Edmonton, Lausanne, Gatineau et peut-être, un jour, Anaheim. Les plus malins se demanderont s’il s’agit de l’itinéraire de vol d’un type vraiment malchanceux, et en 2022, serait-on vraiment surpris ?

Mais ce sont plutôt les villes où Noah Warren et Tristan Luneau ont joué – et joueront ? – ensemble.

Les deux défenseurs québécois sont visiblement destinés à être liés. Vendredi, les Ducks d’Anaheim ont réclamé Warren au 42rang, puis Luneau au 53e.

« Comme on se l’était dit, le meilleur scénario était d’être repêchés par la même équipe. On ne peut pas demander mieux ! », s’est exclamé Luneau, quelques minutes après sa sélection, vendredi.

Le repêchage de l’amitié s’est donc poursuivi. Après le Canadien, qui a réuni les Slovaques Juraj Slafkovsky et Filip Mesar la veille, c’était au tour des Ducks de faire le bonheur de deux potes. Leur histoire a commencé dans les tournois estivaux, notamment au tournoi Brick, à Edmonton, où, à peine âgés de 10 ans, ils ont fait équipe pour l’Ice Storm de Montréal.

« Noah a toujours été le plus grand de l’équipe, le plus fort, et ça n’a pas changé ! a lancé Luneau. On dirait qu’on est encore les deux enfants qui jouent au hockey. On avait 10-12 ans, on partait les fins de semaine pour des tournois d’été. Là, c’est un peu comme ça, on s’en va dans un hôtel, on s’en va jouer notre tournoi, mais c’est un plus gros stage, un peu ! »

Le dormeur

Luneau et Warren font en effet équipe à Gatineau depuis deux ans. Les deux étant droitiers, ils ne jouent cependant pas au sein du même duo. Ils ont aussi des styles aux antipodes.

Lisez « Tristan Luneau et Noah Warren : Des ambitions à gérer »

Ils ont tout de même développé une jolie complicité. « Dans l’autobus, on était toujours assis l’un à côté de l’autre, décrit Warren. Moi, je dors souvent, il doit me trouver plate de temps en temps ! »

C’est un grand dormeur. Des fois, je fais mes devoirs et je reçois sa tête sur mon épaule. Je lui donne des coups ! Mais c’est un très bon ami.

Tristan Luneau

Louis Robitaille, entraîneur-chef des Olympiques, rayonnait de voir ses deux protégés réclamés.

« Ça démontre que je dirige de jeunes hommes extraordinaires. Tristan a vécu beaucoup d’adversité. Il était le premier choix au total dans la LHJMQ, il a subi une opération à une jambe qui a été très médiatisée. Il a toujours mis sa situation personnelle de côté pour se concentrer sur l’équipe. Et quand Noah est arrivé, il jouait des minutes limitées, pas 30, 35 minutes par match. On a bâti son jeu, et là, il est repêché en début de deuxième ronde. »

Des produits d’ici

La LHJMQ conclut ce repêchage 2022 avec 19 joueurs repêchés, soit moins que la Ligue junior de l’Ontario (35) et que la Ligue junior de l’Ouest (28).

Joueurs de la LHJMQ repêchés dans la LNH

  • 2021 : 24
  • 2020 : 19
  • 2019 : 18

Une fois de plus, les Ducks ont apporté leur contribution, réclamant trois produits du circuit Courteau. Jeudi, ils avaient sélectionné Nathan Gaucher au 22rang.

« Martin Madden [fils] est un des seuls recruteurs en chef du Québec, a rappelé Robitaille. Stéphane Pilotte passe des heures incalculables dans les arénas, comme d’autres. Ce sont des recruteurs du Québec qui ont montré par le passé qu’ils n’ont pas peur de venir chez nous. »

Effectivement, les Ducks ont l’habitude de piger dans la cour de la LHJMQ. En 2017, leurs deux premiers choix étaient Maxime Comtois et Antoine Morand. Dans les six derniers repêchages, ils ont sélectionné neuf patineurs du circuit québécois.

Les trois gars répondaient très bien à nos critères. Mais ça aurait pu être un Ontarien, un Russe et un Québécois, et j’aurais été content. On n’a pas un bonus parce qu’il y a des gars du Québec !

Stéphane Pilotte, recruteur des Ducks au Québec

Pilotte a tout de même admis que le fait que Madden soit installé au Québec, « ça joue ». « Mais si un dépisteur du Québec n’a pas d’autres opinions qui l’appuient, ce sera dur de faire valoir son choix. Si nos dépisteurs qui font “multisegment” [du croisement] ne les aiment pas, ça ne passera pas. On n’est pas en septième ronde, on est au début du repêchage. Ça prend un consensus. »

Pendant le point de presse de Robitaille, le confrère Stéphane Leroux est venu prévenir Robitaille qu’un autre de ses protégés, Samuel Savoie, venait d’être réclamé par les Blackhawks au 81rang. « Ça, c’est des frissons aussi », a spontanément dit Robitaille.

« C’est mon chum Alex Rouleau qui est là [chez les Blackhawks, comme recruteur au Québec]. On a joué l’un contre l’autre. Je sais qu’il aime ce genre de joueur là. C’est le fun qu’ils repêchent des gars que tu connais, qu’ils tentent leur chance avec tes joueurs. »