(Arlington, Virginie) Difficile d’oublier le regard glacial de Shane Wright au repêchage de juillet dernier.

D’abord dans les gradins du Centre Bell, lorsque les Coyotes de l’Arizona lui ont préféré Logan Cooley au troisième rang. « Celle-là fait mal », l’entend-on dire dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux. Favori pendant toute la saison pour devenir le premier joueur sélectionné en 2022, il venait d’être boudé trois fois plutôt qu’une.

Puis sur la grande scène du Centre Bell lorsque, enfin, il a entendu son nom, prononcé par la direction du Kraken de Seattle. Il a plus tard nié avoir fait de gros yeux à la table du Canadien. Mais il ne rayonnait pas, disons.

Mardi, à la Vitrine des recrues de la LNH, c’est un Wright diamétralement opposé qui s’est adressé aux représentants des médias. Détendu, il a raconté à quel point, à titre d’ex-collectionneur avide de cartes de hockey, il était « cool » d’à son tour se prêter au jeu et de se retrouver sur des cartes à son image.

« Ça réveille l’enfant en moi », a-t-il affirmé, les yeux brillants.

Surtout, Wright est soulagé que le repêchage soit derrière lui. Depuis littéralement des années, on lui promettait le premier rang de 2022. Au cours des jours et des heures précédant le repêchage, lui-même répétait à la cantonade à quel point il tenait à entendre son nom avant celui des autres.

La déception a donc été vive, il ne s’en cache pas. Toutefois, presque deux mois plus tard, il affirme que la poussière est retombée. « J’ai pu prendre une grande respiration, me relaxer et m’éloigner de tout ça », a-t-il dit mardi.

Je peux me concentrer sur moi et sur mon entraînement, afin d’arriver au camp en pleine forme et d’être retenu dans l’équipe.

Shane Wright

Il se garde d’avancer que les semaines pré-repêchage ont été une source de stress. « Tout ce processus, c’était beaucoup », a-t-il néanmoins avoué, en référence aux multiples entrevues et tests auxquels il s’est soumis depuis le printemps.

« Je crois pouvoir y arriver »

Immédiatement après le repêchage, il a reçu des messages de plusieurs joueurs du Kraken. Un geste qui l’a touché et qui a apporté beaucoup de « positif » dans sa vie.

Il peine à réaliser que, d’ici quelques jours à peine, il pourrait se retrouver sur la même patinoire que ses idoles, dont Sidney Crosby, son héros d’enfance. « Penser que je disputerai des mises en jeu et des batailles contre des gars que j’ai vus à la télé toute ma vie, c’est assez surréel », a-t-il lancé.

Il souhaite s’abreuver des conseils de ses nouveaux coéquipiers et de ses patrons, à commencer par le directeur général Ron Francis, membre du Temple de la renommée et gagnant de deux Coupes Stanley.

Humblement, il maintient que son objectif premier est de faire sa place chez le Kraken dès cette saison. Personne ne s’attend à ce que cette jeune franchise, qui possède un bassin d’espoirs limité, renvoie Wright dans les rangs juniors. Mais il se refuse à mettre la charrue devant les bœufs.

« Je veux montrer ce dont je suis capable, avoir ma chance, a-t-il encore dit. Je crois pouvoir y arriver, même si je sais que j’ai beaucoup de travail à faire. […] Je pense pouvoir faire la différence dès ma première saison si je fais partie de l’équipe. »

Avant longtemps, on pourra probablement retirer les « si » de sa déclaration. Or, Shane Wright a goûté à la déception de voir lui échapper des acquis qui n’en étaient pas.

On ne l’y reprendra plus.