L’entraînement de lundi tire à sa fin, les joueurs effectuent leurs derniers exercices quand Brendan Gallagher reçoit une passe parfaite à la droite du gardien, là où Gallagher est bien posté pour le tir sur réception.

Il s’élance de toutes ses forces, comme s’il était dans un match. Mais Samuel Montembeault glisse et fait l’arrêt.

L’entraînement était particulièrement long pour une journée de déplacement – l’équipe devait ensuite filer à destination de Detroit. Une bonne heure et demie de travail, « mais à la fin, c’était beaucoup d’enseignement, c’était plus lent. Le niveau de difficulté n’était pas ce qu’il était en septembre », assure Gallagher.

Donc ce n’est pas parce qu’il était à bout de souffle qu’il a été incapable de marquer ? « Non, je n’ai jamais pu lever la rondelle ! », rétorque-t-il.

C’était un jeu bien anodin, mais à l’image d’un début de saison pas aussi productif que souhaité pour le numéro 11 du Canadien. Après 12 matchs, Gallagher ne compte que trois points, dont deux buts. Projetée sur 82 matchs, cette production lui vaudrait 14 buts et 7 aides.

En ajoutant ses données de la saison dernière, Gallagher montre un dossier de 9 buts et 18 aides en 68 matchs.

Tirs en baisse

La saison dernière, Gallagher avait connu la pire saison de sa carrière en matière de taux d’efficacité. Il avait marqué sur seulement 4,9 % de ses tirs, un chiffre anormal pour un attaquant.

Dans un tel cas, il est facile de présumer qu’il a simplement été malchanceux, qu’un joueur qui a marqué sur 10 % de ses tirs pendant les neuf saisons précédentes retrouvera ce rythme de croisière. Sur un très mince échantillon jusqu’ici, son taux de succès (7,1 %) est effectivement en hausse. Mais une autre donnée est plus préoccupante : celle des tirs au but. Voyez comment ça évolue depuis 2017-2018, soit sa première saison de 30 buts.

Moyenne de tirs par match de Brendan Gallagher

  • 2017-2018 : 3,39
  • 2018-2019 : 3,68
  • 2019-2020 : 3,83
  • 2020-2021 : 3,03
  • 2021-2022 : 2,54
  • 2022-2023 : 2,33

La baisse depuis le départ de ses fidèles compagnons de trio Phillip Danault et Tomas Tatar (au terme de la saison 2020-2021) est appréciable. Cette saison, Martin St-Louis a tenté de lui donner le même type de stabilité en le jumelant systématiquement à Christian Dvorak, mais Dvorak n’est pas Danault et les résultats se font attendre.

« Je sens que j’obtiens assez de chances, plaide-t-il. On a joué quoi, 12 matchs ? Dans la majorité des matchs, j’aurais pu marquer. C’est facile de regarder mes chiffres. Si je fais ce que j’ai à faire, je suis sûr que sur 82 matchs, ça va finir par s’équilibrer. »

St-Louis est de l’avis de son protégé. « Depuis le début de l’année, si tu regardes les chances dans lesquelles il est impliqué, que ce soit un tir, un retour ou un jeu qu’il fait, c’est assez élevé, a avancé l’entraîneur-chef du Canadien.

« Nos données nous disent qu’il devrait avoir beaucoup plus de production. Est-ce que c’est de la malchance ? Est-ce qu’il manque ses chances ? Je ne le sais pas. Mais quand on regarde sa productivité, où il est sur la glace, comment il se comporte, on est corrects avec Gally. »

C’est sûr qu’on aimerait ça pour lui qu’il trouve le fond du filet, mais les intentions sont très bonnes.

Martin St-Louis

St-Louis ne peut pas comparer le Gallagher d’aujourd’hui avec celui d’il y a trois ans, mais comparativement aux autres membres de l’équipe actuelle, « ses chiffres sont très élevés ».

Nous n’avons évidemment pas accès aux données internes auxquelles St-Louis fait référence, mais elles correspondent à celles de Natural Stat Trick, qui répertorie une moyenne de 5,69 chances de marquer par tranche de 60 minutes pour Gallagher. C’est un sommet chez le Canadien, loin devant Cole Caufield (3,29).

La mesure des chances de marquer demeure très subjective. À Winnipeg, jeudi dernier, on a répertorié au moins trois tirs de qualité pour le Britanno-Colombien face aux Jets. C’était plus tranquille samedi face aux Golden Knights.

Un compliment

Gallagher était un marqueur de 30 buts jusqu’à récemment, et avec une empreinte de 6,5 millions de dollars sur la masse salariale jusqu’en 2027, il touchera le salaire d’un attaquant prolifique. À 30 ans, avec 650 matchs dans le corps et deux opérations à une main, le temps joue évidemment contre lui.

Sauf qu’il a été dit quelques fois que la production offensive du Tricolore repose sur les épaules de Cole Caufield et de Nick Suzuki jusqu’ici cette saison. Tôt ou tard, d’autres avants devront prendre le relais.

En point de presse, Gallagher s’est fait demander si les autres trios pouvaient s’inspirer des deux jeunes complices, voire les imiter.

« Ils font plusieurs choses que peu de joueurs dans le monde peuvent faire, a admis Gallagher. Ce sont des joueurs spéciaux capables de choses spéciales, mais chacun doit respecter son identité. »

Pitlick au ballottage, Pezzetta survit

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Rem Pitlick

Le Canadien a soumis l’attaquant Rem Pitlick au ballottage. Les 31 autres équipes de la LNH ont jusqu’à mardi, 14 h, pour le réclamer. S’il ne l’est pas, il pourra alors être envoyé au Rocket de Laval. Pitlick écoule la première année d’un contrat de deux ans, à 1,1 million de dollars par saison. Samedi, Pitlick a été laissé de côté pour la cinquième fois en 12 matchs cette saison. Dans les sept matchs qu’il a joués, il n’a inscrit aucun point. Le fait qu’il ait été sacrifié pour le surplus d’attaquants constitue une belle marque de confiance pour Michael Pezzetta, qui demeure donc avec l’équipe même s’il a été en uniforme pour un seul match. « Pezz est un gars important dans la culture de l’équipe, a dit St-Louis. Il amène beaucoup d’énergie, d’enthousiasme, et il grandit en tant que joueur. Je le vois jouer un bien plus grand rôle éventuellement. Malheureusement, avec notre nombre d’attaquants, il doit attendre son tour. »

Dadonov s’approche d’un retour

La suspension de Josh Anderson pourrait permettre à Evgenii Dadonov de réintégrer la formation. Le Russe est sur la liste des blessés en raison, selon la ligne de parti, d’un virus, et il sera admissible à un retour mardi. À l’entraînement lundi, il formait un trio avec Jonathan Drouin et Sean Monahan. Il faudra aussi suivre Christian Dvorak, absent de l’entraînement parce qu’il avait droit à une journée de traitements, selon les explications officielles.

Allen devant le filet

Jake Allen défendra le filet du Tricolore à Detroit mardi. St-Louis n’a pas précisé si cela signifie que Samuel Montembeault sera le gardien partant le lendemain, au Centre Bell, contre les Canucks. Lors de sa dernière visite à Detroit, il y a trois semaines, le Tricolore avait été victime de l’incessante pression des Wings toute la soirée et s’était incliné 3-0. « On a plus de répétitions sous pression. Les gars n’ont plus un seul match d’expérience dans la Ligue nationale, ils en ont une dizaine. Comme équipe, on est plus préparés, plus organisés pour ça », a fait valoir St-Louis.

Guillaume Lefrançois, La Presse