Dans la tourmente, Mike Babcock a démissionné de son poste d’entraîneur-chef des Blue Jackets de Columbus, dimanche. L’organisation a annoncé que son adjoint Pascal Vincent prenait les rênes de l’équipe.

Et pas question de lui offrir le poste par intérim : le Lavallois a d’ores et déjà signé un contrat de deux ans avec Columbus.

On n’en était qu’aux balbutiements de la présaison des Blue Jackets quand la controverse a frappé Babcock à nouveau. L’entraîneur était accusé d’avoir exigé de parcourir les photos que contiennent les téléphones de ses joueurs. Ces allégations ont été formulées dans la balado Spittin’ Chiclets, animée par l’ex-joueur Paul Bissonnette, mardi dernier.

Babcock, qui rejetait en bloc ces accusations, amorçait sa première saison chez les Blue Jackets.

« Ç’a été une décision difficile pour tout le monde », a indiqué le directeur général Jarmo Kekäläinen dans un communiqué. Le dirigeant de la formation de l’Ohio confirme par ces mots que la démission de Babcock s’est plutôt faite de concert avec l’organisation.

On estime que cette décision était nécessaire pour s’assurer que nos joueurs et notre saison demeurent au centre de notre concentration.

Jarmo Kekäläinen, directeur général des Blue Jackets de Columbus

« Au nom de toute l’organisation, nous voulons remercier Mike pour le professionnalisme qu’il a démontré pendant que nous établissions un plan afin qu’il cède sa place », ajoute le DG.

Babcock explique que sa présence à la tête des Blue Jackets allait devenir une « distraction trop importante ».

« Bien que je sois déçu de ne pas pouvoir continuer le travail amorcé, j’estime que mon départ est la meilleure solution pour l’organisation. »

Six jours plus tard, il est parti

Dans la populaire balado, en citant un joueur de la LNH sans le nommer, Bissonnette raconte que Babcock aurait convoqué Boone Jenner, capitaine de l’équipe, dans son bureau. Le pilote aurait ensuite demandé à l’attaquant de se connecter à une télévision afin de passer en revue les photos sur son appareil, cela afin « de savoir quel type de personne » est le patineur de 30 ans.

Ces propos, qui ont été confirmés par l’ex-défenseur Mike Commodore, critique de longue date de Babcock, ont enflammé les réseaux sociaux la semaine dernière. Différents médias ont rapporté que l’organisation et l’Association des joueurs s’étaient penchées sur le dossier pour vérifier la validité des accusations.

« Nos joueurs méritent d’être traités avec respect dans leur milieu de travail », a dit le directeur exécutif de l’Association des joueurs, Marty Walsh. Ce n’était pas le cas à Columbus, malheureusement.

La décision du club d’aller de l’avant avec un nouvel entraîneur-chef est appropriée.

Marty Walsh, directeur exécutif de l’Association des joueurs de la LNH

En après-midi ce mardi-là, les Blue Jackets ont publié un communiqué dans lequel Babcock et Jenner ont nié en bloc cette description de leur première rencontre. Ils ont affirmé que leurs échanges avaient été cordiaux et qu’ils avaient partagé des photos de leur famille respective. « Il n’y a absolument rien de plus », avait maintenu Babcock, qui avait qualifié les propos rapportés par Spittin’ Chiclets de « fausse représentation grossière [et] extrêmement offensante ».

L’entraîneur de 60 ans, qui a remporté la Coupe Stanley en 2008 avec les Red Wings de Detroit, traîne un lourd passé. D’anciens joueurs l’ayant côtoyé à Detroit, où il a passé une décennie, l’ont décrit comme un intimidateur. À Toronto, où il a passé un peu moins de cinq saisons, des tactiques jugées inappropriées avec des recrues ont été mises au jour. Rapidement, après que les Leafs lui eurent montré la porte en novembre 2019, il avait été classé dans la catégorie des infréquentables.

Il s’est tenu à l’écart de la LNH pendant trois ans et demi. Puis, le 1er juillet dernier, alors que son onéreux contrat le liant aux Maple Leafs était échu, les Blue Jackets ont annoncé son embauche en grande pompe. Babcock avait alors affirmé avoir amélioré ses qualités de communicateur.

Une première occasion pour Vincent

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Pascal Vincent alors qu’il était entraîneur adjoint avec les Jets de Winnipeg

Ça fait longtemps que Vincent traîne sa bosse autour de la LNH. S’il dit avoir hâte de se mettre au travail et apprécier la « confiance » que lui offre son employeur, il reconnaît qu’il s’agit d’une « journée difficile ».

« Nous avons un bon groupe de gars qui a travaillé très fort pour se préparer en vue de cette saison, explique-t-il dans le communiqué. Mon but sera de travailler avec notre personnel pour s’assurer que nos joueurs s’améliorent chaque jour, et soient prêts pour une saison qui s’annonce excitante. »

Le Québécois a été employé de l’organisation des Jets de Winnipeg pendant 10 ans avant de se joindre aux Jackets en 2021. Il a occupé le poste d’adjoint chez les Jets de 2011 à 2016, puis celui d’entraîneur-chef du Moose du Manitoba de 2016 à 2021. Il a été l’adjoint de Brad Larsen à Columbus lors des deux dernières années.

Avant son entrée chez les pros, Vincent a fait sa marque dans la LHJMQ, avec les Screaming Eagles du Cap Breton, de 2000 à 2008, puis chez le Junior de Montréal, de 2008 à 2011.

Avec Simon-Olivier Lorange, La Presse