La saison dernière, Tricia Deguire gardait les buts pour la Force de Montréal. Quelques mois plus tard, la voici entraîneuse vidéo pour le Phoenix de Sherbrooke. Un changement pour le moins draconien, mais qui met en lumière toute sa passion pour le hockey…

Au moment où on a appris la création de la nouvelle ligue professionnelle de hockey féminin et, par le fait même, la dissolution de la Force de Montréal, Tricia Deguire ignorait encore où elle jouerait à l’automne.

La cerbère sherbrookoise n’avait pas renouvelé son entente avec la formation montréalaise. Elle évaluait ses options ; irait-elle jouer avec une autre formation de la PHF (Premier Hockey Federation), ou se joindrait-elle à une équipe de l’Association des joueuses de hockey professionnelles (PWHPA) ? « Je n’avais pas pris ma décision finale encore », relate-t-elle au bout du fil.

La création de la nouvelle ligue a réduit ses options à une seule ; elle s’est donc rendue admissible au repêchage, prévu en septembre. Le hic, c’est qu’elle avait entamé depuis quelques semaines un long processus de réadaptation qui doit durer entre 9 et 12 mois pour guérir une blessure « au bas du corps » survenue pendant l’été.

[Mon agent et moi avons] pris la décision d’avertir toutes les équipes. Il y avait beaucoup de gardiennes de but sur le marché. Par honnêteté et compassion pour les filles qui allaient se faire repêcher, c’était mieux qu’on dise la vérité à ce sujet-là.

Tricia Deguire

Deguire n’a donc pas été parmi les 90 joueuses sélectionnées lors du repêchage, en septembre. Ce qu’il faut savoir, c’est que les joueuses ne peuvent se rendre admissibles au repêchage qu’à deux reprises. La gardienne a donc épuisé une de ses deux tentatives.

« En mettant mon nom, c’était la meilleure façon pour que les gens sachent que je voulais jouer encore. On va voir ce qui va se passer avec ça l’année prochaine. »

Pour la première fois, elle se retrouvait sans équipe. Une déception… qu’elle a rapidement transformée en motivation dans sa guérison.

Puis, s’est présentée une occasion inattendue.

Un nouveau défi

Au cours de l’été, le Phoenix de Sherbrooke, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), a embauché Olivier Gervais à titre d’entraîneur des gardiens. Gervais est également l’entraîneur de Tricia Deguire. Vous devinez où on s’en va avec tout ça.

Quand Gervais a été embauché à Sherbrooke, Deguire venait de se blesser. « On a discuté du fait que je reste dans le hockey et que j’apprenne la game d’une autre façon pour qu’on soit certains que mon développement comme joueuse se poursuive », raconte l’athlète de 26 ans.

Gervais a donc recommandé la gardienne au Phoenix pour le poste d’entraîneur vidéo. Deguire a rencontré le directeur général, Philippe Sauvé, et ça a cliqué.

« Il savait que j’étais une fille de Sherbrooke, que j’avais la passion pour le hockey même si je ne pouvais pas le jouer. J’étais vraiment aussi prête à apprendre. Je n’avais jamais fait ça, alors j’étais vraiment prête à apprendre la technologie derrière la game. Je pense que c’est ça qui a fait en sorte que les gars ont vu beaucoup de détermination, beaucoup de vouloir. »

Deguire assiste principalement aux matchs à domicile ; son rôle, explique-t-elle sommairement, est de soutenir le groupe d’entraîneurs de l’extérieur de la glace pendant les matchs.

Elle est aussi kinésiologue, en plus de faire de la suppléance dans les écoles. Sans parler de sa réadaptation. En résumé, son horaire est chargé.

Je ne peux pas être aussi présente que j’aimerais l’être. […] Le plus de temps tu peux passer avec une équipe, le mieux c’est en tant que coach pour te faire connaître par les gars, pour développer une confiance en soi. Pour apprendre et prendre de l’expérience, il n’y a rien de mieux.

Tricia Deguire

Deguire apprend beaucoup dans son nouveau poste, mais elle enseigne aussi à ses collègues, en tant que seule femme du personnel d’entraîneurs.

« Les gars sont super ouverts. […] C’est le fun d’apprendre du côté masculin, et eux peuvent discuter avec moi du côté féminin. Surtout avec la ligue féminine qui s’en vient, cela les intéresse de savoir ce qui va se passer avec ça. »

Expérience

Tricia Deguire a toujours aimé enseigner son savoir comme entraîneuse dans des camps estivaux, par exemple. Avoir un poste comme le sien chez le Phoenix, croit-elle, « ça fait juste confirmer un peu ta détermination, ta passion et ta compétence dans le hockey, qu’importe si tu es une fille ou non ». Elle prend d’ailleurs soin de remercier les membres de l’organisation de lui avoir accordé leur confiance.

Elle ne ferme aucune porte quant à la suite de son parcours dans l’univers des entraîneurs.

« C’est sûr que devenir entraîneuse des gardiens, entraîneuse-chef ou entraîneuse adjointe, c’est la prochaine étape que j’aimerais atteindre, autant dans le hockey masculin que féminin. »

Elle ne tire pas, non plus, un trait sur sa carrière de joueuse.

« D’avoir cette expérience-là cette année, ça va juste m’amener plus loin dans ma carrière de hockey. Ensuite, dans ma carrière de hockey, je vais pouvoir avoir davantage d’expérience pour me permettre de coacher. »

Tout est dans tout, comme on dit.