Kent Hughes a souvent vanté les qualités de meneur de Patrice Bergeron, son ancien client. « Le leader le plus moderne que je connaisse », nous a-t-il déjà confié.

Ajoutez Frédéric Brunet à la liste de ceux qui peuvent en témoigner.

Brunet est un défenseur de 18 ans, porte-couleurs de l’Océanic de Rimouski, qui a été réclamé au 132rang du repêchage, vendredi. Ce sont les Bruins de Boston qui l’ont repêché, dans une de ces histoires où la vie fait bien les choses.

C’est que Brunet s’entraîne à Québec au PEPS l’été, et que Bergeron fait partie de ceux avec qui il lève de la fonte. « Je l’ai rencontré une fois. J’étais gêné de lui parler, ce n’est pas facile de parler à un joueur accompli », racontait Brunet dans la zone d’entrevues du Centre Bell, vendredi après-midi.

« Donc c’est lui qui a pris la parole le premier. Il a dû sentir que j’étais gêné de lui parler, poursuit le jeune homme. Je lui ai dit comment je me sentais par rapport au repêchage, que Boston était l’équipe qui me montrait le plus d’intérêt. On a parlé cinq ou dix minutes, ça m’a aidé à me calmer un peu. Il m’a juste dit bonne chance et ça a tout changé. Des paroles de joueurs comme lui, ce sont des choses que tu n’oublies jamais. »

PHOTO BOB DECHIARA, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Patrice Bergeron

Brunet est défenseur, pas attaquant, quoique le site Elite Prospects le répertorie aux deux positions. « J’ai joué un match comme attaquant l’an passé parce qu’il nous manquait des joueurs ! », a-t-il expliqué quand on l’a informé de l’erreur. N’empêche qu’il admire Bergeron, comme bien d’autres joueurs.

C’est incroyable d’avoir une présence comme lui au gym. Il n’y a pas deux gars comme lui dans la LNH, surtout pas un Québécois. Il sait ce qu’il fait, il est sérieux. Je le regarde toujours dans le gym.

Frédéric Brunet, au sujet de Patrice Bergeron

Le lien avec Bergeron a bien amusé Ryan Nadeau, codirecteur du recrutement amateur des Bruins, parce que Brunet n’a pas évoqué le numéro 37 dans les entretiens qu’il a eus avec les recruteurs de l’ancienne équipe de Glen Featherstone.

« Plusieurs francophones du Québec qu’on rencontre vont mentionner Patrice pendant nos entrevues, révèle Nadeau. Mais d’autres évitent de le faire. Ils ont peut-être peur d’avoir l’air de se comparer à lui. On n’a pas parlé de Patrice, mais maintenant que l’on sait ça, on va peut-être le faire ! »

Un projet

Plus sérieusement, Nadeau semblait intrigué par Brunet, réclamé à sa deuxième année d’admissibilité. En 2020-2021, l’athlète de 18 ans avait été limité à 9 points en 33 matchs. Cette saison, il a éclos offensivement avec 46 points en 63 rencontres.

On le suit depuis un bout. Sa production offensive a fortement augmenté. On a vraiment aimé ses progrès et il a ajouté des aspects défensifs à son jeu.

Ryan Nadeau, codirecteur du recrutement amateur des Bruins, au sujet de Frédéric Brunet

Les Bruins ont d’ailleurs convié Brunet à une entrevue de dernière heure mercredi en fin de journée, la veille du premier tour, à leur hôtel de Montréal. C’est aussi avec cette équipe que le jeune homme avait eu sa toute première entrevue. « C’est avec Alain [Bissonnette, recruteur des Bruins au Québec] que j’ai eu ma première entrevue. Quand j’ai vu qu’il allait au micro, mon cœur a commencé à battre vite. J’ai entendu mon nom, en français, par un Québécois, à Montréal. C’était incroyable ! »

Brunet se distingue aussi par un bagage familial impressionnant. Il est un des nombreux joueurs de ce repêchage qui ont grandi entourés d’athlètes d’élite, comme le soulignait notre confrère Alexandre Pratt dans une costaude compilation.

Lisez la chronique « La pomme tombe souvent près de l’arbre »

« On ne veut pas exagérer la portée de la génétique. C’est lui qu’on repêche, pas sa famille ! prévient Nadeau.

« Son frère essaie d’aller aux Jeux olympiques, son père et son oncle y ont été. Quand tu grandis dans un environnement aussi compétitif, ça vient avec de la détermination. C’est probablement plus une bonne histoire qu’un réel facteur, mais ça ne lui nuit certainement pas. »