Depuis l’annonce de son absence probable pour la prochaine saison, et peut-être de la fin de sa carrière, le débat est lancé sur la place de Carey Price dans l’histoire de l’équipe.

Sa sélection au cinquième rang du repêchage, en 2005, alors que José Théodore était au faîte de sa carrière et que plusieurs salivaient à l’idée de voir un attaquant, Gilbert Brule, repêché par le Canadien (avant que ceux-ci ne réalisent qu’Anze Kopitar allait devenir un joueur intéressant), avait semé la controverse.

Pierre McGuire, sur les ondes de TSN, avait alors parlé d’un choix complètement à côté de la plaque.

Price s’est amené à Montréal très tôt, à 20 ans, pas encore tout à fait outillé pour transporter une équipe moyenne sur ses épaules. De nombreux partisans lui ont préféré le petit gardien sous-estimé Jaroslav Halak et ont déchiré leur chemise lorsque celui-ci, et non Price, a été échangé aux Blues de St. Louis en 2010.

Price a bravé toutes les tempêtes, les critiques, les remises en question, dans un marché très complexe pour les gardiens.

Dix-sept ans après ce fameux repêchage de 2005, Price vient au premier rang de l’histoire de l’équipe sur le plan des matchs disputés et des victoires, devant Jacques Plante, Patrick Roy, Ken Dryden et Bill Durnan.

Il est l’un des trois gardiens de l’histoire de la LNH à avoir remporté le trophée Hart (2015) remis au joueur par excellence, avec Dominik Hasek et José Théodore. Il a aussi gagné le trophée Vézina remis au meilleur gardien cette même année et le trophée Ted-Lindsay, remis au meilleur hockeyeur à la suite d’un vote des joueurs de la LNH. Aucun autre gardien n’a jamais remporté cet honneur créé en 2008.

Il a terminé parmi les cinq finalistes pour le trophée Vézina en 2011, 2014, 2015 et 2017.

On lui a longtemps reproché de s’effacer en séries éliminatoires, à tort ou à raison. Il occupe le quatrième rang de l’équipe pour les victoires en séries éliminatoires, derrière Jacques Plante, Ken Dryden et Patrick Roy, qui pouvaient compter sur des équipes légendaires devant eux (surtout Plante et Dryden). Il détient la meilleure moyenne de buts accordés en séries éliminatoires (2,39) après Jacques Plante chez les gardiens ayant disputé au moins 50 matchs.

Contre toute attente, Price a mené le Canadien en finale de la Coupe Stanley en 2021, même si l’équipe lui a donné un soutien de seulement 2,32 buts par match, au 12e rang sur 16 clubs, et au dernier rang parmi les 8 équipes ayant franchi le premier tour.

Qui sait s’il n’aurait pas participé à une autre finale en 2015 si Chris Kreider ne lui avait pas bousillé le genou lors du premier match de la finale de l’Association de l’Est ? Le Canadien a perdu en six matchs devant les Rangers de New York avec Dustin Tokarski devant le filet. Ce printemps-là encore, le Canadien a marqué en moyenne seulement 2,08 buts par match, au 13e rang sur 16 équipes sur ce plan.

Price a aussi remporté la Coupe Calder, dans la Ligue américaine, en 2008, à seulement 19 ans, au sein d’un club mené par Corey Locke, Dan Jancevski, Andre Benoit, Kyle Chipchura, Matt d’Agostini et Maxim Lapierre.

Parmi les gardiens ayant disputé au moins 10 saisons à Montréal, il est le seul à avoir passé toute sa carrière avec le Canadien. Georges Vézina et Ken Dryden ont joué huit ans pour le Tricolore et jamais ailleurs eux non plus. Price a joué 14 saisons et il en aurait ajouté une 15e l’an dernier s’il n’avait pas été blessé.

À l’international avec le Canada, Price a remporté le Championnat mondial junior en 2007 (moyenne de 1,14, taux d’arrêts de ,961), l’or aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014 (moyenne de 0,59, taux d’arrêts de ,972) et remporté la Coupe du monde en 2016 (moyenne de 1,40, taux d’arrêts de ,957).

Que faudra-t-il de plus pour considérer Price parmi les immortels une fois sa carrière terminée officiellement ?