Ryan O’Reilly ne gagnera peut-être pas le trophée Selke cette année, mais il a la chance d’accomplir bien plus ce printemps. Comme aider une ville en entier à chasser une guigne vieille de 19 ans.

O’Reilly y a certainement mis du sien, samedi. Sa performance digne du joueur qui a gagné tous les trophées en 2019 a permis aux Maple Leafs de Toronto de l’emporter 4-3 en prolongation sur le Lightning, samedi, à Tampa, dans le troisième match de la série de premier tour. Les Leafs mènent la série 2-1.

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Par où commencer ? Par son but égalisateur, marqué avec une minute à jouer à la troisième période ? Par sa mise au jeu gagnée dans la dernière minute de la première prolongation, remportée de façon si décisive que c’est devenu une passe à Morgan Rielly, qui a aussitôt marqué d’un tir des poignets pour clore le débat ? Par son tir bloqué à la toute fin de la troisième période ?

On pourrait ajouter son implication dans la mêlée suivant l’inquiétante chute de Brayden Point, rappelant qu’il était non seulement prêt à aller à la guerre avec les Torontois, mais aussi à les y entraîner avec lui. À cet effet, on peut se demander si l’implication d’Auston Matthews découle aussi de l’enthousiasme contagieux du numéro 90.

Qu’importe, O’Reilly s’avère jusqu’ici un ajout payant pour les Leafs. Il avait commencé en saison, en amassant 11 points en 13 matchs à son arrivée dans sa ville natale. Il poursuit ça depuis le début des séries. Avec un but et deux passes samedi, l’homme aux yeux non protégés compte cinq points en trois matchs dans cette série, tout en présentant son quasi habituel taux de succès de 62 % aux mises au jeu.

Sa performance a aussi rappelé que le directeur général des Leafs, Kyle Dubas, a eu jusqu’ici la main heureuse avec certaines de ses transactions de fin de saison. O’Reilly lui a donné 22 solides minutes samedi. Jake McCabe, un nouveau venu à la ligne bleue, en a joué 28.

Ajoutons Noel Acciari, auteur du premier but, mais aussi un des seuls qui semblait vouloir vérifier si Victor Hedman est bel et bien en santé, en le frappant. C’est sans oublier Luke Schenn, un ajout de profondeur, dont le leadership pendant les échauffourées de la troisième période a été souligné par l’ancien joueur Kevin Bieksa sur les ondes de Sportsnet.

Malheureusement pour Dubas, ces ajouts seront jugés sur la simple base de la capacité de son équipe à gagner un premier tour éliminatoire depuis 2004. Les Leafs sont maintenant à mi-chemin. S’ils ratent encore leur mission, le travail de Dubas en cet hiver 2023 sera une simple note en bas de page de son bilan. Telle est la réalité dans un marché qui attend des succès printaniers depuis trop longtemps.

Pas le gardien attendu

Ceux qui prédisaient la victoire aux Maple Leafs dans cette série avaient bien des raisons de le faire. De la fabuleuse ligne de centre des Torontois à la fin de saison louche du Lightning, les raisons de favoriser les Leafs étaient nombreuses. On aurait pu ajouter l’état de santé de Hedman, mais sa performance samedi, à son retour, calmera les inquiétudes.

Mais devant le filet, il n’y avait, théoriquement, pas photo entre Andrei Vasilevskiy et Ilya Samsonov.

Cette série n’est pas exactement un duel de gardiens jusqu’ici, mais contre toute attente, Samsonov est supérieur à son compatriote ces temps-ci. Rappelons la mythique invincibilité de Vasilevskiy lors des trois dernières années en séries : 48 victoires, 23 défaites, moyenne de 2,09, efficacité de ,928. Pas pour rien qu’il a mené son club en finale trois années de suite.

Ce printemps, le numéro 88 montre une efficacité de ,853 après trois départs. Des buts comme celui d’Acciari en début de match, ou le filet égalisateur d’O’Reilly, accordé sur le genre de séquence où il excelle à se faire massif dans son demi-cercle, Vasilevskiy n’en accorde pas quand il est au sommet de son art.

En ouvrant ainsi la porte aux Leafs, Vasilevskiy a aussi permis à son rival de rebâtir sa confiance. Samsonov a connu une première période difficile et même au deuxième vingt, il peinait à localiser les rondelles et distribuait les retours généreux. Mais plus le match avançait, plus Samsonov retrouvait ses aises et abordera maintenant la prochaine joute sur une lancée de deux victoires consécutives. Dans les circonstances, son efficacité de ,878 dans cette série ne dit pas tout.

La présente génération des Leafs a été construite autour d’attaquants au talent inouï. Que Samsonov tienne tête au grand Vasilevskiy constituerait un dénouement rocambolesque.