Tout vient à point à qui sait attendre. Alexis Gravel veut être hockeyeur professionnel. Mais rien ne presse.

Le cerbère de 22 ans, qui s’alignait avec les Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) la saison dernière, a récemment pris part au camp de développement du Kraken de Seattle. Initialement, c’est à celui du Lightning de Tampa Bay qu’il devait participer.

« La veille de mon départ, mon agent m’a appelé et m’a dit : “Finalement, tu vas aller à Seattle, on pense qu’il y a de meilleures chances pour toi d’avoir un contrat là-bas”, explique-t-il au bout du fil. Ils viennent d’arriver dans la ligue, donc il y avait plus de portes ouvertes. »

Les choses se sont bien passées. Le gardien de but a quitté la ville émeraude avec le sentiment d’avoir montré ce qu’il savait faire aux dirigeants du Kraken.

Ils ont dit qu’ils avaient été contents de moi et que j’avais monté dans leur estime. Je me suis dit que c’était positif.

Alexis Gravel

Actuellement, son agent est en pourparlers avec le Kraken. Il tente d’en venir à une entente. L’ancien des Mooseheads d’Halifax ignore donc où il jouera la saison prochaine. Étonnamment, il est d’avis qu’il devrait retourner chez les Patriotes. « Mais si Seattle offre un excellent contrat, il faudrait que je me pose la question de savoir si je le prends ou non », dit-il.

Autrement dit, Gravel est « ouvert à y aller, mais à de bonnes conditions ».

Parcours rocambolesque

Il y a à peine 11 mois, Alexis Gravel était invité au camp des recrues du Canadien en vertu d’un contrat d’essai. Deux semaines plus tard, il était retranché et se retrouvait chez le Rocket de Laval. Or, l’effectif devant le filet était déjà complet.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le gardien Alexis Gravel lors du camp des recrues du Canadien de Montréal, en septembre dernier

Il a ensuite reçu un appel des Americans d’Allen, dans l’ECHL, chez qui il s’est présenté. Mais l’expérience n’a duré que trois semaines en raison du retour inattendu du premier gardien du club. Plutôt que de devenir un joueur nomade qui se promène de tous bords, tous côtés, Gravel a décidé de se joindre aux Patriotes de l’UQTR afin de continuer son baccalauréat en administration des affaires.

« Je me suis dit : “Ça n’a pas de bon sens, faire ça toute ma vie. Va faire tes études, passe trois ou quatre ans avec les Patriotes” », avait-il alors raconté à La Presse.

Cette décision, Gravel ne l’a jamais regrettée.

À son arrivée chez les Patriotes, il partageait le filet avec Tristan Côté-Cazenave. Aux Fêtes, l’équipe n’avait joué que sept matchs, dont trois avec Gravel devant le but. Alors que la ligue a été forcée de faire une pause en raison de la COVID-19, Côté-Cazenave a quitté l’équipe pour se joindre aux Reading Royals, en Pennsylvanie, dans l’ECHL. La porte était grande ouverte pour Gravel, qui a défendu le but dans tous les matchs de son équipe par la suite.

En grande finale du Championnat canadien, les Patriotes ont eu le dessus sur les Golden Bears de l’Alberta au compte de 5-4 en deuxième prolongation. Le gardien a été fumant, bloquant 66 tirs dans la victoire.

J’avais trouvé ça dur quand j’avais perdu les deux finales [de la Coupe du Président et de la Coupe Memorial] contre les Huskies de Rouyn-Noranda [en 2019], donc j’avais comme une deuxième chance. J’étais vraiment heureux quand on a gagné. Ça a fait du bien.

Alexis Gravel

S’il est arrivé chez les Patriotes sans trop d’attentes en novembre dernier, l’homme masqué a terminé la saison à titre de champion de la Coupe Queen’s et du Championnat universitaire canadien.

« J’ai vraiment aimé mon année, pas juste parce qu’on a gagné. En général, c’est vraiment un bon programme. »

« C’est pour ça que si l’option d’aller pro est là, je vais y penser, mais je ne suis pas pressé de partir pantoute », ajoute-t-il calmement.

Dans une bonne situation

Le circuit universitaire n’est pas le plus suivi par les recruteurs des équipes professionnelles. Alexis Gravel ne craint pas pour autant que ses années au sein de celui-ci le ralentissent dans son objectif de jouer chez les professionnels, au contraire.

« Moi, je trouve que c’est une bonne ligue pour le tremplin vers les pros. […] Je ne verrais pas ça comme un cimetière. Les gars veulent s’améliorer. Ils ne sont pas obligés, mais ils s’entraînent, se gardent en forme.

Mon rêve, c’est la Ligue nationale, mais soyons réalistes, j’ai plus de chances d’aller en Europe ou de jouer ici dans le pro mineur, dans l’ECHL ou la Ligue américaine. C’est ça, l’objectif, quand même. Jouer pro, ce n’est pas nécessairement la LNH.

Alexis Gravel

Le cerbère ne se fait pas de scénarios. Avec ses bourses d’études acquises quand il jouait dans la LHJMQ, il n’est pas « mal pris ».

« Je suis dans une bonne situation. Je verrai si Seattle offre quelque chose de pas pire. Mais sinon, je n’ai aucun problème à revenir avec les Pats. »

L’avenir nous dira si sa patience portera ses fruits.