L’entraînement du Canadien vendredi était facultatif, et les joueurs ont saisi le message. Ils n’étaient qu’une dizaine sur la patinoire, essentiellement des blessés ou des joueurs au statut précaire, à l’exception bien sûr d’Alexander Romanov.

Même Martin St-Louis s’est prévalu de l’option, du moins pour le volet médiatique de son travail. C’est plutôt son adjoint Trevor Letowski qui a rencontré les médias pour le précis quotidien de hockey sur glace.

St-Louis tenait notamment à suivre à la télévision le duel entre Northeastern et Western Michigan, en NCAA, car son fils aîné, Ryan, porte les couleurs de Northeastern. Tout comme Jordan Harris, un défenseur qu’il va visiblement diriger quelque part en avril…

L’occasion était donc belle pour revenir sur ce mariage forcé entre St-Louis et ses adjoints. Mariage forcé, car comme c’est souvent le cas quand un entraîneur-chef est dégommé en cours de saison, les adjoints sont restés en poste.

Et Letowski a été honnête. Il ne connaissait pas du tout St-Louis – personnellement, entendons-nous – avant que ce dernier soit nommé entraîneur-chef par intérim du Canadien.

Comme je suis un ancien joueur, je sais que les relations se bâtissent très rapidement parce qu’il y a souvent du changement.

Trevor Letowski

La relation s’est bel et bien bâtie « rapidement ». Le 16 février, soit exactement une semaine après le changement d’entraîneur, La Presse s’est entretenue pendant une trentaine de minutes avec St-Louis. Et le nom de Letowski est le premier qu’il a évoqué quand on lui a demandé de parler du rôle de ses adjoints.

« Trevor m’a aidé sur le banc au premier match, à gérer les trios, le désavantage numérique », a énuméré St-Louis, et on sentait qu’il regrettait même de ne pas lui avoir donné davantage de responsabilités.

Ces propos allaient de pair avec la dynamique que l’on observe depuis le changement de garde.

« La première semaine ou les deux premières semaines, ça allait vite pour la gestion des joueurs, surtout les situations comme après les pénalités, l’avantage numérique ou le jeu à quatre contre quatre, a reconnu Letowski. Il se fiait un peu à moi pour gérer le temps d’utilisation des joueurs. »

L’enseignement

Corey Schueneman a reconnu que le courant semble passer entre les deux coachs.

« Ils se parlent beaucoup, ils échangent des idées et travaillent très bien ensemble, a relevé le défenseur. Ils sont bons pour observer ce qui se passe sur la patinoire. Si un des deux remarque quelque chose, il le relaie immédiatement à l’autre. Ils parlent des options et choisissent le bon jeu. »

Letowski n’a évidemment pas détaillé sa liste de tâches, mais il a admis que ses responsabilités avaient « un peu » changé sous St-Louis, en raison d’une approche « différente ».

« Une grande partie de mes responsabilités consiste à étudier les tendances de nos prochains adversaires et ça a changé un peu, c’est davantage centré sur nous. On va voir leurs tendances, mais ce n’est pas ce qu’ils vont faire [qui nous intéresse]. C’est plutôt la façon dont nos concepts vont nous aider à contrer leurs tendances », a-t-il expliqué.

Letowski a en outre admis que lui et St-Louis tentaient de faire de l’enseignement pendant les matchs, que ce soit auprès d’un joueur en particulier, ou « une chose très importante dans nos concepts et que l’on montre à l’entracte ».

« Par exemple, Martin note une chose, il veut que je la relaie à Burr [Alex Burrows], ou à notre entraîneur vidéo [Mario Leblanc] afin qu’il prépare deux, trois ou quatre clips à montrer aux joueurs à l’entracte. Ce sont des moments importants d’enseignement, en temps réel. »

Le manque d’expérience de St-Louis au niveau professionnel a souvent été évoqué. Mais Letowski a rappelé qu’il pouvait aussi y avoir des avantages à commencer avec une page blanche.

