Nouveau point de presse de Juraj Slafkovsky, nouvelle occasion où le jeune premier du Canadien a l’air de tout sauf d’un gars de 18 ans stressé par la grande ligue.

Samedi midi, après l’entraînement du jour, il était question du surnom « Batman et Robin » que Chris Wideman a trouvé pour désigner Slafkovsky et son coéquipier et ami Filip Mesar. Les deux Slovaques sont de grands amis et vivent ensemble leur intégration à une nouvelle équipe, une nouvelle ville, voire un nouveau continent. Ils passent beaucoup de temps ensemble.

« Je suis bon cuisinier. Demandez à Filip, vous verrez ! », a lancé Slafkovsky au terme de sa mêlée de presse.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Filip Mesar

Ça tombait bien, parce que 10 minutes plus tôt, Mesar, choix de premier tour du CH cet été, était justement en train de nous vanter les talents de son pote, des talents dignes de sœur Angèle (nos mots, pas les siens).

Il faut comprendre que malgré son jeune âge, Slafkovsky habitait seul depuis quelques années, s’étant exilé en Finlande sans ses parents pour jouer au hockey. Mesar, lui, a pu rester au domicile familial, puisque son club de Poprad jouait « à 20 minutes de la maison », raconte-t-il.

Slafkovsky part donc avec une longueur d’avance dans la vie d’adulte, et il essaie d’en faire profiter son ami.

Ici, c’est la première fois que je ne demeure pas avec ma famille. Juraj m’aide beaucoup. J’ai 18 ans, je suis un homme. J’essaie d’apprendre de lui.

Filip Mesar

Ce que Slafkovsky lui a montré ? « Il m’a montré des choses pour ma carte de crédit, pour acheter des données pour mon téléphone. Et il cuisine bien. Il est bon pour faire des pâtes, du poulet avec une sauce. C’est un bon chef ! »

Quel encadrement ?

Le Tricolore aura néanmoins une décision à prendre quant à l’encadrement de Slafkovsky. Au micro de Mario Langlois, au 98,5 FM, Kent Hughes a déclaré : « Il faut trouver quelque chose qui fonctionne pour lui, mais c’est sûr qu’il aura besoin d’un encadrement, parce qu’il est devenu célèbre très rapidement. On veut le protéger, lui trouver le meilleur environnement pour se développer. »

Le dossier n’est toutefois pas si simple, d’abord parce qu’on ne sait toujours pas si le grand numéro 20 jouera à Montréal, à Laval ou aux deux endroits. Ensuite parce que justement, Slafkovsky vient de connaître la vie d’une personne seule. « J’ai des enfants à l’université, et quand ils reviennent à la maison, ils n’aiment pas les règlements », rappelait Hughes dans la même entrevue.

Cela dit, plusieurs jeunes dans la LNH ont été hébergés par un coéquipier. À Pittsburgh, les hauts choix au repêchage qu’étaient Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Jordan Staal ont été accueillis par, respectivement, Mario Lemieux, Sergei Gonchar et Mark Recchi. John Tavares a abouti chez Doug Weight à New York, et Aaron Ekblad, chez Willie Mitchell en Floride.

Plus près de nous, Brendan Gallagher avait 20 ans quand il est arrivé à Montréal. Ses deux premières saisons, il les a passées chez Josh Gorges. Par contre, les deux derniers joueurs à s’être trouvé un poste permanent à Montréal à 18 ans, Alex Galchenyuk et Jesperi Kotkaniemi, n’ont pas suivi cette formule. Le premier a habité avec sa mère et sa sœur, le second avec sa mère venue de Finlande.

David Savard, lui, a servi de famille d’accueil à Pierre-Luc Dubois, qui débarquait à Columbus à 19 ans.

« Ça dépend de la personne. Pierre-Luc, je pense que ça lui a fait du bien d’être avec quelqu’un, estime Savard. Je connaissais son père, il m’avait coaché dans le junior. Nous, c’était un fit parfait. J’avais de jeunes enfants, ça peut être difficile, mais lui avait vraiment aimé ça, au contraire. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

David Savard

Slafkovsky, s’il est habitué à être seul, ça ne veut pas dire qu’il serait prêt à vivre avec une famille. Moi, quand je suis parti à 19 ans, ça ne me dérangeait pas d’habiter seul et de cuisiner. Mais je suis sûr qu’on va prendre soin de lui, et s’il a besoin de quelque chose, on sera là.

David Savard

Slafkovsky refuse quant à lui de se projeter trop loin dans l’avenir. Pour l’heure, les joueurs au statut incertain demeurent dans un hôtel pendant le camp d’entraînement. Mais qu’il joue à Laval ou à Montréal, il devra décider quel mode de vie il préfère.

« Je ne le sais pas encore, a répondu Slafkovksy. Ça dépend si je reste avec la première équipe et de ce que pense la direction. Mais je vis seul depuis deux ans, donc je pense que je serais correct seul. »