(Raleigh) On va passer rapidement par-dessus le résultat et la marque finale, parce qu’en ce moment, ce n’est pas vraiment ce qui compte.

Les Hurricanes ont gagné ce match assez facilement – en troisième en tout cas, ça avait l’air très facile –, par la marque de 6-2. Rien de surprenant ici. Les deux clubs s’en vont dans des directions opposées, et en plus, Jesperi Kotkaniemi a marqué un but d’une rare beauté, comme pour bien enfoncer le clou.

(Re)lisez notre couverture en direct Consultez le sommaire de la rencontre

Mais ce n’est pas ce qui est important ici.

Ce qui est important, c’est que la période des auditions est déjà commencée pour 2023-2024. Martin St-Louis ne s’en va nulle part, ses patrons non plus, alors en ce moment, il y a des calepins de notes qui se noircissent, mesdames et messieurs.

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

L’ancien du Canadien Jesperi Kotkaniemi (82) célèbre avec ses coéquipiers Jaccob Slavin (74) et Martin Necas (88) après son but inscrit en première période.

Parce qu’il faut déterminer qui on veut ramener et qui on ne veut pas ramener, et, ensuite, déterminer comment on peut se défaire de ceux dont on ne veut plus les services. Et il se trouve que les faiblesses sautent aux yeux quand un club comme le Canadien affronte un adversaire aussi redoutable que celui-ci.

On voit qu’on a encore du chemin à faire. Les équipes comme ça, elles te font réaliser ce que tu dois essayer d’atteindre. Mais on va continuer à travailler pour tenter de trouver des solutions afin de s’aider à avancer.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

L’entraîneur montréalais, qui est d’ordinaire à même de voir le verre à moitié plein, ne pouvait pas être très heureux de cette difficile performance. C’est une chose de voir un Kovacevic avoir de la misère à suivre le rythme, c’est plus difficile de constater que des vétérans expérimentés comme Wideman, Drouin ou Dadonov peuvent paraître complètement mêlés pendant 60 très longues minutes.

« On est capables de jouer avec tout le monde, je pense qu’on l’a démontré, a ajouté Martin St-Louis. C’est juste qu’il y a des soirs comme ça, il y a des périodes comme ça. On va regarder la vidéo, essayer de corriger les erreurs. On va analyser ça… »

La direction du Canadien peut bien regarder toutes les vidéos possibles, y compris des coffrets et des éditions spéciales en DVD, la réalité est inéluctable : il y avait jeudi soir à Raleigh plusieurs joueurs qui ne méritent plus leur place au sein de cette équipe. Pas si le but, en tout cas, est de bâtir une culture gagnante en vue de frayer avec l’élite dans deux ou trois ans.

Ensuite, il y a les autres, ceux qui pourraient revenir, mais peut-être pas. Ce serait leur moment de briller un peu.

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

Michael Pezzetta (55) et Chris Wideman (6)

« J’essaie seulement d’aller sur la glace et de travailler aussi fort que je le peux, a répondu Michael Pezzetta, auteur d’un but. Je n’aime pas me mettre à penser à l’avenir ou à quoi que ce soit du genre. Je me concentre sur aujourd’hui, et j’essaie de gagner aujourd’hui. Je vais penser à demain quand demain arrivera. »

Mais demain va arriver bien assez vite. Le 3 mars va arriver bien assez vite aussi, et il y aura des décisions à prendre. Pendant que c’était la fête ici dans les gradins, pendant qu’on imitait sans arrêt les cris de Ric Flair en troisième période et qu’on chantait Sweet Caroline d’un bout à l’autre de l’aréna, il y avait une vingtaine de visages défaits au banc des visiteurs, comme si la réalité les avait frappés de plein fouet.

Martin St-Louis nous rappelle souvent que le chemin sera long. Ce jeudi soir à Raleigh en fut une autre preuve.

