Si les 65 prochains matchs du Canadien se déroulaient au rythme des 17 premiers, Cole Caufield conclurait la saison avec 24 buts. Suivant le même calcul, cette récolte, en plus de se retrouver nettement en deçà des attentes fondées en ce marqueur naturel, serait dopée par 15 buts en prolongation.

Cette hypothèse est évidemment absurde. Mais elle reflète néanmoins la production de Caufield jusqu’ici.

L’ailier a inscrit trois de ses cinq buts après les 60 minutes de jeu réglementaires. Il en a aussi marqué un en avantage numérique et un autre à cinq contre cinq. Dans cette dernière catégorie, c’est un peu problématique.

Parmi tous les attaquants de la LNH qui ont disputé au moins 200 minutes à cinq contre cinq cette saison, 73 ont marqué deux fois ou plus. Avec une seule réussite, Caufield est très loin de son rythme de croisière de la dernière campagne : 1,61 but pour 60 minutes jouées, au troisième rang du circuit, derrière David Pastrnak et Jared McCann – et devant Connor McDavid.

On ne peut que s’interroger sur cette baisse de régime drastique dans cette phase de jeu. Cette chute se transpose, quoique dans une moindre mesure, en avantage numérique.

Un coup d’œil à une série d’indicateurs individuels laisse songeur.

Le constat est aussi simple que brutal : la rondelle ne semble tout simplement pas rentrer dans le but. Car, à cinq contre cinq, Caufield génère très exactement le même nombre de buts attendus que l’an dernier. Il tire même un petit peu plus souvent, malgré un temps de glace légèrement inférieur.

Son taux d’efficacité est toutefois effarant, et pas dans le bon sens du terme : à peine 2,44 % de ses tirs cadrés se sont jusqu’ici convertis en buts. Au rythme de l’an dernier, il aurait déjà marqué de six à sept buts.

Le constat est le même en avantage numérique, encore qu’il tire légèrement moins qu’auparavant avec un homme ou deux en plus. La constance de ses buts attendus laisse néanmoins présumer que la qualité des tirs est au rendez-vous.

De prime abord, le numéro 22 n’a pas semblé emballé par l’idée de s’exprimer à propos de sa disette à cinq contre cinq. La solution qu’il a proposée ? « Tirer davantage », a-t-il sèchement suggéré.

Devant l’ébahissement du représentant de La Presse, l’attaquant a quelque peu développé.

Ce sont des choses qui arrivent. Je veux évidemment marquer, et ça viendra. Je ne m’en fais pas. Je dois tirer davantage et garder confiance.

Cole Caufield

Visiblement dans de meilleures dispositions, il a plus tard admis que de compter des buts lui manquait. « C’est la meilleure partie du hockey ! », a-t-il lancé. « J’ai de bonnes chances, je vais bien finir par en convertir quelques-unes. »

« Davantage »

Martin St-Louis a relativisé cette relative léthargie. Les buts en prolongation, après tout, comptent autant que les autres.

Qu’à cela ne tienne, il a souligné que son protégé « apprend présentement à en faire davantage sur la glace à part marquer ».

« Je ne suis pas sûr qu’il se soit fait demander ça dans sa jeune carrière. On travaille sur beaucoup de détails. »

Cela fait déjà un bout de temps que l’entraîneur-chef parle de l’importance pour Caufield de bien jouer sans la rondelle. Or, sa progression à ce chapitre est parfois abstraite.

Les chiffres, toutefois, tendent vers une réelle amélioration. Lorsque l’Américain est sur la glace à cinq contre cinq, cette saison, le Canadien contrôle davantage la rondelle que l’an dernier. Il accorde également moins de tirs et de buts attendus. Sur une base individuelle, Caufield commet presque la moitié moins de revirements qu’en 2022-2023.

« Avec Martin [St-Louis], on parle constamment de la valeur de la possession de la rondelle », a-t-il expliqué, avant d’énumérer les « détails » sur lesquels il se concentre : son positionnement, la manière dont ses compagnons de trio et lui placent la rondelle dans l’espace, son anticipation des gestes de l’adversaire et même de ses coéquipiers… Il cherche aussi à s’adapter à la couverture diversifiée et « agressive » des autres équipes en désavantage numérique.

Autant de choses qui prennent du temps et qui, possiblement, coûteront globalement quelques buts à sa fiche.

« Veux-tu qu’il en score 50, mais qu’il ne soit pas un joueur complet et qu’il n’aide pas son équipe à gagner ? Ou qu’il en score 35 ou 40 et qu’il soit un gars qu’on peut utiliser dans beaucoup de situations ? », s’est demandé Martin St-Louis.

La réponse étant dans la question, on n’en rajoutera pas à ce sujet. Sinon pour préciser que si, en plus, Caufield pouvait revenir à un taux de conversion potable de ses tirs cadrés quand il y a cinq joueurs du CH sur la glace, sa vie et celle de son équipe seraient certainement plus douces.

Xhekaj part, Harris revient

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Arber Xhekaj

Après s’être blessé au « haut du corps » (probablement à l’épaule gauche) contre les Golden Knights de Vegas, jeudi, Arber Xhekaj est « réévalué sur une base quotidienne », a indiqué le CH. Il ratera donc le match de ce samedi contre les Bruins de Boston. Jordan Harris, toutefois, sera en mesure de prendre sa place en défense, lui qui a raté les deux derniers matchs en raison d’une blessure au « haut du corps ». L’attaquant Rafaël Harvey-Pinard, dont on ne sait pas encore s’il est guéri de la blessure au « bas du corps » qui l’a privé du dernier duel, s’est pour sa part envolé pour Boston avec ses coéquipiers, sans toutefois s’être entraîné vendredi.