Kent Hughes a passé les mois menant au repêchage à se faire demander s’il allait repêcher son fils Jack, vu comme un espoir de fin de premier tour. Il ne l’a finalement pas fait, mais un scénario semblable s’est produit à Philadelphie.

En toute fin de septième tour, pendant que la plupart des recruteurs ramassaient papiers, crayons et ordinateurs portables, les Flyers sélectionnaient Alexis Gendron, un attaquant de l’Armada de Blainville-Boisbriand, au 220rang. Or, il est le fils de Martin Gendron, recruteur des Flyers au Québec.

Choix réfléchi

Si on se fie au paternel, la sélection d’Alexis Gendron n’avait rien de symbolique, contrairement par exemple aux Devils en 2013, qui avaient repêché Anthony Brodeur – le fils de – au 208rang.

« On regardait le repêchage aller. À un moment donné, Brent Flahr, notre assistant DG, a dit : “Enough is enough.” Ils l’avaient un peu plus haut que ça sur leur liste. Je l’ai su cinq secondes avant qu’on l’annonce ! »

« Il méritait clairement d’être repêché, confirme Todd Hearty, un autre recruteur amateur des Flyers qui sillonne le Québec. Il était même classé plus haut sur ma liste que là où on l’a repêché.

« Ce n’est pas facile de repêcher un proche. Il y a un processus de négociation, des choses que tu ne veux pas vivre. Mais c’était dur de le voir dégringoler. Je le voyais sortir à partir du quatrième tour. Il part avec deux prises contre lui, parce qu’il est petit et qu’il est né tard dans l’année. Mais je poussais pour qu’on ne le laisse pas passer. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @ALEXGENDY30

Alexis Gendron

Hearty est important dans cette histoire, parce que c’est lui qui produisait les rapports sur Alexis Gendron. « Je n’ai fait aucun rapport sur Alexis, assure Martin Gendron. Je m’excluais des meetings quand on parlait de lui. »

Sauf qu’il s’est tout de même retrouvé à assister à des matchs de fiston. Une quinzaine de fois, selon son décompte. Mais il devait se concentrer sur les autres joueurs. « Ce n’est pas facile ! convient l’ancienne gloire du Laser de Saint-Hyacinthe. Tu essaies de faire la part des choses, mais ça reste que je suis son père. Comme n’importe quel père qui regarde son gars jouer. »

Hearty, lui, était charmé. Il l’a notamment vu lors d’un match où il était constamment opposé à Maveric Lamoureux, un défenseur de 6 pi 7 po des Voltigeurs de Drummondville, repêché au premier tour par les Coyotes de l’Arizona.

« J’ai aimé Alexis toute l’année », convient l’homme installé à Shawville, en Outaouais.

Des gens vont dire que c’est malaisant, qu’il y a du népotisme. Mais chaque fois que j’y allais, mes rapports étaient positifs. Il a du caractère. C’est un bon ailier, qui joue en ligne droite. Il a le tir de son père.

Todd Hearty, recruteur amateur des Flyers, à propos d’Alexis Gendron

Meilleure époque

Martin Gendron a connu une carrière fulgurante à tous les niveaux, sauf dans la LNH. À Saint-Hyacinthe, il a connu deux saisons d’au moins 70 buts et 130 points de suite. En 1992, après la première de ces deux saisons, il a été repêché au 71rang par les Capitals de Washington.

Il demeurera très productif dans la Ligue américaine, la Ligue internationale, puis en Europe. Mais dans la LNH, son expérience se limitera à 30 matchs. À 5 pi 9 po et 176 lb, il était trop petit pour ce que recherchaient les équipes à l’époque.

Alexis Gendron est quant à lui répertorié à 5 pi 10 po et 175 lb. « Il doit continuer à grossir. Je ne pense pas qu’il continue à grandir, il n’y a pas trop de géants dans la famille ! », lance le père, en riant.

Il a terminé au premier rang de l’Armada cette saison avec 30 buts en 66 matchs. Il a ajouté 16 passes. Par contre, son différentiel de -21 était le pire de son équipe.

« Le hockey a changé, il y a beaucoup moins d’accrochage et c’est plus rapide, rappelle Martin Gendron. Même les gros bonshommes patinent. »

Il a autant de chances que n’importe quel autre joueur. C’est à lui de prendre sa chance et de se développer.

Martin Gendron, à propos de son fils

Hearty a bon espoir que son nouveau protégé prendra une bonne tangente.

« Il est un peu plus grand, il gagne en maturité, il a un excellent tir et il n’a pas froid aux yeux, résume-t-il. Ces jeunes-là se développent un peu plus que ceux qui jouent en périphérie. »

Souhaitons aux Flyers plus de succès qu’au Canadien, qui avait repêché Daniel Audette, le fils de Donald, au cinquième tour en 2014. Le petit attaquant n’a jamais trouvé sa place dans la Ligue américaine, mais il connaît depuis deux ans une productive carrière en Europe.