(Washington) Vendredi midi à Detroit. Le vestiaire du Canadien se vide tranquillement, les entrevues d’avant-match tirent à leur fin. Reste le point de presse de Martin St-Louis.

Lisez ou relisez notre couverture en direct Consultez le sommaire du match

La conférence de l’entraîneur-chef devra attendre. St-Louis est sur la glace avec les joueurs laissés de côté ce soir-là, soit Samuel Montembeault, Corey Schueneman, Michael Pezzetta et Jonathan Drouin.

C’est généralement le travail d’un entraîneur-adjoint que de s’occuper des réservistes, les faire travailler, mais aussi, les aider à garder le moral. Sauf que St-Louis est là, lui aussi, avec l’énergie habituelle du relativement jeune retraité.

Arrive le point de presse et c’est le confrère Marc-André Perreault qui lui pose la question toute simple : pourquoi rester sur la patinoire avec les adjoints au lieu de leur déléguer le travail ?

GUILLAUME LEFRANÇOIS

L’entraînement de vendredi à Detroit

« Un, j’aime ça. Une des choses que j’aime le plus dans le coaching, c’est le travail individuel et c’est une chance de le faire. Je sais que c’est plate, être le gars qui ne joue pas, j’ai déjà été ce gars-là. Je pense qu’ils savent que si je suis là, c’est que j’essaie de les aider et je pense à eux. C’est important. »

St-Louis avait une première occasion de voir les fruits de ce travail, samedi, à l’occasion du duel entre le Canadien et les Capitals. Ça s’est réglé au compte de 3-1 pour Washington. Collectivement, le CH a fait meilleure figure que la veille à Detroit, même si l’attaque demeure timide.

Mais en cette année de reconstruction, le développement est le mot d’ordre et la progression des joueurs est essentielle. Drouin avait une première chance de montrer cette progression ; il était inséré dans la formation à la place de Rem Pitlick.

« Je trouve qu’il a joué un bon match, il était très impliqué, très engagé », a résumé St-Louis.

Cette implication ne s’est pas traduite en chiffres ; Drouin n’a eu qu’une tentative de tir à sa fiche, et il ne s’est pas non plus transformé en Steve Bégin du jour au lendemain. Quelques interventions en zone défensive ici et là, quelques jeux offensifs qui ont fini par avorter ; rien pour écrire à sa mère, mais quand une équipe est limitée à 22 tirs, six chances de marquer (selon Natural Stat Trick) et un petit but, ils sont plusieurs à ne pas avoir de courrier pour maman.

En attendant les résultats, Drouin se plaît dans le processus. « C’est motivant. Martin veut travailler avec certains joueurs. On a parlé toute la semaine, pour que je bouge mes pieds, que je sois en mouvement avant que la rondelle arrive. On a travaillé là-dessus à Detroit, a résumé le nouveau numéro 27. C’est un coach, mais pour moi, c’est encore un joueur de ce calibre-là et c’est gros pour ma confiance de l’avoir avec moi. »

À la fin du camp, St-Louis avait formulé pour une rare fois une critique envers un joueur, disant que Drouin devait jouer avec plus de tempo.

Le coach dit avoir vu de l’amélioration. « Il était calme mentalement, mais il y avait beaucoup de rythme dans son jeu. Quand t’en as, t’as beaucoup plus de touches. J’ai aimé son rythme et ce qu’il a fait avec ses touches. »

Il sera intéressant de voir comment St-Louis mènera à bien ce projet. Par moments, on a cru que Claude Julien était parvenu à soutirer le maximum de Drouin, notamment dans le premier quart de la saison 2019-2020. Tout s’était arrêté brutalement ici même, au Capital One Arena, quand il s’est blessé à un poignet à la suite d’une collision avec Alexander Ovechkin. Des enjeux de santé mentale l’ont ensuite forcé à l’arrêt, tandis que l’an dernier, c’est une nouvelle blessure à un poignet qui l’a ralenti.

Un retour de Drouin à un rendement optimal ne servirait pas nécessairement le CH que dans l’immédiat. Les joueurs en dernière année de contrat, dans une équipe attendue hors des séries, sont plus souvent des cibles pour une transaction en fin de saison.

De plus, la relation parfois tendue entre Drouin et une certaine partie du marché montréalais — même si Drouin a dit que l’accueil du public au match d’ouverture lui a fait « chaud au cœur » — incite à se demander s’il est dans l’intérêt de tous que l’union entre Drouin et le CH se prolonge au-delà du présent contrat.

