Le monde du hockey est en mode réaction à la suite d’un tragique accident survenu sur une patinoire, en fin de semaine au Royaume-Uni, et se questionne sur les gestes à poser pour éviter que ça se produise de nouveau.

Hayley Wickenheiser demande le port obligatoire du protège-cou « à tous les niveaux du hockey » après que l’ex-joueur de la LNH Adam Johnson soit décédé après avoir été atteint par une lame de patin lors d’un match présenté en Angleterre samedi dernier.

Wickenheiser, qui a décroché quatre médailles d’or olympiques avec l’équipe canadienne de hockey féminin, a fait ses études en médecine après avoir annoncé sa retraite sportive et agi présentement à titre d’adjointe au directeur général des Maple Leafs de Toronto Brad Treliving.

Elle a publié sur la plateforme’X’que le risque est beaucoup trop grand lorsqu’un joueur décide de ne pas porter de protège-cou — même si cette pièce d’équipement n’a pas la réputation d’être « cool ».

« Je sais que ce n’est peut-être pas la chose la plus “cool”, mais il est temps de rendre obligatoire le port du protège-cou à tous les niveaux du hockey. Le risque est bien trop grand pour ne pas le faire », a déclaré Wickenheiser dans un message de condoléances à la famille de Johnson.

Le protège-cou n’est pas obligatoire dans la LNH. La Ligue de hockey junior majeur du Québec et celle de l’Ontario obligent leurs joueurs à en porter un.

Hockey Canada exige également que les joueurs enregistrés auprès de son organisation qui évoluent dans les rangs mineurs ou dans les ligues féminines doivent porter cette pièce d’équipement.

Lundi, les dirigeants de la Ligue junior de l’Ouest ont annoncé qu’ils révisaient leur position sur le port obligatoire de protège-cou dans la foulée de la tragédie.

Johnson, originaire du Minnesota et qui a joué 13 matchs dans la LNH avec les Penguins de Pittsburgh, était sur la glace pour les Panthers de Nottingham de la Elite Ice Hockey League dans un match de la Challenge Cup contre les Steelers de Sheffield lorsqu’il a subi la blessure qui allait s’avérer fatale, en deuxième période.

L’Association anglaise de hockey sur glace, l’instance dirigeante du sport en Angleterre et au Pays de Galles, a annoncé lundi que le port du protège-cou sera obligatoire à tous les niveaux du hockey anglais à compter du 31 décembre.

L’Association a indiqué qu’elle ne pouvait pas appliquer les règles immédiatement en raison de problèmes de chaîne d’approvisionnement.

« Bonne chose de leur part d’agir », a mentionné Sam Lafferty, un attaquant des Canucks de Vancouver.

« Lorsque nous sommes jeunes, nous portons des protège-cous pour une raison. Ça vaut la peine de s’y pencher (de la part de la LNH). »

Lafferty, un ancien joueur des Penguins, a obtenu une mention d’aide sur le seul but de Johnson dans la LNH.

« Je m’en souviens très bien […] Je peux encore voir l’expression de son visage », a relaté Lafferty. « L’exaltation, la joie à l’état pur. »

Scott Arniel, l’entraîneur-chef par intérim des Jets de Winnipeg, a déclaré qu’il s’attend à ce que la LNH se penche sur cet enjeu.

Arniel était un attaquant des Sabres de Buffalo lorsque son coéquipier, le gardien de but Clint Malarchuk, a été atteint au cou par une lame de patin lors d’un match le 22 mars 1989.

« J’ai été aux premières loges et j’ai vu cela se produire lors d’un match, et c’est l’une des choses les plus effrayantes que j’aie jamais vues », a déclaré Arniel à des journalistes à Winnipeg. « Je sais que c’est déjà une règle dans le hockey mineur et dans le hockey junior, alors nous verrons bien.

« La ligue va probablement se pencher sur la question et prendre une décision pour l’avenir », croit-il.

Malarchuk a survécu à cette blessure potentiellement fatale, mais il a été victime d’un syndrome de stress post-traumatique.

L’attaquant des Panthers de la Floride Richard Zednik, qui a déjà enfilé l’uniforme du Canadien de Montréal, a subi une blessure similaire en 2008.

L’attaquant Jakub Lauko des Bruins de Boston a évité une blessure grave mardi dernier lorsqu’il a reçu une lame de patin près de son œil gauche après être tombé sur la glace contre les Blackhawks de Chicago.

L’entraîneur-chef du Canadien Martin St-Louis, qui a dirigé ses fils dans le Connecticut avant d’accepter le poste à Montréal, a été associé d’assez près à une situation semblable lorsque Teddy Balkind, un joueur de 16 ans fréquentant l’école secondaire, est décédé à Greenwich, au Connecticut, après s’être coupé le cou avec le patin d’un autre joueur.

St-Louis s’est dit très favorable à l’obligation pour les joueurs de moins de 18 ans et de moins de 20 ans de porter un protège-cou, mais il n’est pas certain que cette mesure soit appliquée dans la LNH.

« Peut-être que oui, mais je ne pense pas que ce sera le cas dans la LNH. Mais c’est mon opinion », a déclaré St-Louis, qui a qualifié l’accident de « terrible » lors d’une mêlée de presse avec des journalistes de Montréal lundi à Las Vegas.

« Je serais très pour ça qu’en bas de 18 ans, qu’en bas de 20 ans, qu’il y ait plus de protection là, parce que des accidents arrivent, surtout que ç’a été proche de moi il y a deux ans. »

Le joueur de centre Mark Scheifele, des Jets de Winnipeg, s’attend à ce que cet enjeu fasse beaucoup parler. Un peu comme lorsque l’attaquant Evander Kane, des Oilers d’Edmonton, a subi une grave blessure à un poignet, résultat d’une coupure d’une lame de patin l’an dernier.

« Quand Evander Kane a été coupé au poignet, nous avons évidemment évalué plus de protections pour le poignet et d’autres choses de ce genre », a déclaré Scheifele. « Je suis sûr qu’il y aura des discussions à ce sujet et qu’il s’agira d’une décision plus individuelle sur ce qu’il faut faire. »