(St-Paul, Minnesota) Avoir un surplus de bons joueurs est un heureux problème.

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Ce n’est peut-être pas un « problème » avec lequel compose le Canadien, surtout pas quand on le compare à des équipes rodées comme le Wild du Minnesota, victorieux 4-1 mardi soir contre le Tricolore.

Ce dont cette formation ne manque pas, toutefois, c’est d’attaquants. À plus forte raison d’attaquants d’expérience. Mardi soir, 7 des 12 attaquants en uniforme avaient 26 ans et plus. Et encore, les deux doyens du groupe, Mike Hoffman, 32 ans, et Evgenii Dadonov, 33 ans, ont suivi la joute depuis la galerie de la presse.

Quand on parle du fameux virage jeunesse du CH, il faut donc apporter des nuances. Mardi matin, justement, Martin St-Louis a souligné à quel point il avait « besoin de bons vétérans » pour entourer ses jeunes éléments. Le surplus du moment lui impose des décisions « difficiles », mais il n’en démord pas : « J’aime mieux avoir des vétérans qui manquent des matchs que pas de vétérans. »

Ce luxe n’a franchement pas paru mardi soir à St-Paul. Le premier trio, celui de Nick Suzuki, Cole Caufield et Kirby Dach, a passé la soirée en zone adverse. Rien à redire sur cette toute jeune combinaison aux allures prometteuses.

Derrière eux, toutefois, ç’a été moins réjouissant. Ce que les anglophones appellent le « middle six », donc grosso modo les deuxième et troisième trios, n’ont pas donné grand-chose à se mettre sous la dent à leur entraîneur. À cinq contre cinq, l’unité formée de Sean Monahan, Jonathan Drouin et Joel Armia a été la moins utilisée. Celle de Christian Dvorak, Josh Anderson et Brendan Gallagher a certes eu la tâche ingrate de composer avec les efficaces trios de Kaprizov et de Matt Boldy, mais a peiné à générer des chances de qualité.

Après la rencontre, Martin St-Louis n’a pas critiqué ses joueurs – il ne le fait pratiquement jamais, au fait. Interrogé sur son niveau de satisfaction par rapport au rendement de ses vétérans en attaque, il a été succinct, indiquant qu’il était « satisfait de l’équipe ». Plus précisément sur l’impact d’Anderson, il a estimé que le gros ailier avait « bien joué », bien « protégé la rondelle ». « Je n’ai aucun problème avec Josh », a-t-il conclu.

Il serait en effet alarmiste d’avancer que l’entraîneur-chef a un « problème » entre les mains. Or, en cette saison où le développement des jeunes est sur toutes les lèvres, la gestion de ses joueurs expérimentés pourrait devenir un casse-tête. Les six joueurs des trios 2 et 3, mardi soir, avaient de 26 à 30 ans. Ils ont tous disputé 400 matchs dans la LNH ou s’apprêtent à franchir ce cap. Ils ont aussi marqué, tous ensemble, un grand total de 10 buts cette saison. Caufield et Suzuki, à deux, en ont 12.

A-t-on besoin d’en rajouter ?

Détermination

Cela étant, ce n’est pas comme si le Tricolore avait joué un match horrible non plus. Au contraire, même. La deuxième période a été fatale, mais une première période inspirée et un regain de vie en fin de troisième auraient pu accoucher d’un résultat différent.

« Je suis enchanté de voir ce que les gars font sur la glace, a encore dit St-Louis. [En fin de troisième], on a retiré le gardien et j’avais encore mon temps mort, je sentais qu’on était dans le coup. J’ai confiance en notre manière de jouer, sans tricher. On a montré par le passé qu’on pouvait revenir ; ce soir il nous a manqué de temps. J’ai tout aimé, sauf le résultat. »

De fait, l’entraîneur a souligné que ses hommes avaient probablement disputé un moins bon match jeudi dernier à Buffalo, mais qu’ils s’étaient sauvés avec la victoire.

St-Louis, encore : « Tu ne peux pas seulement être satisfait quand tu gagnes, sinon tu ne progresses pas. C’est un peu obtus. Je préfère avoir une mentalité axée sur la croissance. »

Ce match au Minnesota était le 10e de l’équipe cette saison, première étape symbolique d’une campagne que plusieurs observateurs – notamment dans cette rubrique – voyaient d’emblée comme un long chemin de croix. Cinq victoires plus tard, la catastrophe ne s’est pas produite. Pas encore, en tout cas.

« Je pense qu’on devrait être contents, a lancé Jake Allen. Il y a encore du progrès à faire, mais on a joué beaucoup de bon hockey. Il y a eu quelques moments moins beaux, mais on a bien rebondi. On a facilement changé la cadence, ce qu’on faisait difficilement l’an dernier. »

Cette dernière observation frappe le centre de la cible. Encore mardi, avec un retard de trois buts, les Montréalais n’ont pas lâché.

« Les gars dans ce vestiaire ne cessent jamais de batailler, a confirmé Nick Suzuki. Même en retard de deux ou trois buts, on sait qu’on a le talent pour revenir. »

On se passera de commentaire sur la surabondance de talent dans cette formation, car ce n’est pas ce qui la sauvera cette saison. Il n’empêche que la résilience et la détermination sont de bon ton dans la démarche actuelle du Canadien. Et quand on répète constamment à quel point on tente de bâtir une « culture », ça tombe à point nommé.

