Kristopher Letang ne se gêne pas pour en parler. Si les Penguins de Pittsburgh et lui étaient arrivés au bout de leur relation professionnelle, Montréal aurait été « au plus haut sommet » des villes où s’établir.

Or, l’histoire d’amour avec la capitale de l’acier n’était pas encore terminée. Le Québécois a signé, jeudi, un nouveau contrat de six ans avec l’équipe qui l’a repêché en 2005. Au terme de cette entente d’une valeur de 36,6 millions, le défenseur sera âgé de 41 ans.

Ce contrat, a-t-il insisté, est au bénéfice des deux camps. Sa longueur garantit virtuellement de la stabilité à Letang jusqu’à la fin de sa carrière. Et sa moyenne annuelle de 6,1 millions, relativement modeste sachant que le vétéran aurait pu empocher plus de 8 millions ailleurs, sert bien les Penguins.

Un contrat élaboré « pour faciliter » la vie des deux parties, a-t-il insisté, jeudi soir, après avoir lui-même annoncé le choix de premier tour des Penguins sur la scène du Centre Bell.

Le fait que son nouveau contrat le mène jusqu’à ses 40 ans, et même au-delà, ne le fait pas sourciller. Et ce, même s’il traîne avec lui un historique de blessures ingrat.

« Avec la manière dont je m’entraîne hors glace, je me suis toujours vu jouer jusqu’à 41, 42 ans, et peut-être même plus. La passion est là. »

PHOTO CHARLES LECLAIRE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Kristopher Letang

Letang appartient à cette variété rare de défenseurs qui ne semblent pas vieillir. Il vient tout juste, à 35 ans, de rendre la meilleure récolte offensive de sa carrière, avec 68 points. À moins d’une blessure, il disputera la saison prochaine le 1000e match de sa carrière en saison. Après 941 rencontres, il cumule 650 points. Il a ajouté 90 points en 145 matchs de séries.

Ces succès de la dernière année ne l’ont pas empêché de considérer ses options pour la suite de sa carrière. Au cours des dernières années, l’organisation a changé de propriétaire. Le directeur général, Ron Hextall, est en poste depuis moins d’un an et demi. On pourrait imaginer que la nouvelle administration souhaite rajeunir son noyau de leaders. Sidney Crosby et Evgeni Malkin, comme Letang, ont la mi-trentaine. Malkin, d’ailleurs, est toujours sans contrat en vue de la prochaine saison.

« Tu n’as pas le choix de faire cet exercice-là dans ta tête », a expliqué Letang.

Il faut être capable de s’asseoir et d’évaluer ce qui pourrait arriver, où tu te vois, ce qui est possible. Tu n’as pas le choix, parce que cette journée-là va arriver et tu ne veux pas te faire surprendre.

Kristopher Letang

« Peut-être qu’ils [la direction] avaient une nouvelle vision. J’adore ça, me prouver constamment, mais quand tu ne sais pas ce qui va arriver, ça laisse beaucoup d’inconnu. »

La saison terminée, voyant les semaines d’été se succéder, le défenseur s’est demandé à quoi ressemblerait la suite. Dans une semaine, il allait devenir joueur autonome sans compensation. Et puis est venue l’offre des Penguins.

« C’est le fun d’avoir cette confiance », témoigne-t-il.

Ce qui est une bonne nouvelle pour les partisans des Penguins en est logiquement devenu une moins bonne pour ceux du Canadien. L’arrivée de Kent Hughes, ex-agent de Letang, à la direction du CH avait laissé croire à plusieurs observateurs que le défenseur se rapprochait de Montréal. Cet espoir n’était pas infondé, a réitéré le principal concerné.

« Pas juste pour rentrer à la maison, mais également à cause de l’organisation qui a beaucoup d’histoire, a-t-il précisé. Quand j’étais enfant, je suis allé souvent au Centre Bell, je les ai vécues, ces émotions-là. Encore ce soir, d’entendre la foule… T’en rêves un peu dans ta tête. C’est une équipe que j’ai toujours admirée. »