Mais ce serait toute une réussite en matière de développement des joueurs que d’aider l’ailier gauche à revenir à son meilleur niveau. Voyons ce que nous réserverons les prochains mois.

En hausse : Kirby Dach

Il a disputé le meilleur de ses trois matchs de la semaine. Les mises au jeu lui ont enfin souri ; il en a gagné cinq sur huit.

En baisse : Mike Hoffman

Il a été invisible offensivement et a écopé d’une pénalité. Un mauvais mélange.

Le chiffre du match : 6

Kaiden Guhle représentait un cas incertain avant le match. Il était finalement à son poste. Même s’il n’a pas été aussi fiable qu’à ses deux premières sorties, il a distribué six mises en échec.

Dans le détail

Un duo subtilement efficace

On ne savait pas trop à quoi s’attendre de Jordan Harris et Johnathan Kovacevic ; les deux sont inexpérimentés dans la LNH et Kovacevic n’a pas fait le camp à Montréal. Ce duo s’avère plutôt étonnant jusqu’ici en défense pour le Canadien, dans le sens élogieux du terme. À défaut d’y aller de montées échevelées qui feront les faits saillants de la soirée, leur jeu est simple et ils excellent à briser des séquences offensives de l’adversaire, souvent plus habile qu’eux. En troisième période, par exemple, Kovacevic a repoussé une attaque du toujours dangereux T. J. Oshie dans une séquence à un contre un. Kovacevic se démarque surtout par son bâton, mettant fin à de nombreux surnombres en bloquant des passes. « Je le trouve vraiment bon, surtout sans la rondelle. Il est bien positionné dans les un contre un, il a un bon bâton pour couper des jeux. C’est un défenseur très solide », a témoigné le gardien Samuel Montembeault. Les deux anciens rivaux de la division Hockey-East (Kovacevic a joué à Merrimack College) profitent bien de l’absence de Michael Matheson et Joel Edmundson jusqu’ici.

Une première pour Montembeault

La dernière fois qu’il a rencontré les Capitals, ç’avait plus ou moins bien été pour Samuel Montembeault. C’était en avril dernier, et il avait été victime de huit buts sur 41 tirs, dans un revers de 8-4. « Je ne voulais pas en donner huit encore ce soir !, a blagué Montembeault après le match. Mais j’ai eu tout l’été pour travailler sur des choses, on a une équipe différente aussi, donc c’est un nouveau match. » Cette fois, malgré la défaite, Montembeault et son unité défensive ont fait meilleure figure. L’ancien gardien de l’Armada a même réalisé plusieurs arrêts importants dans la première moitié du duel, avant que les « Caps » n’ouvrent la machine. Il a toutefois admis ne pas avoir aimé le but d’Anthony Mantha, le deuxième des Capitals. « Je dois éviter ça, les rondelles qui passent à travers mon corps. »

Ovechkin toujours en attente

Alexander Ovechkin nous a habitués, tout au long de sa carrière, à des débuts de saison en lion. Le voici sans but après trois matchs. C’est seulement la deuxième fois de sa carrière que le compteur est à zéro après trois rencontres ; lors de la saison écourtée 2013, il avait attendu au cinquième match avant de briser la glace. Le numéro 8 croyait bien avoir enfilé le 781e but de sa carrière en première période, mais Martin St-Louis a déposé une demande de contestation et il a gagné sa cause : Aliaksei Protas était hors-jeu en entrée de zone. Ovechkin a tout de même obtenu six des 29 tirs des siens. On devine que c’est une question de temps.

Ils ont dit

Je me sentais bien. J’étais un peu nerveux, j’avais hâte de jouer, ça faisait une semaine et demie depuis mon dernier match hors-concours. Je me sentais bien, ça a bien été à l’entraînement cette semaine.

Samuel Montembeault

Le match est fini et il est allé frapper Suzuki. Je vais toujours réagir comme ça. Je ne sais pas quoi dire. Ça arrive, ça fait partie du jeu, tu dois gérer la situation quand elle se produit.

Brendan Gallagher, au sujet de son altercation avec T. J. Oshie au son de la sirène finale

C’est dur de commenter le match de tout le monde, tellement de choses se passent. Je sens qu’il a touché la rondelle davantage, c’est toujours bon signe.

Martin St-Louis, au sujet de Juraj Slafkovsky

C’était plus compétitif. Le Canadien l’était. Ce n’était pas du jeu ouvert, c’était une bataille de tranchées.

Peter Laviolette, entraîneur-chef des Capitals