En hausse

Cole Caufield

Même s’il n’a pas marqué, il a été une menace constante autour du filet. Il a été crédité de huit tirs au but, un seul de moins que son record personnel.

En baisse

Josh Anderson

Quand il est « hot », il ne l’est pas à moitié. L’inverse est aussi vrai. Il a été un fantôme contre le Wild.

Le chiffre du match

12 min 24 s

C’est le temps de glace de Jonathan Drouin, plus faible total chez le Canadien, et ce, en dépit du fait qu’il évoluait sur un trio offensif.

Dans le détail

Dadonov indisponible

De quel mystérieux mal souffre Evgenii Dadonov ? Votre hypothèse vaut la nôtre. Pour la deuxième fois de suite, le Russe a fait l’impasse sur l’entraînement de son équipe, mardi matin. Il se soumettait une nouvelle fois à une « journée de traitements », selon l’organisation. Il n’est pas blessé, insiste-t-on, mais serait plutôt malade, quoique l’équipe se refuse à divulguer la raison exacte de son indisponibilité. L’ailier de 33 ans continue de côtoyer ses coéquipiers – il a d’ailleurs assisté de la galerie de la presse au match contre le Wild, en compagnie des réservistes Michael Pezzetta et Mike Hoffman. Son sort suscite la curiosité depuis samedi, lorsqu’il a été laissé de côté pour le match contre les Blues de St. Louis. Il avait toutefois pris part à l’échauffement matinal, selon les journalistes sur place. Tous les joueurs ont eu congé dimanche puis, lundi et encore mardi, Dadonov était en « journées de traitement ». On ne sait donc pas à quel moment ce qui l’afflige s’est manifesté. En huit matchs cette saison, le numéro 63 n’a récolté aucun point.

Rossi brise la glace

PHOTO ABBIE PARR, ASSOCIATED PRESS

Kirill Kaprizov (97) reçoit les félicitations de ses coéquipiers Matt Boldy (12) et Joel Eriksson Ek (14) après son premier but de la soirée.

Toujours à la recherche du premier but de sa jeune carrière dans la LNH, Marco Rossi a brisé la glace sur le plan des points, obtenant une mention d’aide sur le troisième but de son équipe. L’Autrichien de 21 ans, plus bel espoir de l’organisation, a connu une saison du tonnerre dans la Ligue américaine en 2021-2022. Or, malgré de bonnes performances, il était toujours blanchi cette saison. En matinée, l’entraîneur-chef Dean Evason avait été élogieux envers ce choix de premier tour en 2020 (9e au total). « Il progresse, il gagne en confiance chaque jour, a dit le pilote du Wild. Il est jeune, il suit sa courbe de progression, il connaîtra des hauts et des bas et on va vivre avec. » Mason Shaw, qui a passé toute la saison avec Rossi dans la Ligue américaine l’an dernier, est allé encore plus loin : « Il est fantastique. Il est tellement calme sur la glace ; il est bien plus mûr que les autres jeunes de son âge. »

Kaprizov dominant

« Il est toujours en mouvement, il comprend où la game s’en va. Un peu comme Nikita Kucherov, la rondelle semble constamment le trouver. » Invité par un journaliste du Minnesota à parler du jeu de Kirill Kaprizov, Martin St-Louis n’avait pas caché son admiration pour l’attaquant russe, après l’entraînement matinal des deux clubs, mardi matin. Il ne croyait pas si bien dire. Kaprizov a été, sans conteste, le joueur le plus dominant sur la glace pendant le match. La rondelle l’a « trouvé » sur son premier but, marqué grâce à une déviation qui, malgré un haut coefficient de difficulté, a semblé d’une facilité déconcertante. Sur son deuxième, il était au bon endroit au bon moment et n’a pas raté sa chance malgré la remise bondissante de Marco Rossi. Et il aurait certainement pu compléter son tour du chapeau en début de troisième période. Son tir foudroyant, décoché de l’enclave, a totalement déjoué Jake Allen, mais la rondelle a heurté la barre horizontale. Kaprizov a désormais inscrit cinq points en quatre matchs en carrière contre le CH.

Ils ont dit

Notre première était une très bonne période. La deuxième nous a fait mal. Mais en général, si on joue comme ça, on n’aura pas trop de problèmes à aller chercher de bons résultats sur la route.

Martin St-Louis

Je n’ai pas besoin de dire à Cole Caufield de tirer. Mais il découvre comment être plus sélectif, il cherche de meilleures options, il porte davantage attention au jeu en général. Je suis impressionné par son jeu sans la rondelle. Une progression en ce sens fera de lui un meilleur joueur de hockey.

Martin St-Louis

Je n’ai pas haï notre match. Ils [le Wild] ont été opportunistes : quand ils ont eu des chances, ils ont marqué. Il y a aussi eu des bonds un peu bizarres, comme sur leur troisième but. Mais en tant qu’équipe, on a travaillé fort. Il faut maintenant trouver le moyen de trouver le fond du filet.

David Savard

Le fit a été bon. [Kirby Dach] est un joueur très intelligent, il aime évoluer avec des joueurs offensifs. Il se place bien et fait de bons jeux. Notre chimie s’améliore à chaque match, et on espère continuer à jouer avec lui pour un moment.

Nick Suzuki sur son trio avec Dach et Caufield