(Montréal) Six jeunes ukrainiens qui avaient participé au célèbre tournoi annuel de hockey pee-wee de Québec, l’hiver dernier, reviendront dans la capitale nationale le mois prochain, mais cette fois pour y vivre et aller à l’école.

Les six joueurs faisaient partie d’une équipe ukrainienne d’enfants de 11 et 12 ans qui avaient été comblés d’attentions lors du Tournoi international de hockey pee-wee de Québec, en février.

L’un des organisateurs du tournoi, qui avait réussi à amener cette équipe bien spéciale, affirme que les six garçons avaient exprimé à l’époque le souhait de rester au Québec, mais qu’ils avaient dû rentrer chez eux en raison des exigences de visa.

Sean Bérubé, homme d’affaires de la région de Québec, raconte que vers la fin de leur séjour, certains garçons ont demandé à leur « famille d’accueil » s’ils ne pourraient pas poursuivre à Québec leur parcours scolaire et sportif.

Nous avons parlé avec ces garçons, et je leur ai dit qu’il valait mieux pour eux de rentrer, de se conformer aux règles d’immigration, mais que je ferais de mon mieux pour leur trouver une école.

Sean Bérubé, homme d’affaires de la région de Québec

Il a déclaré lundi que les garçons avaient obtenu des visas pour suivre des cours et jouer au hockey à l’école secondaire de langue anglaise St. Patrick, à Québec.

« Nous sommes en fait assez chanceux que tous les six soient dans la même école et jouent pour la même équipe », a expliqué M. Bérubé dans une entrevue depuis l’Europe.

Ces jeunes ukrainiens avaient été accueillis comme de véritables vedettes du hockey professionnel en février à Québec, jouant à guichets fermés au Centre Vidéotron et participant à de nombreuses activités et évènements dans la capitale et ailleurs. Ils ont notamment assisté à un entraînement des joueurs du Canadien de Montréal et à un match de la Ligue nationale.

« Depuis leur retour [en Europe], ils parlent presque quotidiennement avec leurs parents restés en Ukraine du Québec et de leur expérience », a indiqué M. Bérubé. Mais ils ont été prévenus que ce voyage serait bien différent.

« Je leur ai dit : ‟ça va être sérieux”, a souligné M. Bérubé. Ils viennent ici pour être comme des enfants québécois ordinaires, aller à l’école, jouer au hockey et essayer de vivre une enfance normale. »

M. Bérubé précise qu’un des six joueurs vient à Québec avec sa mère, tandis que les cinq autres retrouveront les familles d’accueil qui les avaient hébergés pendant le tournoi de hockey.

Les garçons sont originaires de Kyiv, de Dnipro et d’Odessa ; ils ont tous vécu la guerre en Ukraine. M. Bérubé se souvient d’avoir parlé à l’une des mères de l’option québécoise le jour même où leur appartement à Dnipro avait brûlé à la suite d’une frappe aérienne à proximité.

Sur les six joueurs qui viendront à Québec, un a déjà perdu son père pendant la guerre et au moins deux autres voient rarement le leur, parti au combat, a relaté M. Bérubé.

On ne sait pas combien de temps les garçons pourront rester au Québec, mais M. Bérubé espère que ce projet se prolongera au-delà de la prochaine année scolaire.

Ce qui a commencé comme une mission personnelle s’est également transformé en un effort de la communauté. Un groupe de bénévoles a lancé un organisme à but non lucratif pour aider financièrement les garçons. Ils ont nommé l’organisation « Mission Druzhba », en l’honneur de l’équipe « Druzbha-78 » qui avait participé au tournoi pee-wee de Québec en 1992.

Olivier Hubert-Benoit, père de trois enfants, à Québec, qui travaille maintenant avec M. Bérubé au sein de l’organisme, s’est impliqué en février dernier dès qu’il a appris l’arrivée des jeunes ukrainiens. Il a hébergé deux des joueurs l’hiver dernier, et l’un des six emménagera avec lui à son arrivée, fin août.

« Même avant le tournoi pee-wee, lorsque la guerre a éclaté en Ukraine, ma femme et moi avions envisagé d’aider d’une manière ou d’une autre, a-t-il déclaré. Nous sommes heureux d’agir et d’aider à soulager un peu certaines souffrances. »

En plus d’aider à assumer certains des coûts pour les élèves, a expliqué M. Hubert-Benoit, l’organisme à but non lucratif recueille également des fonds pour permettre à une autre équipe établie en Ukraine de venir participer au tournoi pee-wee annuel.

De son côté, M. Bérubé a hâte de revoir les enfants et se réjouit du soutien de la communauté de Québec. « J’ai eu quatre semaines d’émotions vraiment fortes et très intenses avec eux en février, alors je me suis vraiment attaché à eux et je veux les revoir, a-t-il assuré. Mais aussi, maintenant, je ne suis plus seul dans tout ça. »