(Winnipeg) Filip Mesar et Owen Beck ont été deux dossiers intéressants à suivre pendant le camp d’entraînement du Canadien. Ces deux joueurs de 18 ans, fraîchement repêchés, ont fait écarquiller les yeux, mais passeront malgré tout la saison dans la Ligue de hockey de l’Ontario (OHL), contre des joueurs de leur âge.

À Winnipeg, il y a un jeune de 20 ans qui connaît un départ intéressant, mais qui n’a pas eu à retourner dans les rangs juniors à 18 ans : Cole Perfetti.

Choix de 1er tour des Jets (10e au total) en 2020, Perfetti vient à égalité au 3e rang chez les recrues de la LNH cette saison avec six points (trois buts, trois mentions d’aide) en neuf matchs. Il est employé dans les deux premiers trios depuis le début de la saison.

Or, en janvier 2021, soit trois mois après avoir été repêché, Perfetti s’est retrouvé dans la Ligue américaine. Comme la pandémie empêchait les ligues juniors canadiennes (regroupées dans la LCH) d’amorcer leur saison, les joueurs repêchés de 18 ou 19 ans inscrits dans une des trois ligues ont exceptionnellement eu le droit d’évoluer dans la Ligue américaine. Chez le Canadien, par exemple, cet aménagement a permis à Jan Mysak de jouer avec le Rocket de Laval.

Si l’expérience de Mysak a été peu concluante (2 points en 22 matchs), Perfetti a offert une production plus qu’acceptable avec 26 points en 32 sorties. Et il s’estime aujourd’hui en avance grâce à cette saison.

« J’ai appris à jouer sans la rondelle, j’ai mieux mesuré la vitesse du jeu et j’ai joué contre des hommes, ça m’a aussi aidé », énumère le jeune homme, assis à son casier après l’entraînement des Jets, mardi.

PHOTO MARK J. TERRILL, ASSOCIATED PRESS

Cole Perfetti

Ça a vraiment accéléré mon développement.

Cole Perfetti

Ce qui est particulier dans le cas de Perfetti, c’est qu’à son année de repêchage, il avait terrorisé l’OHL en amassant 111 points (37 buts, 74 aides) en 61 matchs. Il se retrouvait donc dans cet entre-deux où il était trop fort pour les rangs juniors, mais pas assez fort pour la LNH.

C’est un problème qui revient souvent avec les athlètes de cet âge qui évoluent dans la LCH. Il y a bien sûr un enjeu de calibre de jeu, mais aussi un enjeu financier bien réel, que le confrère Martin Leclerc a résumé dans le cadre d’une cause qui est rendue… à la Cour suprême !

Lisez la chronique de Martin Leclerc sur le site de Radio-Canada

Du cas par cas

Dans le vestiaire des Jets, deux joueurs ont vécu différemment cette étape de leur carrière.

D’un côté, il y a Pierre-Luc Dubois. Réclamé au 3e rang par Columbus en 2016, il était déjà mature physiquement, à 6 pi 2 po et 205 lb. Il venait aussi de connaître une campagne de 99 points au Cap-Breton.

« Des matchs, je faisais deux ou trois points, mais je ne jouais pas bien, se souvient Dubois, au centre d’entraînement des Jets. L’année suivante, j’ai fait moins de points [55 en 48 matchs], mais ma game en général était meilleure. Rendu là, les points, je savais que je pouvais en faire. Je voulais développer une autre phase de mon jeu et en retournant dans le junior, j’ai pu le faire. »

Dans la Ligue américaine, tu peux vouloir te développer, mais des fois, le coach est là pour gagner. Donc, tes minutes de jeu ne sont pas pour te développer. Ce sont des minutes pour aider l’équipe à gagner.

Pierre-Luc Dubois

En plus de l’aspect hockey, Dubois rappelle que ce ne sont pas tous les jeunes de 18 ans qui sont prêts pour la vie de hockeyeur professionnel.

« On grandit tellement vite dans ce métier-là… J’ai 24 ans et j’ai l’impression d’en avoir 35 ! À 18 ans, ta vie commence. Mes amis étaient au cégep et là, je me serais retrouvé sur la route, à vivre tout seul. Il n’y a aucune raison d’accélérer ça et de devenir un adulte tout de suite. C’est le fun d’être avec des gars de ton âge.

