Montréal aura une équipe professionnelle de hockey féminin en 2022-2023.

La Premier Hockey Federation (PHF) a annoncé mardi matin l’arrivée de sa septième franchise, située à Montréal. Du moins, en partie : l’équipe s’entraînera dans la métropole, mais les matchs seront disputés dans différents lieux du Québec.

« C’est important d’aller partout et de faire grandir le sport dans des endroits où le hockey féminin ne va normalement pas », a expliqué le président de la nouvelle franchise, l’animateur québécois Kevin Raphaël, en conférence de presse mardi matin.

« Notre territoire est le Québec. Nos joueuses vont venir de partout, mais principalement de notre ville et je veux que les gens soient fiers de notre groupe », a ajouté celui qui a souvent été impliqué dans le hockey féminin au cours des dernières années.

La nouvelle équipe est la propriété de l’entreprise BTM Partners, comme c’est le cas de trois autres formations du circuit (celles de Boston, de Toronto et du New Jersey).

Le nom et le logo seront dévoilés dans les prochaines semaines, tout comme le personnel d’entraîneurs et l’alignement. Certaines joueuses ont déjà fait connaître leur intérêt, selon Raphaël, alors que le marché des joueuses autonomes est ouvert dans la PHF.

« Je ne vais pas mentir ; mon cellulaire surchauffe présentement, a lancé Raphaël. Plusieurs joueuses veulent jouer pour Montréal. »

Une entente de deux ans a été signée avec le Centre de haute performance 21.02, le seul centre reconnu pour les athlètes féminines au Canada, mené par Danièle Sauvageau. Il servira de centre d’entraînement principal.

PHOTO PATRICK SANSFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Danièle Sauvageau

La PHF, créée en 2015, compte déjà six équipes situées à Boston, Toronto, Monmouth Junction (New Jersey), Saint Paul (Minnesota), Danbury (Connecticut) et Buffalo.

La querelle

Ceux qui suivent les nouvelles dans le monde du hockey féminin savent que l’on compte deux grandes entités qui ne s’entendent pas ; la PHF – anciennement la Ligue nationale féminine – et l’Association des joueuses de hockey professionnelles (PWHPA).

La PWHPA, qui inclut les meilleures joueuses au monde, boude la PHF depuis plusieurs années en raison d’un modèle d’affaires jugé insatisfaisant.

À la demande de la LNH, qui se dit réticente à investir s’il y a deux ligues distinctes, les deux groupes se sont rencontrés il y a quelques mois, sans succès. La PWHPA prévoit toujours de mettre sur pied sa propre ligue dès l’hiver prochain, alors que la PHF poursuit son expansion.

On pourrait donc se retrouver avec deux équipes féminines professionnelles montréalaises en 2023.

« Moi, je trouve ça le fun, a laissé entendre Raphaël à ce sujet. Ça donne plus d’occasions aux joueuses de jouer. S’il y a deux équipes, ça veut dire qu’il y a 46 joueuses qui vont faire des salaires. […] Si la PWHPA veut parler, elle a mon numéro.

« S’il y a des joueuses qui m’écrivent et qui sont dans la PWHPA, qui veulent me parler, je ne vais pas dire non. Je vais répondre à leurs questions afin qu’elles puissent prendre une décision éclairée et avoir la possibilité de jouer quelque part. »

Le président s’est d’ailleurs dit sûr d’être en mesure d’avoir une joueuse vedette dans son alignement. « Je ne ferais pas un bon travail si je ne visais pas les meilleures », a-t-il soutenu.

Salaires

En janvier dernier, la PHF a annoncé un investissement de 25 millions étalé sur les trois prochaines saisons. Le plafond salarial de chaque équipe est ainsi passé de 300 000 $ à 750 000 $. Le salaire annuel moyen d’une joueuse peut tourner autour de 37 500 $ si l’équipe compte 20 joueuses et de 30 000 $ si elle en compte 25. À cela s’ajoutent une assurance médicale et des congés parentaux.

Toutes les joueuses ne gagneront pas le même salaire. Et le salaire minimum demeure inconnu. Certaines joueuses devront continuer à travailler en parallèle.

« Je prévois dépenser 100 % du cap salarial, a fait savoir Raphaël. […] Il n’y a pas de joueuse qui va faire le minimum. Nous, on croit en l’équité. C’est sûr que les meilleures joueuses vont faire plus que celle qui va jouer sur le troisième ou quatrième trio, mais la charge de travail, les efforts, l’entraînement, les sacrifices… Ce sont toutes des choses à prendre en considération quand on parle de salaires avec les joueuses.

« C’est la première année. Je pense qu’il faut aussi faire attention, tempérer, se donner une chance. […] Oui, elles ont un deuxième emploi et elles sont badass d’en avoir un et de quand même tout sacrifier pour jouer au hockey. Je pense qu’il faut célébrer ça. Moi, je veux arriver à ce qu’une joueuse joue à temps plein. C’est pour ça que je suis là. »

Le calendrier de la saison 2022-2023 n’est pas encore connu. Certains aspects demeurent d’ailleurs à clarifier, comme la possibilité d’une éventuelle diffusion, l’aide apportée aux joueuses qui auront à déménager et la logistique quant aux déplacements des équipes.