(Nashville) En décembre 2019, les Stars de Dallas congédiaient leur entraîneur-chef sans préavis. Jim Montgomery avait agi de manière « non professionnelle », avait argué l’équipe. On apprendra plus tard qu’il éprouvait d’importants problèmes d’alcool.

Trois ans et demi plus tard, le même Montgomery a été nommé entraîneur-chef de l’année lors de la remise des honneurs de fin de saison de la LNH, à Nashville. Un choix évident, vu la campagne d’exception que viennent de connaître les Bruins de Boston qu’il dirige aujourd’hui. Un choix qui confirme surtout à quel point le Montréalais de 53 ans revient de loin.

Sur la scène du Bridgestone Arena, Montgomery a parlé de sa « deuxième chance » et a abordé ses démons sans pudeur. Le trophée Jack-Adams dans les mains, il a lancé un message aux personnes aux prises avec des dépendances : « Vous pouvez changer, mais ça n’arrive pas tout seul. Il faut une équipe, une communauté. Je serai éternellement reconnaissant. »

Devant les journalistes, foule devant laquelle il est résolument plus à l’aise, il en a rajouté. Il a rendu hommage à sa famille : ses sœurs, son frère, sa belle-famille et, bien sûr, sa femme et ses enfants. Notamment ses deux garçons de 12 et 14 ans « qui ont tout vu » de son histoire depuis trois ans et demi. « J’espère que ça les aidera dans le futur », a-t-il souhaité.

Chaque jour, au réveil, il écrit. Pour exprimer sa « gratitude », dit-il. Quelques mots, quelques lignes, ses pensées du moment. Lundi matin, à quelques heures du gala de la LNH, il a pensé au chemin parcouru. À ses proches, ceux qu’il a nommés le soir venu. À ses collègues entraîneurs, même aux arbitres, qui lui ont parlé ou l’ont encouragé à travers le temps.

En acceptant sa « vulnérabilité », il croit avoir développé une « force » auprès de ses joueurs. « Ça donne plus confiance qu’autre chose », croit-il. Il s’inspire de sa propre expérience dans son approche avec ses hommes. « Tout le monde a ses batailles, tout le monde a besoin de soutien. C’est important de n’échapper personne. »

C’est d’ailleurs avec « honnêteté » qu’il compte aborder la prochaine saison de ses Bruins. Gagner le trophée Jack-Adams n’a pas été un gage de longévité pour ceux qui sont passés avant lui. Cinq des six derniers lauréats ont été congédiés au cours des trois années suivantes.

Montgomery ne s’en formalise pas. « Je pense qu’il faut être honnête avec les joueurs et avec l’équipe, note-t-il. Quand tu dis ou penses quelque chose, peut-être que les joueurs ne vont pas toujours être d’accord, mais ils vont se sentir respectés s’ils se sentent inclus. S’ils savent qu’il y a un plan vers le succès. »

Le trophée Jack-Adams est attribué par les diffuseurs de la LNH. Montgomery a été le choix quasi unanime des jurés, qui lui ont attribué 79 de leurs 82 votes de première place.