Tout juste avant que s’amorce le match entre le Canadien et les Golden Knights de Vegas, jeudi soir, le Tricolore a tenu à honorer la mémoire de l’un de ses plus fervents partisans, hélas parti trop tôt.

Karl Tremblay, chanteur des Cowboys Fringants, s’est éteint mercredi après un long combat contre le cancer. Il avait 47 ans.

« Il aura marqué à tout jamais la scène québécoise, faisant vibrer l’identité de notre belle province », a dit l’annonceur maison après que les lumières se furent éteintes pour la courte cérémonie. L’attaquant Rafaël Harvey-Pinard, inconditionnel du groupe, s’est ensuite rendu au centre de la glace avec un chandail portant le nom « Tremblay » et le numéro 76.

Voyez l’hommage au Centre Bell

Dès les premières notes de la pièce Les étoiles filantes, les spectateurs ont allumé leurs téléphones cellulaires, créant un moment haut en émotion bercé par la voix de Karl Tremblay.

Tout près de la patinoire, Harvey-Pinard a assisté à la scène avec ses deux compatriotes David Savard et Samuel Montembeault. Ces derniers avaient raconté, plus tôt dans la journée, avoir vécu un choc en apprenant la disparition d’un chanteur qu’ils adoraient.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

À la fin de la pièce, une étoile filante a traversé l’écran géant, après que les dernières paroles se furent effacées.

L’organisation a poursuivi son hommage une fois la partie commencée : des chansons des Cowboys Fringants ont résonné au cours des premiers arrêts de jeu.

« Ç’a marqué ma jeunesse »

En matinée, David Savard ne s’était pas fait prier pour parler de Karl Tremblay.

À 17 ans, le défenseur est parti jouer au hockey à Moncton. Sa carrière l’a ensuite amené à Springfield, à Columbus puis à Tampa, avant qu’il se joigne au Canadien de Montréal au début de la trentaine.

Pendant toutes ces années passées loin de chez lui, une voix le rapprochait systématiquement du Québec. Dans ses écouteurs, pendant les longs voyages, Les Cowboys Fringants le rapprochaient de la maison.

Savard a donc été profondément peiné d’apprendre que le chanteur avait succombé à un cancer.

« Ç’a marqué ma jeunesse, a raconté le Québécois. Le premier concert que j’ai vu dans ma vie, c’était Les Cowboys Fringants dans un petit aréna à Saint-Liboire. Je devais avoir 10 ou 11 ans. J’ai eu la chance de les revoir au Centre Bell, et encore cet été au Festival d’été de Québec. Je vais garder des souvenirs exceptionnels de ce band-là. »

Parmi ses souvenirs, le plus marquant est certainement le plus récent. Savard était au nombre des 90 000 spectateurs qui ont assisté, en juillet dernier, à l’une des dernières apparitions de Tremblay sur scène, sur les plaines d’Abraham. Affaibli, le chanteur a livré une prestation phénoménale qui a ému toute la province.

« Ils lui ont amené une chaise, il prenait des pauses, mais on voyait à quel point il voulait le faire [ce spectacle], a poursuivi Savard. Tout le monde était avec lui là-dedans, pour vivre ce moment grandiose… On avait tous beaucoup de respect pour lui, pour toute l’énergie qu’il a donnée. »

Sans surprise, Sur mon épaule est le titre qui vient le plus spontanément en tête du vétéran lorsqu’il pense au groupe, justement à cause du spectacle sur les Plaines. « Ça va rester gravé dans ma mémoire toute ma vie », assure-t-il.

Il n’empêche que beaucoup d’autres titres, comme En berne ou Le shack à Hector, écoutés des dizaines de fois, résonnent encore en lui.

« C’est une musique à laquelle tout le monde peut s’identifier, note encore Savard. Pendant les longs voyages d’autobus, quand j’étais loin du Québec, ça me ramenait chez nous. Quand j’étais le seul Québécois de mes clubs, ça faisait tout le temps partie de ma playlist. Ça faisait du bien de revenir à la maison. »

« Ça fesse »

Samuel Montembeault, lui, a dit avoir spontanément échangé des textos avec Rafaël Harvey-Pinard, mercredi en fin de journée. Les deux ont ainsi pu partager leur désarroi.

« Ça fesse, s’est exclamé le gardien. J’étais dans l’auto avec mes parents, hier, et nous revenions de l’épicerie. Ils ont arrêté le show à la radio pour annoncer la nouvelle. C’était vraiment triste. Quand j’ai ouvert les réseaux sociaux, c’était partout. Tu réalisais encore plus à quel point [Karl Tremblay] a touché bien des gens. »

Le hasard faisait en sorte que les adversaires du Tricolore soient les Golden Knights, équipe américaine qui compte trois Québécois dans sa formation.

Jonathan Marchessault et William Carrier, sans être des inconditionnels des Cowboys, se sont dits attristés par la nouvelle. Après l’entraînement matinal de leur club, les deux nous ont toutefois dirigés vers leur coéquipier Nicolas Roy.

Le natif d’Amos, en Abitibi, a en effet parlé d’un « mélange de tristesse et de bons souvenirs ». « Ça fait partie de nos racines, de notre patrimoine, a relevé le joueur de centre. Avec mes chums, on les a tellement écoutés… Depuis hier [mercredi], on se dit à quel point on a vécu de bons moments. »

« C’est une partie du Québec qui pleure aujourd’hui », a-t-il conclu.

Consultez notre dossier sur la mort du chanteur