Carey Price rencontrait les médias pour faire le point sur sa situation, lundi midi. Il a parlé de douleur, d’opérations, de sa carrière, des petits bonheurs quotidiens loin de la glace. On aurait pu croire qu’il parlait au passé.

Au même moment, dans un vestiaire à quelques mètres de là, au Complexe sportif Bell de Brossard, Marc-André Fleury, de deux ans son aîné, se préparait à sauter sur la patinoire pour l’entraînement du Wild du Minnesota.

À 37 ans, le cerbère québécois réalise la chance qu’il a de toujours être en santé.

« Il n’y en a plus beaucoup de mon âge. Ça fait bizarre de dire ça ! », s’est exclamé Fleury dans une mêlée de presse après l’entraînement.

« Ça me fait prendre en considération que je suis chanceux de faire ça. Je sais que ça achève, il faut que je profite de ce que je fais et que je m’amuse chaque jour. »

Fleury dispute présentement la 19saison de sa carrière, un fait rare dans le sport professionnel. Bien sûr, le corps est parfois « plus raide » qu’avant, mais « rien d’assez grave » pour l’empêcher de continuer à vivre de sa passion.

Même s’il n’a, de son propre aveu, que très rarement croisé le gardien du Canadien, le Sorelois semblait réellement compatissant à son endroit.

« Pour moi, Carey, c’est un excellent gardien, a-t-il indiqué. C’est plate, c’est triste de voir que c’est ça qui l’arrête… pour l’instant, on ne sait jamais. Mais ce n’est pas sa décision, ce n’est pas parce qu’il est mauvais.

« J’ai toujours aimé le regarder jouer. La pression qui vient avec tout ça, ce n’est pas évident. Il a vraiment bien géré la pression d’être ici. […] Je lui souhaite le meilleur. »

Les avantages de l’expérience

Fleury, comme son équipe, connaît un début de saison qu’on peut qualifier de laborieux. À ses quatre premières périodes de la saison, Fleury a flanché 11 fois, forçant l’entraîneur-chef Dean Evason à le retirer de sa cage.

« On dirait qu’il n’y a rien qui marchait, a-t-il lancé à ce sujet. Plus ça rentrait, plus j’étais fâché. Les gars aussi. On serrait le bâton un peu plus. On jouait plus en maudit, et pas relax. C’est dur d’avoir du succès pour ça. »

Pour moi, c’est important d’être relax et de m’amuser. C’est comme ça que je joue le mieux.

Marc-André Fleury

Les choses sont allées nettement mieux dans les deux matchs suivants. Il a notamment bloqué 39 tirs dans une défaite en prolongation face aux Bruins de Boston. N’empêche, il présente un pourcentage d’arrêts de ,847 et une moyenne de buts accordés de 5,25 après quatre départs. Pas exactement des chiffres habituels pour le gardien qui occupe le troisième rang de l’histoire de la LNH pour les victoires.

« Je n’avais pas regardé ! », a-t-il lancé en souriant à l’évocation de ces statistiques. « Toutes les fois où j’ai vécu quelque chose de difficile, c’est tout le temps une motivation, pour l’orgueil, de passer par-dessus et d’aller gagner la prochaine. De me prouver que je peux encore faire les arrêts. »

Au bout du compte, Fleury n’en est pas à son premier barbecue. Après 943 matchs dans la LNH, il a l’expérience pour faire la part des choses.

« Après l’avoir fait une couple de fois, tu sais que tu peux passer ces moments-là. Je pense que celui-là était plus difficile pour tout le monde dans l’entourage, pour l’équipe aussi, parce que c’est le début de saison. On a confiance en l’équipe, mais rien ne marchait. On se faisait laver.

« Si ç’avait été au mois de janvier, tu te dis : c’est une mauvaise game, on passe à autre chose. Mais je pense que tout est plus grave un peu [en début de saison]. »

Pour ceux qui remettront en question sa place dans le circuit Bettman à l’approche de ses 38 ans – il célébrera son anniversaire le 28 novembre –, sachez qu’il ne s’en fait pas plus qu’il faut.

« À chaque moment difficile, mon âge a souvent été remis en question. Il faut que je sois prêt à dealer avec ça et à comprendre. À cause de mon âge aussi, j’ai de l’expérience pour m’aider mentalement. »