Dans le détail

Enfin, un but du Canadien à Raleigh

Pour des raisons de calendrier équilibré, le Canadien ne passe pas souvent par Raleigh. Ça n’a pas été le cas récemment, du moins, si on ajoute à ça la saison de COVID-19, qui a été disputée entièrement à l’intérieur d’une division toute canadienne. C’est donc avec un enthousiasme débordant qu’il nous est possible d’affirmer que Michael Pezzetta a fait l’histoire en ce joli jeudi soir dans ce coin de pays. En effet, son but en début de match était le premier du Canadien sur la patinoire des Hurricanes depuis le 31 décembre 2019, quand Max Domi avait réussi le seul but du Canadien dans une défaite de 3-1. Depuis, le Canadien avait disputé deux autres rencontres chez les Hurricanes et avait été blanchi chaque fois, une longue et désastreuse sécheresse qui a enfin pris fin jeudi soir. Il était temps.

Cam Ward au Temple des Hurricanes

PHOTO KARL B DEBLAKER, ASSOCIATED PRESS

Rod Brind’Amour et Cam Ward lors de la cérémonie d’avant-match qui fait entrer l’ancien gardien au Temple de la renommée de l’équipe.

Le match de jeudi soir a commencé avec 30 bonnes minutes de retard parce que les Hurricanes ont profité de la présence du Canadien pour admettre Cam Ward à leur Temple de la renommée. Ça n’est peut-être pas un hasard, puisque le gardien s’est véritablement fait un nom lors des séries de 2006 face au Canadien. Avec un retard de 0-2 dans la série, Ward avait été envoyé devant le filet des Hurricanes, à la place de Martin Gerber, et les Hurricanes ont gagné les quatre matchs suivants… ainsi que la Coupe Stanley un peu plus tard. « Tout le monde parle de ce moment-là, mais nous, les joueurs, on n’y avait pas trop pensé, parce qu’on savait de quoi Cam était capable, a expliqué l’entraîneur Rod Brind’Amour plus tôt jeudi matin. Il était très bon, c’est juste qu’il n’obtenait pas beaucoup de départs cette saison-là. Mais on a vu de quoi il était capable à partir de là… »

Monahan ? Mystère

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Sean Monahan

On est rendu au moment de l’histoire où il faut se demander s’il y a déjà eu des choses plus mystérieuses sur cette Terre que la blessure de Sean Monahan. Bien sûr, on peut penser aux pyramides d’Égypte, à Stonehenge ou à l’écrasement (allégué) d’un vaisseau extraterrestre à Roswell en 1947, mais l’éventuel retour de Monahan se classe sans doute quelque part dans cette liste. Ainsi, l’attaquant, qui n’a pas joué depuis le 5 décembre et qui devait revenir au jeu, mais n’est pas encore revenu, s’est entraîné avec le Canadien jeudi matin à Raleigh, mais vêtu d’un maillot interdisant les mises en échec ou toute forme de rapprochement. Il n’a pas joué lors du match de jeudi soir, et on ne sait pas s’il pourra prendre part au suivant, samedi à Toronto. En date de jeudi, Martin St-Louis ne le savait pas lui non plus. Donc, il est possible de croire que Sean Monahan vit au jour le jour. Mais ne le faisons-nous pas tous ?

Ils ont dit

On a bien joué, ils ont bien joué, mais c’est ça qui est ça. Ils ont su profiter de leurs chances.

Rem Pitlick 

On a échappé ce match, nous sommes peut-être un peu tombés dans une forme de complaisance.

Michael Pezzetta 

On aurait pu jouer un petit peu plus rapidement, être mieux organisés. Ils ont un style de jeu, ils sont dans ta face tout le match. Il faut que tu sois vite, que tu mettes des rondelles derrière eux. Je trouve qu’on a fait un meilleur travail en deuxième, on est allés chercher un gros but pour égaliser. En troisième, ç’a été dur, ils ont marqué les trois buts en trois minutes. Ç’a été pas mal tout…

Martin St-Louis