Jake Allen était l’un des meilleurs gardiens de la LNH en octobre. Il a fini sa soirée de mardi sous les huées.

Mike Matheson jouait comme un véritable défenseur numéro 1 avant la fête des Morts. Il a consacré une partie de son mercredi à répondre aux questions au sujet de sa vilaine séquence du moment, parmi lesquelles on retrouvait la question tant honnie par les joueurs : es-tu blessé ?

Et le Canadien invincible à cinq contre cinq, ça sonne une cloche ?

Autant de souvenirs qui semblaient désormais si lointains, mercredi, à l’entraînement du Canadien à Brossard, tout juste avant de s’envoler pour Detroit en vue du match de ce jeudi. Ainsi va la vie après quatre défaites de suite, dont trois pas particulièrement reluisantes.

Allons-y un dossier à la fois. Allen a reconnu ses torts au lendemain de sa courte et brouillonne performance (quatre buts sur neuf tirs) face au Lightning de Tampa Bay.

Personne n’était au point en première période. C’était une période difficile, on a été victimes de quelques bonds malchanceux. On a tous nos responsabilités et je m’inclus. Ça a été en s’améliorant, mais c’était un bon signal d’alarme.

Jake Allen

Aussitôt retiré du match, Allen a pris place sur le tabouret du réserviste, et ce, malgré une foule qui maugréait après qu’il eut accordé un cadeau aux visiteurs sous la forme d’un quatrième but. « Je ne pense pas que les gardiens qui se font retirer d’un match doivent rentrer au vestiaire. Je déteste voir ça, a martelé Allen. Tu t’assois au banc, là où tu mérites d’être, et c’est là que tu dois rester. Ça m’est arrivé souvent. J’étais là pour soutenir Sam et le groupe. On va de l’avant. »

Matheson a lui aussi convenu qu’il lui arrivait, comme Leonardo dans J. Edgar (notre comparaison, pas la sienne), de livrer certaines performances moins glorieuses. « Je dirais que je suis exactement le même joueur que l’an passé. Je n’ai juste pas joué mon meilleur hockey », a expliqué le Québécois, au sujet de ses récents insuccès.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Martin St-Louis

Même Martin St-Louis a versé dans l’autoflagellation, disant « prendre la responsabilité, comme jeune entraîneur », de ne pas trop vanter certains aspects du jeu « juste parce qu’on gagne ».

Des fois, on met un Band-Aid et tu as peut-être besoin d’une petite opération. […] Ça fait partie d’une saison, je suis content que ça arrive là et on va continuer de travailler pour changer ça.

Martin St-Louis

« Le succès qu’on a eu tôt cette saison, ça a peut-être caché de petites affaires », a suggéré l’entraîneur-chef du Tricolore. St-Louis, rappelons-le, avait fièrement déclaré que son équipe avait « élevé son standard » après la très honorable défaite de la semaine dernière à Vegas.

Les indicateurs dans le rouge

Les buts marqués et accordés sont tout sauf un indicateur fiable. Les performances héroïques ou désastreuses d’un gardien peuvent fausser les données, surtout sur un court échantillon, tout comme un attaquant qui roule à un taux de réussite impossible à soutenir à long terme.

C’est à croire que c’est la « correction boursière » que vit actuellement le Canadien. À cinq contre cinq, selon Natural Stat Trick, l’équipe affiche encore un rendement enviable : 21 buts marqués, 15 buts accordés, pour un ratio de 58,33 % des buts marqués dans cette situation.

Le hic, c’est que tous les autres indicateurs brossent un portrait différent. Le Tricolore contrôle donc 47,89 % des tentatives de tirs, 48,69 % des buts attendus et 47,63 % des chances de marquer.

Les causes de cette chute sont évidemment difficiles à isoler avec certitude. « Si on avait les réponses, on ferait les changements facilement », a raisonné Matheson.

Les absences de David Savard et de Kirby Dach, des piliers d’un club déjà fragile à la base, n’aident évidemment pas. On a cru que Matheson s’ajouterait à cette liste lorsqu’il a raté la troisième période du match du 28 octobre, mais il était à son poste deux jours plus tard et n’a pas manqué de match depuis. Il assure ne pas être blessé, et sa présence à l’entraînement mercredi, quand il aurait pu prétexter une « journée de traitements », incite à le croire.

« Il y a toujours des moments où tout semble négatif, et tu sors du vestiaire et les gens te parlent du négatif ! », a lancé un Matheson un brin résigné.

Le Pointe-Clairais a admis que « ce n’est pas le fun » de se retrouver sur la patinoire pour quatre buts de l’adversaire, ce qui lui est arrivé mardi et samedi, toutes situations confondues. « Mais ce n’est pas juste moi qui suis responsable, et dans les deux autres périodes, j’ai aussi fait de bonnes choses », a-t-il fait valoir.

« Il ne doit pas regarder en arrière, il doit penser à sa prochaine présence, a ajouté St-Louis. Mais j’ai aimé sa deuxième moitié de match, il a corrigé des choses, il s’est calmé. Comme équipe, on s’est retrouvés, et Mike aussi. »

Primeau au travail

PHOTO DAVID KIROUAC, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Cayden Primeau

En attendant de savoir s’il obtiendra un deuxième départ cette saison, Cayden Primeau a pu s’offrir un volume de travail adéquat mercredi. Le pauvre troisième homme dans le triumvirat de gardiens du Canadien a eu droit à une longue séance individuelle en compagnie d’Éric Raymond, entraîneur des gardiens. On a profité de l’accès à la deuxième patinoire – ce qui n’est jamais possible sur la route – pour lui offrir cette séance. Josh Anderson a été invité comme tireur, avec deux mannequins constamment devant le jeune Américain pour l’habituer à repérer la rondelle dans la circulation lourde. « C’était bien d’avoir ce travail. Je ne veux pas dire qu’on est pressés en temps normal, mais là, ça permet de se concentrer sur un seul gardien. À ce niveau, il y a de gros joueurs, tu ne vois pas toujours bien la rondelle. J’essaie juste de rester au point sur les tirs voilés. » Primeau disait ignorer, quand on lui a posé la question, s’il obtiendrait un départ pendant la séquence de trois matchs en quatre soirs que le Tricolore amorce ce jeudi.