« Et sur la glace, j’ai toujours pensé que tu dois dominer à un niveau avant de passer au prochain. Pas juste être bon, mais dominer. »

Son voisin de casier, Sam Gagner, a quant à lui accédé à la LNH à 18 ans. En 2007, les Oilers d’Edmonton l’ont repêché au 6e rang, après qu’il a empilé 118 points en 53 matchs dans l’OHL.

Contrairement à Dubois, Gagner croit que la règle interdisant aux joueurs issus du hockey junior canadien d’évoluer dans la Ligue américaine à 18 ou 19 ans pourrait être revue.

« Les jeunes qui arrivent de la NCAA ou de l’Europe peuvent jouer à 18 ans, donc ça serait bien que les jeunes de la LCH y aient aussi droit. Mais je sais que ça serait beaucoup demander à ces ligues. »

PHOTO ISAIAH J. DOWNING, USA TODAY SPORTS

Sam Gagner

Il y a des joueurs trop bons pour le hockey junior, mais qui ne sont pas non plus prêts pour jouer dans un top 6 de la LNH.

Sam Gagner

Perfetti, lui, même s’il a profité de l’aménagement particulier de la saison de la pandémie, croit que le statu quo est préférable. « La CHL perdrait beaucoup de jeunes de 18 ans et ce sont eux, les têtes d’affiche de la ligue. Pour ma part, j’ai été chanceux, mais les circonstances étaient exceptionnelles. »

La LCH se battra évidemment toujours pour maintenir les règles actuelles. Il sera toutefois intéressant d’observer les joueurs de la génération de Perfetti qui ont profité d’un aménagement différent.

En bref

Revoici Rick Bowness

PHOTO JOHN WOODS, LA PRESSE CANADIENNE

Rick Bowness, entraîneur-chef des Jets

Rick Bowness était de retour avec les Jets après que des étourdissements l’eurent forcé à rester à la maison pendant le récent voyage de trois matchs de l’équipe. L’homme de 67 ans a dirigé une partie des exercices du jour, exercices lors desquels l’accent a été mis sur le niveau de compétitivité, à deux jours de la visite du Tricolore. « Je vais bien, mais je ne veux plus parler de mon état de santé », a-t-il lancé d’entrée de jeu, avant même la première question de son point de presse. Il a évidemment suivi les activités de son équipe à distance pendant le voyage. « C’est facile de suivre un match à la télévision, sauf pour ma femme qui m’entend crier après la télé ! Mais je n’ai pas été assez présent, donc j’ai besoin que les joueurs me disent ce qui ne fonctionne pas. »

Match difficile

PHOTO ELLEN SCHMIDT, ASSOCIATED PRESS

Jack Eichel (9) a inscrit le but gagnant pour les Golden Knights de Vegas, dimanche soir, contre les Jets de Winnipeg.

Si Bowness parle de ce qui « ne fonctionne pas », c’est que son équipe vient de connaître un voyage difficile malgré une récolte de cinq points sur une possibilité de six. Dimanche, à Vegas, ils s’en sont tirés avec une défaite de 2-1 en prolongation malgré une domination de 48-24 (et 33-8 après deux périodes) des Golden Knights aux tirs au but. « C’était probablement le pire match que j’ai vu de ma carrière, a laissé tomber Dubois. Ce n’était pas beau à voir. Moi, j’ai probablement joué un des pires matchs de ma carrière. Pas grand-chose n’allait bien. »

Nouveau trio

PHOTO ROSS D. FRANKLIN, ASSOCIATED PRESS

Pierre-Luc Dubois (80) et Blake Wheeler (26) unissent leurs efforts, contre les Coyotes de l’Arizona.

Dubois doit d’ailleurs s’adapter à de nouveaux partenaires de trio. Il faudra toutefois voir si la combinaison durera. Habitué de jouer avec le tireur d’élite Kyle Connor, Dubois évolue maintenant avec Perfetti et Blake Wheeler. « Notre trio n’a pas encore trouvé son identité. On va bâtir ça. L’an passé, j’ai joué les 82 matchs avec Connor. Je savais à chaque match ce que je devais faire pour avoir du succès. Cette année, les trios ont changé. Là, je joue avec deux gars qui aiment passer la rondelle. Sauf que moi aussi, j’aime ça. On ne veut pas se ramasser avec 10 buts chacun ! »