Le manque d’expérience des défenseurs du Canadien vous hante ? Les Coyotes de l’Arizona de 2021-2022 vous invitent à tenir leur bière.

La saison dernière, pas moins de six arrières recrues ont disputé de 16 à 67 matchs sous le soleil du désert. Divulgâcheur : ça ne s’est pas tellement bien passé.

Tirs accordés : 32rang dans la LNH. Chances de marquer accordées : 31rang.

Les rondelles arrivaient de partout. Patiemment, devant son filet, Karel Vejmelka les affrontait.

À la fin de l’été 2021, le Tchèque de 26 ans était, aussi bien le dire ainsi, un total inconnu sur les patinoires de la LNH. Moins d’un an plus tard, il avait disputé 52 matchs et signait un contrat de trois ans. Soudain, en Arizona, on ne peut – ni ne veut – plus s’en passer.

À l’origine, « absolument personne ne le connaissait, on ne savait pas à quoi s’attendre », se rappelle l’attaquant Christian Fischer.

« C’est le seul gardien partant de la ligue qui arrive en point de presse avec un t-shirt du camp de développement », avait d’ailleurs blagué l’entraîneur-chef André Tourigny en mars dernier.

PHOTO NICK TURCHIARO, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

André Tourigny, entraîneur-chef des Coyotes de l’Arizona

Dans le corridor du Complexe Bell de Brossard, où se sont entraînés les Coyotes mercredi à la veille de leur duel contre le Canadien, Fischer se confond désormais en éloges pour son coéquipier.

« Les joueurs de la LNH, on sait quand quelqu’un est bon, a poursuivi l’attaquant. En une semaine, tout le monde savait qu’on avait un bon joueur sous la main. On le lui a dit, et sa confiance a augmenté. Et il ne fait que progresser. »

Il ne faut pas s’arrêter aux statistiques de Vejmelka. Son taux d’efficacité de ,898 et sa moyenne de buts accordés de 3,68, la saison dernière, ne sont pas ceux d’un gardien d’élite. Il est toutefois celui, de toute la ligue, qui a reçu le plus de tirs dangereux par tranche de 60 minutes de jeu à cinq contre cinq, selon le site spécialisé Natural Stat Trick. Son taux d’arrêts devant ces tirs de qualité l’a placé au 23rang parmi les 55 gardiens les plus occupés du circuit.

Cette saison, il était, avant les matchs de mercredi soir, carrément le gardien qui avait déjà reçu le plus de tirs dans la LNH – 123 en trois rencontres. Et les statistiques avancées, malgré un échantillon limité, confirment qu’il est encore le portier le plus malmené du circuit.

Adaptation

En entrevue, le colosse de 6 pi 4 po est d’un calme saisissant. La voix est douce, confiante malgré quelques hésitations en anglais.

J’aime bien recevoir beaucoup de tirs. Tous les gardiens aiment ça, ça aide à rester concentré.

Karel Vejmelka

Sa plus grande adaptation, donc, n’a pas été attribuable au barrage de tirs, mais bien à la taille de la glace et au style de jeu nord-américain, ainsi qu’au long calendrier de la LNH « Avec le voyagement, c’est devenu difficile pour lui, témoigne l’entraîneur-chef André Tourigny. On en a parlé, il a travaillé fort. » Au camp d’entraînement 2022, il est arrivé dans une condition physique exemplaire.

L’an dernier, le Québécois a découvert « quelqu’un toujours prêt à travailler, très stable » et maître de ses émotions. Une heureuse surprise, en ce sens, venant d’un athlète qui était sous à peu près tous les radars.

À l’approche du repêchage de 2014, Vejmelka était classé au 14rang (sur 14) parmi les gardiens internationaux évalués par la Centrale de recrutement de la LNH. Ignoré par toutes les équipes, il a finalement été sélectionné au cinquième tour l’année suivante par les Predators de Nashville. Ces derniers ne l’ont jamais mis sous contrat.

Après avoir navigué entre la première et la deuxième division du championnat tchèque, le jeune homme a signifié à son agent qu’il aimerait tenter de nouveau sa chance dans la LNH. Les Coyotes l’ont mis sous contrat en mai 2021 et, deux mois plus tard, ils avaient échangé ou laissé partir les trois principaux gardiens de leur organisation.