« Le dialogue est très ouvert. Il voit des choses qu’il veut implanter, mais tu peux aussi le remettre en question. Il ne coache pas depuis 30 ans, donc il n’a pas ses vieilles habitudes bien ancrées et c’est pourquoi il est moderne et rafraîchissant. »

Retirer le gardien

Le Tricolore présente une fiche de 9-7-3 depuis l’arrivée de St-Louis. L’équipe a donc perdu plus de matchs qu’elle n’en a gagnés, mais compte tenu des performances en première moitié de saison, compte tenu aussi de l’effectif avec lequel St-Louis doit composer, son premier quart de saison est généralement vu comme un succès.

On peut ajouter le fait que le Tricolore est généralement dans le coup, comme ce fut le cas jeudi contre les Panthers, malgré la défaite. « On a montré qu’on peut jouer contre n’importe qui. On est arrivés à court hier, mais c’était serré et on avait une chance à la fin », a rappelé l’attaquant Laurent Dauphin.

St-Louis suscite la fascination jusqu’ici par ses méthodes peu traditionnelles (du moins dans la LNH) à l’entraînement. Dans les matchs, son audace quand vient le temps de retirer le gardien fait également jaser.

Encore jeudi, Jake Allen a été rappelé au banc avec 5 min 31 s à jouer en troisième période, et un retard de deux buts à combler. Cinquante secondes plus tard, Paul Byron marquait pour resserrer l’écart.

« Martin est vraiment intelligent, il a sûrement étudié les pourcentages de chance de marquer deux buts en deux minutes ou en cinq minutes, a rappelé Dauphin. En plus, il y avait la pause publicitaire juste avant, donc il a eu le temps d’expliquer aux gars le bon plan pour attaquer. »

Depuis l’arrivée de St-Louis, le Tricolore compte déjà quatre buts quand il retire son gardien. Seuls les Blues et le Wild ont marqué plus souvent dans ces circonstances depuis le 9 février.

« On essaie de mettre les chances de notre côté, de ne pas avoir peur de perdre et de vouloir gagner », a ajouté Dauphin.

De bons mots pour Ducharme

Même s’il a vanté St-Louis, Letowski s’est assuré d’avoir de bons mots pour Dominique Ducharme. Les deux hommes se connaissaient avant Montréal, ayant travaillé ensemble avec Équipe Canada junior. « J’adore Dom, on a un historique ensemble, a souligné Letowski. On a eu beaucoup d’adversité en première moitié de saison. […] Ce n’est pas facile de perdre quelqu’un de qui tu es proche. Dom est un bon coach, une bonne personne. Donc au début, le changement était un défi, mais tu n’as pas le choix d’offrir le meilleur de toi-même au travail. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jonathan Drouin

Drouin blessé

Jonathan Drouin doit de nouveau s’absenter. L’attaquant du Canadien souffre d’une blessure au haut du corps et son nom a été placé sur la liste des blessés, vendredi. Selon un bilan publié par le Tricolore, Drouin s’absentera pour une durée indéterminée. Le numéro 92 a raté le match de jeudi. En point de presse jeudi matin, Martin St-Louis avait indiqué que Drouin était reparti chez lui par mesure préventive, parce qu’il avait été en contact avec une personne atteinte de la COVID-19. Il s’agit d’une troisième blessure cette saison pour Drouin. En novembre, il avait raté six matchs en raison d’une blessure à la tête, résultat d’une rondelle tirée par son coéquipier Brett Kulak, qui l’avait atteint accidentellement. Puis, le 20 janvier, il s’était blessé à un poignet et avait raté deux mois d’action.

Une semaine sans Gallagher

Dans sa même mise à jour de vendredi, le CH a annoncé que Brendan Gallagher était blessé au bas du corps et qu’il s’absenterait une semaine. Gallagher a raté les trois derniers matchs de son club. Il avait aussi raté la quasi-totalité des mois de décembre et de janvier, en raison d’une blessure au bas du corps et de la COVID-19. Aucune nouvelle au sujet de Jeff Petry, cependant. Le défenseur n’a pas terminé le match de jeudi, et il n’a pas été vu sur la patinoire vendredi, lors de l’entraînement optionnel.