Les Sénateurs ont mal agi, ils en paient le prix, et Pierre Dorion aussi.

Le directeur général d’Ottawa a été congédié, mercredi. Le propriétaire Michael Andlauer en a fait l’annonce lors d’une conférence de presse en après-midi. Steve Staios, président des opérations hockey, assumera la relève au poste de directeur général dans un rôle intérimaire.

C’est qu’Ottawa a été sanctionné par la LNH, mercredi, une punition liée à l’échange d’Evgenii Dadonov aux Golden Knights, en 2021.

Quand Dadonov est passé d’Ottawa à Vegas cette année-là, les Sénateurs ont omis de mentionner que le joueur avait une clause de non-échange envers 10 équipes.

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Evgenii Dadonov

En mars 2022, les Knights ont ensuite tenté d’échanger Dadonov aux Ducks d’Anaheim, ne sachant pas que l’organisation figurait sur ladite liste. La transaction a été annulée par la LNH deux jours plus tard.

Ce qui nous mène à aujourd’hui. La ligue a annoncé que les Sénateurs perdront un choix de première ronde en 2024, 2025 ou 2026 en guise de sanction. La décision à savoir lequel de ces choix sera abandonné leur revient, et pourra être prise jusqu’à 24 heures après l’un de ces trois repêchages.

Cette résultante a été « la goutte qui a fait déborder le vase [the last straw] » dans le cas de Dorion, selon Andlauer.

A-t-il été congédié, ou alors son départ a été accepté mutuellement ? « La perte du choix au repêchage ne pouvait pas lui coûter moins cher que son poste », a indiqué le propriétaire.

Les deux hommes se sont mis d’accord sur ce point lors d’un souper plus tôt cette semaine.

« Ça aurait pu être évité »

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Le nouveau propriétaire des Sénateurs, Michael Andlauer

« Le rapport de 73 pages que la LNH a partagé avec moi a démontré que les actions de notre club ont été négligentes, a expliqué Andlauer. Cela a mené à des évènements qui ont mis la ligue dans l’embarras et frustré deux autres clubs de hockey. »

Le nouveau propriétaire, en poste depuis un mois, estime que la ligue a été sévère dans sa punition.

« C’est un lourd prix à payer, dit-il. Mais tout cela aurait pu être évité. »

Il ne « comprend pas » non plus pourquoi la décision a pris autant de temps à être rendue. Car ce n’est pas la seule résolution négative d’un enjeu touchant les Sénateurs survenue au cours des derniers jours : il y a aussi eu la suspension de 41 matchs décernée à Shane Pinto pour avoir enfreint les politiques de la LNH contre les paris sportifs.

Andlauer avance que la LNH n’a pas jugé bon de l’aviser de ces deux dossiers explosifs pendant le processus de rachat de l’équipe.

« Peut-être que c’était parce que le club était à vendre, et qu’ils voulaient que l’acheteur paie le plus gros prix possible. Il faudrait demander à la LNH. »

Andlauer a gardé le sourire tout au long de sa conférence de presse d’une vingtaine de minutes. Mais il était visiblement remonté contre la ligue.

« Je ne sais pas si la perte d’un choix de première ronde est un problème pour vous, mais c’en est un pour moi », ajoute-t-il.

Il dit avoir adoré ses 30 premiers jours à la tête de l’équipe. Mais les 10 derniers, « pas mal moins ».

« Une séquence de trois défaites consécutives, la perte de trois défenseurs, et deux appels troublants de la ligue », énumère-t-il. Thomas Chabot, Artem Zub et Erik Brannstrom sont les trois joueurs des remparts tombés au combat.

La fin de l’ère Dorion à Ottawa

Dorion était à l’emploi des Sénateurs depuis 2007. Il avait rejoint l’équipe en tant que dépisteur en chef, après 11 ans avec le Canadien de Montréal et 2 avec les Rangers de New York. Il est devenu adjoint au directeur général en 2014.

Quand Bryan Murray a quitté son poste de DG en 2016 pour soigner le cancer qui allait l’emporter en 2017, Dorion a pris sa place.

Pendant les huit saisons de Dorion au poste de DG, les Sens n’ont fait les séries qu’une seule fois, en 2017.

S’il n’a pas voulu se prononcer sur les premières années de travail du Franco-Ontarien à la barre, il mentionne qu’il a quand même mis son empreinte sur l’équipe actuelle. Il nomme Tim Stützle, Jake Sanderson et Brady Tkachuk comme exemples.

Mais il est plus critique des trois dernières années.

« On n’a pas eu de premier choix l’année dernière. On n’a pas eu de choix l’année précédente. Et maintenant, on perd un autre premier choix. Pourquoi ? On a besoin de choix de première ronde. »

Et sur l’échange de Dadonov : « notre devoir de vigilance a été ignoré. Je ne sais pas si ça a été fait délibérément. Mais on a été carrément négligents. »

La conférence de presse du charismatique Andlauer a été riche en citations chocs. Lorsqu’il a été question de la suspension de Shane Pinto, il a démontré avec verve une contradiction de la LNH.

« Je regarde un jeune homme qui gagne des millions de dollars, qui représente des millions de personnes dans une communauté. Mais qui n’a que 21 ans. Et tout à coup, il se blesse. Il a du temps, de l’argent et son téléphone entre les mains. Et il voit une publicité de BetMGM avec Wayne Gretzky qui fait la promotion des paris sportifs. »

Puis, après une courte hésitation : « je n’en dirai pas plus que ça. »

L’échange annulé

À l’aube de la date limite des transactions en 2022, les Golden Knights avaient tenté d’échanger Dadonov et un choix de deuxième ronde aux Ducks en retour du défenseur John Moore et de l’attaquant, blessé, Ryan Kesler.

À ce moment-là, la LNH avait indiqué que la transaction n’avait pu être conclue puisque le contrat de Dadonov comprenait une clause de non-échange limitée, « laquelle n’a pas été respectée ».

Les Golden Knights, qui ont éventuellement échangé Dadonov au Canadien de Montréal, ont déclaré par voie de communiqué mercredi : « Nous apprécions la diligence de la ligue dans ce dossier et respectons la décision. »

Dadonov a été échangé du Canadien aux Stars de Dallas à l’aube de la date limite des transactions la saison dernière, et il a accepté une prolongation de contrat de deux saisons et 4,5 millions.

Avec La Presse Canadienne