On se doutait que ça s’en venait. On ignorait seulement quand. Et puis voilà, juste comme ça, le dossier est réglé : Jeff Petry n’est plus membre du Canadien.

Le défenseur de 34 ans, ainsi que l’attaquant Ryan Poehling, a été échangé aux Penguins de Pittsburgh, samedi après-midi. Le CH obtient en retour le défenseur québécois Mike Matheson, dont Kent Hughes jure que les Penguins ne voulaient pas se départir, et un choix de 4tour au repêchage de 2023.

Matheson touchera encore 4,875 millions durant les quatre prochaines saisons, soit 1,375 million de moins par année que Petry. Avec cet échange, il devient du même coup le défenseur le mieux payé du club, et celui sous contrat le plus longtemps. Le départ de Petry signifie aussi que David Savard devient le premier défenseur droitier du Canadien, une position qui demandera certainement encore quelques renforts.

Voilà plusieurs mois que le directeur général du Tricolore, Kent Hughes, affirme être disposé à se départir de Petry. Ce dernier avait d’ailleurs signifié son intention de quitter l’équipe pour des raisons familiales il y a un bon moment déjà.

On était conscients que Jeff était dans une situation difficile avec sa famille et il y a toujours un risque dans ce contexte que Jeff ne soit pas en mesure de performer à son plein potentiel, et on l’a vu à mon arrivée

Kent Hughes, lors d’une rencontre avec les médias quelques minutes après l’annonce de la transaction

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Mais Hughes a toujours été très clair : Petry ne quitterait pas le Canadien à n’importe quel prix. Et aucune portion de son lourd salaire de 6,25 millions par année, auquel il reste d’ailleurs trois saisons, ne devait être assumée par Montréal.

« Jeff est un défenseur important à nos yeux, avait-il mentionné. […] Si on va l’échanger, c’est pour gagner de l’espace sous le plafond salarial, ou encore pour obtenir un espoir qui pourrait nous aider dans le futur. »

Il faut croire que le DG a finalement trouvé ce qu’il cherchait.

Montagnes russes

Le passage de Jeff Petry à Montréal a été fait de hauts et de bas. De joies et de frustrations. Surtout ces deux dernières saisons.

Le défenseur acquis auprès des Oilers d’Edmonton en 2015 a enchaîné quatre saisons consécutives de 40 points ou plus, de 2017 à 2021. Il a aussi obtenu 6 mentions d’aide en 20 matchs de séries éliminatoires en 2020-2021, quand le CH a atteint la finale de la Coupe Stanley.

Mais au retour de la saison morte, Petry n’était plus que l’ombre du joueur qu’il avait été la saison précédente. En date du 12 janvier dernier, après 28 matchs, sa fiche allait comme suit : 0 but, 2 aides, un différentiel de - 7 et un temps d’utilisation en chute libre.

Après une défaite à Pittsburgh, à la mi-décembre, le défenseur avait même lancé que l’équipe n’avait « pas de structure ». Un commentaire qui est apparu à beaucoup comme une flèche envers celui qui était alors l’entraîneur-chef, Dominique Ducharme.

Après la pause des Fêtes, le défenseur et sa conjointe ont aussi convenu qu’il valait mieux que le joueur soit le seul de la famille à retourner au Québec. Sa femme est donc restée au Michigan avec leurs trois enfants (maintenant quatre), invoquant notamment dans une publication Instagram la lourdeur des mesures sanitaires au Québec et les lacunes du réseau de santé québécois.

Quoi qu’il en soit, l’arrivée de Martin St-Louis à titre de nouvel entraîneur-chef au début de février a redonné le sourire à Petry. Les performances du défenseur ont semblé s’améliorer en mars, au retour de son partenaire Joel Edmundson. Il a terminé la campagne avec 6 buts et 27 points en 68 matchs.

Lors du bilan de fin de saison du Canadien, à la fin d’avril, Petry semblait avoir changé de discours, indiquant qu’il n’excluait pas un retour à Montréal. Il avait d’ailleurs été le joueur le plus élogieux à l’endroit de Martin St-Louis, affirmant que « ce qu’il a implanté [l’avait] aidé à retrouver son jeu ».

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Jeff Petry

« Je vais prendre un pas de recul pour réfléchir, retourner auprès de mes proches et avoir une discussion avec eux », avait-il ajouté.

Petry a finalement joué son dernier match avec le CH le 29 avril, face aux Panthers de la Floride.

Poehling tentera de s’établir... ailleurs

Choix de premier tour du Canadien en 2017, Poehling était un espoir prometteur.

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Ryan Poehling

Le joueur de centre avait d’ailleurs inscrit un tour du chapeau à son premier match dans l’uniforme du Tricolore, un exploit qui est peut-être devenu plus une sorte de malédiction. L’Américain n’a jamais été en mesure de se tailler une place régulière dans la formation. Il a finalement récolté 22 points, dont 13 buts, en 85 matchs dans l’uniforme tricolore.

Un Québécois s’amène

Natif de Pointe-Claire, Mike Matheson aura la chance de jouer à la maison. Le défenseur de 6 pieds 2 pouces a été un choix de premier tour des Panthers de la Floride en 2012.

Matheson a joué pendant cinq saisons à Sunrise avant d’évoluer dans la Ville de l’acier pour deux saisons. En 417 rencontres dans la LNH, le gaucher de 28 ans a récolté 138 points en plus de maintenir un différentiel de - 9. Il revient de la meilleure saison offensive de sa carrière, 11 buts et 20 aides en 74 matchs, et jouait presque 23 minutes par match en moyenne en séries. À 28 ans, il est également 6 ans plus jeune que Petry.

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Mike Matheson

Hughes et Matheson se connaissent depuis que le défenseur évolue au niveau midget AAA, puisque le DG du Tricolore était son agent avant qu’il accepte son nouveau poste en janvier.

« Matheson a beaucoup de qualités et il pourra bien remplacer un défenseur comme Petry », a précisé Hughes. Il a même ajouté que lorsqu’il a été repêché, les Panthers le voyaient comme étant leur futur Duncan Keith, en raison de son coup de patin et de sa facilité à transporter la rondelle.

Le directeur général a expliqué que dans les pourparlers avec les autres équipes dans le dossier de Petry, il a toujours été question d’acquérir un défenseur en retour, qui peut jouer à temps plein et qui avait de l’expérience dans la LNH.

Il a aussi énormément vanté l’homme derrière le joueur de hockey. « C’est le genre d’individu que ça nous prend dans le vestiaire. […] Mike est un être humain cinq étoiles. »

Avec la collaboration de Guillaume Lefrançois et Katherine Harvey-Pinard, La Presse