesure de penser le jeu au même niveau qu’eux. De toute évidence, il fait un bon travail à ce niveau parce qu’ils ne mènent pas seulement l’équipe offensivement, mais ils forment aussi notre meilleur trio défensivement. »

En effet, Byfield et Kopitar affichent tous deux un différentiel de + 13, tandis que celui de Kempe s’élève à + 14. Tous trois font partie du top 12 de la LNH à ce chapitre. « Q est une grande partie de ça, soutient Talbot. Il protège bien la rondelle, il est rapide, puissant, il saute sur les rondelles. Il n’y a que de bonnes choses à dire sur la façon dont son jeu s’est développé. »

Des comparaisons inévitables

Les comparaisons entre Byfield et le jeune attaquant du Canadien Juraj Slafkovsky sont inévitables. Slafkovsky, premier choix au total en 2022, prend un peu plus de temps que certains le souhaiteraient à s’ajuster au niveau de la LNH.

Le marché dans lequel les deux joueurs évoluent est d’ailleurs bien différent, un élément à prendre en considération, selon Todd McLellan.

« Tu ne te fais pas repêcher au premier rang par hasard, a-t-il souligné. Mais il y a une grosse adaptation quand tu joues au Canada, surtout quand tu regardes ce groupe [de journalistes] aujourd’hui. Quinton n’avait pas ça à Los Angeles. Leon et Connor faisaient face à ça à Edmonton. Le jeune se retrouve sous la loupe. Parfois, c’est juste, mais parfois, c’est injuste.

« Je ne connais pas le jeune homme personnellement, je ne sais pas comment il est fait, mais je sais que s’il continue à travailler sur ses forces et qu’il travaille avec les entraîneurs du Canadien, il deviendra tout un joueur de hockey. »

Kings de Los Angeles c. Canadien, ce jeudi à 19 h au Centre Bell