Les portes du salon funéraire se sont ouvertes sous la pluie, tout doucement, aux alentours de 13 h.

Il n’y avait pas de cohue, pas de longue file d’attente et pas de bruit, non plus, comme il peut y en avoir trop souvent quand il s’agit d’un disparu célèbre que l’on vient saluer pour la dernière fois.

Il y avait bien quelques caméras à l’entrée, quelques journalistes aussi, sans plus. La famille Bossy voulait quelque chose de simple, de modeste, peut-être à l’image de Mike, le fils, le père, le grand-père, et aussi, aux yeux d’une majorité d’admirateurs, l’ancienne gloire des Islanders de New York, qui s’est éteint le 15 avril à l’âge de 65 ans.

Ron Fournier, ex-arbitre et ex-animateur de radio, a été parmi les premiers à se présenter dans l’entrée. Au loin, tout près de la pièce principale, un chandail des Islanders, encadré et frappé du numéro 22, était bien visible. « Mike, je l’aimais beaucoup. Il avait sa façon de te taquiner, il était sarcastique, toujours avec son petit sourire en coin… »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Tout près de la pièce principale, un chandail des Islanders de New York, encadré et frappé du numéro 22, était bien visible, accroché sur un mur.

Dans une salle adjacente, des cahiers contenant des coupures de journaux avaient été déposés sur une table. Il avait de toute évidence fallu un temps fou au fil du temps pour coller tous ces articles comme ça, de façon méthodique, depuis les années au hockey mineur. Mais c’est ce que maman Bossy avait décidé de faire, depuis très longtemps, de toute évidence. Ici des photos de son Mike en action dans ses années de hockey junior à Laval, là des photos de Mike et de ses meilleurs amis chez les pros, plus tard, avec une Coupe Stanley soulevée à bout de bras.

Parmi les cadres sur une autre table : une photo de Mike Bossy en compagnie d’un autre très grand, Maurice Richard. Les deux hommes sont souriants, en train de montrer à la caméra deux rondelles marquées du chiffre 50…

Cinquante buts, on ne fait pas ça tous les ans, mais Mike Bossy l’a fait pendant neuf années de suite, et Pierre Creamer, son entraîneur dans les rangs mineurs à Laval, s’en souvient très bien.

« Quand Johnny Rougeau a fait déménager Mike à Laval pour son hockey, il est venu à l’aréna Chomedey, et j’ai été le premier à l’accueillir », a rappelé l’ex-coach, qui a dirigé les Penguins de Pittsburgh en 1987-1988.

« On venait de créer une ligue Midget AA à Laval, essentiellement pour Mike. C’est là que ça a commencé pour lui, et ça fait 51 ans… Déjà à cet âge, il était un joueur incroyable. Il avait 14 ans, et il était un passeur formidable qui était capable de jouer avec des adultes. »

Pendant que l’on repassait des souvenirs comme ça, à gauche et à droite, de simples partisans de Mike Bossy, tous vêtus du chandail des Islanders, entraient au salon, pour saluer leur idole une dernière fois.

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Les souvenirs de Mike Bossy seront teints du bleu et de l’orange des Islanders de New York, des couleurs bien en évidence au salon funéraire.

En tentant de reprendre son souffle, Ron Fournier a admis que les derniers jours avaient été difficiles.

« Je pense à Mike, et j’essaie en premier de retenir les choses le fun… D’autre part, on vient de perdre Guy. Tout de suite, veux, veux pas, il faut que tu te dises : ils vont avoir toute une équipe en haut ! Hein ? Parce qu’avec Mike à Montréal, ça ne s’est pas fait comme ça aurait dû être fait… Le Canadien aurait dû le choisir. »

Mais ce n’est pas arrivé, et maintenant, les souvenirs de Mike Bossy seront teints du bleu et de l’orange des Islanders de New York, des couleurs bien en évidence ici au salon en ce mercredi gris. Noir ? Non, pas tant. Parce que les souvenirs, les meilleurs, sont toujours en couleurs.

Ron Fournier est bien d’accord, même si le choc demeure difficile à encaisser.

« C’est ça, et c’est aussi cette tristesse de perdre quelqu’un qui avait ses racines au Québec, même s’il a joué ailleurs, a-t-il ajouté. Aussi, je peux vous dire que 65 ans, c’est jeune pour partir… »