(Arlington, Virginie) Il est de coutume qu’un joueur qui vient d’être repêché reçoive rapidement les félicitations de ses nouveaux coéquipiers. Puis qu’un vétéran le prenne sous son aile pour le guider dans les premières étapes de sa nouvelle vie professionnelle.

Shane Wright, sélectionné par le Kraken de Seattle en juillet dernier, ne fait pas exception. Là où son histoire s’éloigne de la norme, c’est que son nouveau protecteur a… 19 ans.

Le site The Athletic a raconté, plus tôt cet été, que quelques minutes à peine après que le nom de Wright eut résonné dans le Centre Bell le soir du repêchage, Matty Beniers a pressé la direction du Kraken de lui filer le numéro de Wright. Il voulait être l’un des premiers à lui souhaiter la bienvenue.

Pas exactement la chose la plus commune venant d’un gars qui a disputé un total de 10 matchs dans la LNH et qui, il y a un an à peine, était dans les souliers de Wright lorsque le Kraken en a fait son choix de premier tour (au deuxième rang).

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Shane Wright lors du repêchage de la LNH au Centre Bell, en juillet dernier

« D’autres gars l’ont fait pour moi », a raconté Beniers aux journalistes à la Vitrine des recrues de la LNH, présentée la semaine dernière en Virginie.

C’est un moment où tu es super fébrile, et recevoir des textos de gars qui sont dans la LNH, ça a signifié beaucoup pour moi. Je voulais faire la même chose pour lui afin qu’il soit gonflé à bloc.

Matty Beniers

Wright a d’ailleurs témoigné d’à quel point il avait apprécié l’attention d’un coéquipier qu’il décrit d’emblée comme « une personne incroyable ». Déjà, une relation d’amitié se développe entre ceux qui sont, de toute évidence, les deux principaux centres d’avenir de la jeune franchise.

Les conseils que Beniers a prodigués à Wright ? « Juste de respirer à fond et d’avoir du plaisir, a-t-il dit en souriant. C’est un moment unique dans une vie. Je pense qu’il saisira sa chance. C’est un excellent joueur, ça viendra naturellement. »

Départ canon

Un qui l’a déjà saisie, sa chance, c’est Matty Beniers, justement.

Plutôt que de se rapporter immédiatement au Kraken, l’an dernier, il a décidé de passer une saison supplémentaire à l’Université du Michigan, dont il a été le meneur offensif. Il désirait réussir le plus de cours possible avant d’amorcer sa carrière professionnelle, et il voulait arriver dans la LNH fin prêt à affronter une compétition drôlement plus féroce que dans la NCAA.

Au fait, il a bouclé une année préparatoire à des études en médecine, mais il a ensuite bifurqué vers l’économie et la gestion du sport. C’est d’ailleurs dans ce champ qu’il aimerait conclure ses études et obtenir son diplôme.

« Que je VAIS l’obtenir, s’est-il lui-même corrigé en riant. Ma mère ne serait pas contente que je dise seulement que j’aimerais ça… »

Son pari a résolument été payant. Après l’élimination de son équipe universitaire, il a signé un premier contrat avec le Kraken et disputé les 10 derniers matchs de la saison à Seattle. Avec neuf points, il a alors été le meilleur pointeur de son club.

Son ex-coéquipier au Michigan Owen Power s’attend d’ailleurs à ce qu’il soit dès cette saison un « élément clé de la franchise ».

« Il est incroyable, et je pense que tout le monde l’a vu en fin de saison. Il sera tout un joueur », a analysé Power, défenseur repêché au tout premier rang en 2021 par les Sabres de Buffalo, qui a emprunté la même voie que Beniers.

L’attaquant ne produira probablement pas à un tel rythme avec le Kraken à compter du mois d’octobre ; au cours des dernières semaines du calendrier, en avril dernier, son équipe jouait sans enjeu. Cette fois, l’adversité sera réelle.

Il n’empêche que Beniers a fait ses devoirs pour arriver plus fort – littéralement. Il a ajouté presque 10 livres à sa charpente. Ses 6 pi 2 po en font un gaillard imposant, mais les 175 lb que lui confère le site de la LNH trahissent, en personne, un jeune homme qui peut encore gagner beaucoup de muscle.

Le principal concerné estime qu’il sera d’emblée plus efficace dans ses batailles pour la rondelle.

Au sein d’une organisation qui n’a pas beaucoup de profondeur au centre, Matty Beniers pourrait se retrouver illico à jouer un rôle prépondérant. Shane Wright aussi, dans une moindre mesure.

Mettez ça sur le dos de la naïveté de la jeunesse ou d’une grande confiance en lui, mais Matty Beniers aborde ce sujet, comme bien d’autres d’ailleurs, avec le sourire.

« On veut jouer dans la LNH et tout faire pour aider l’équipe à gagner, a-t-il promis. De la pression, il y en aura tôt ou tard. Mais on est une équipe jeune. On est aussi là pour s’amuser. »