Vejmelka s’est présenté au camp, humblement, dans l’espoir de décrocher un poste dans la Ligue américaine. C’est finalement le club principal qui l’a gardé.

« C’était un rêve devenu réalité, se remémore-t-il. Un sentiment surréel, indescriptible. J’adore tout ce qui m’arrive depuis. »

Pilier

D’inconnu, il est rapidement passé au statut de pilier, encore davantage depuis que les Coyotes ont échangé son partenaire Scott Wedgewood en mars dernier. Il n’est toutefois pas que le gardien par défaut.

Christian Fischer, l’un des joueurs qui ont le plus d’ancienneté chez les Coyotes, s’emballe en parlant de l’impact positif qu’il a sur les (nombreux) jeunes défenseurs de l’équipe.

PHOTO NICK TURCHIARO, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Christian Fischer

« Quand tu sais que le gardien derrière toi peut faire des arrêts avec constance, ça calme énormément, explique-t-il. Ça permet aux jeunes d’être plus à l’aise. Créer un revirement qui coûte un but, c’est le pire feeling. ‟Vedj” leur procure beaucoup de confiance. »

« On se parle beaucoup », confirme J.J. Moser, 22 ans. Ça facilite grandement les choses. C’est un projet qu’on commence, ici. Alors il faut qu’on communique. »

Ce « projet », c’est évidemment la reconstruction des Coyotes, qui semble enfin sur le point de porter ses fruits. Et qui, de fait, emballe Karel Vejmelka.

« On a une équipe très jeune, qui a besoin d’expérience, dit-il. Il y a beaucoup de positif, mais il faut continuer de s’améliorer. Un pas à la fois. »

En bref

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J.J. Moser

J.J. Moser au premier plan

Ignoré trois années de suite au repêchage avant d’être sélectionné au deuxième tour en 2021, Janis Jérôme Moser a appris à être patient. Sa carrière dans la LNH avance toutefois à grande vitesse. À sa deuxième année dans la LNH, et avec moins de 50 matchs d’expérience, le Suisse de 22 ans est le défenseur le plus utilisé de son équipe cette saison – presque 25 minutes par match. Après avoir attendu son tour aussi longtemps, ce n’est pas lui qui va s’en plaindre. « C’est vraiment très cool de sentir la confiance des entraîneurs », a-t-il dit, mercredi, dans un français impeccable teinté d’un accent allemand. « J’essaie de contribuer du mieux que je peux et de la manière la plus profitable possible pour l’équipe », a-t-il ajouté.

Des fleurs pour Kaiden Guhle

L’entraîneur-chef des Coyotes de l’Arizona, André Tourigny, n’a pas à se faire prier pour complimenter Kaiden Guhle, qui a joué sous ses ordres au sein de l’équipe nationale junior. « Je ne suis aucunement surpris » de son succès, a dit le Québécois, mercredi, au sujet du défenseur du Canadien. « C’est un gars bien préparé, un bon professionnel, qui ne fait pas beaucoup d’erreurs, a poursuivi Tourigny. J’avais dit à l’époque qu’au cours des 15 prochaines années, ce serait le gars qui aurait le plus de temps de glace à Montréal. C’est bien parti, il est déjà à 22 minutes, ça n’ira pas en diminuant ! » Vérification faite, c’est plus près de 21, mais l’esprit est le même.

Menace en avantage numérique

L’une des pires équipes de la LNH en avantage numérique l’an dernier, les Coyotes de l’Arizona ont inversé la tendance de façon draconienne en ce début de saison. Avec un taux de succès de 38,5 % (5 en 13), les hommes d’André Tourigny étaient au troisième rang de la LNH avant les matchs de mercredi soir. Le défenseur Shayne Gostisbehere et l’attaquant Nick Ritchie ont déjà quatre points chacun dans ces circonstances. Tourigny a surtout vanté le travail de son adjoint Cory Stillman, qui a contribué à « changer la philosophie et les façons de faire » ainsi qu’à « clarifier et simplifier des choses ». « Souvent, on essaie de rendre les choses plus compliquées qu’elles devraient l’être », a renchéri l’entraîneur.