John Stevens nous appelle de sa chambre d’hôtel de Columbus, mercredi après-midi. Entraîneur adjoint chez les Stars de Dallas, il accompagne l’équipe, qui termine son premier voyage de la saison, un périple de quatre matchs.

« Je ne vous mentirai pas, les journées sont un peu longues sur la route ! Normalement, je me préparerais à aller souper au restaurant avec les autres entraîneurs, mais pas cette saison. »

Stevens en profite donc pour bonifier son étude des autres équipes, mais évidemment, avec le calendrier particulier de cette saison, il s’en tient aux équipes de la division Centrale. Et les autres équipes ?

« On est assez occupés avec notre division, je regarde seulement les résumés de cinq minutes sur NHL.com pour les autres divisions. Et Tyler est vraiment souvent là ! »

Stevens parle de Tyler Toffoli, un joueur qu’il connaît très bien. Stevens a été embauché comme adjoint à Los Angeles en 2010, l’année où les Kings ont repêché Toffoli au 47e rang. Leurs chemins se sont séparés huit ans plus tard, quand Stevens a été congédié.

« Je l’ai rencontré à son premier camp de développement avec nous, se souvient Stevens. Il avait besoin de travailler sur son coup de patin. Je l’ai vu grandir. Je suis content pour lui. C’était un bon jeune. »

L’importance du désavantage

Toffoli connaît un début de saison phénoménal, occupant seul le premier rang de la LNH pour les buts, avec neuf. Il a inscrit deux de ses neuf buts en désavantage numérique, où il est constamment au sein des trois duos d’attaquants que l’entraîneur-chef Claude Julien emploie.

« Tôt dans ma carrière, avec les Kings, pour me faire une place dans la formation, c’était important que je sois super responsable aux deux extrémités de la patinoire », a raconté Toffoli après la victoire de 5-3 du Canadien contre les Canucks, mardi.

« Chez les Kings, les big shots, comme on les appelait, étaient de toutes les situations, et ç’a toujours été quelque chose que j’ai voulu faire. […] Écouler les pénalités m’a aidé à me faire une place. »

PHOTO REED SAXON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

John Stevens

Toffoli était visiblement habitué à de telles missions. À ses deux dernières années dans le junior, il a inscrit 57 et 52 buts ; 11 de ces 109 buts avaient été marqués à court d’un homme. L’ailier a enfilé 28 buts à son unique saison complète dans la Ligue américaine, dont trois en infériorité numérique.

À Los Angeles, John Stevens était l’entraîneur responsable du désavantage numérique. Il a commencé à employer Toffoli dans cette situation lors des séries éliminatoires de 2014, au terme desquelles les Kings ont soulevé le gros trophée. Dès la saison suivante, le numéro 73 devenait un membre permanent de ces unités.

« Tyler était responsable, intelligent et il avait un bon bâton, décrit Stevens. La plupart de nos attaquants pouvaient écouler les pénalités. En tant que joueur offensif, c’est bon de pouvoir le faire, car ça te permet de rester dans le match si les pénalités s’accumulent. »

Il y a tout de même là un drôle de paradoxe. Statistiquement, la qualité dominante de Toffoli était de marquer des buts. On pourrait croire que c’est ce talent spécial qui lui a ouvert les portes de la LNH, mais dans les faits, c’était tout le contraire.

On connaissait tous sa réputation de marqueur. Mais ce qui lui a permis de se faire une place, c’était sa capacité à réussir des jeux le long des rampes, en territoire défensif, sous pression. C’est ainsi qu’il a gagné la confiance de notre personnel d’entraîneurs.

John Stevens

La statistique a beau être critiquée, elle est quand même frappante ici : pendant ses sept saisons à Los Angeles, Toffoli a mené les Kings pour le différentiel (+ 76) et a même fini premier dans la LNH en 2015-2016 avec une fiche de + 35.

Stevens rappelle qu’Anze Kopitar, Jeff Carter et Mike Richards étaient tous réputés pour la qualité de leur jeu dans les trois zones.

« C’était la mentalité de notre équipe, et Tyler y adhérait. Il ne triche pas pour générer de l’attaque, il se tient du bon côté de la rondelle. Il crée de l’attaque en jouant de façon responsable. Ça vient d’un programme gagnant, et Claude [Julien] prône le même genre de programme.

« En fait, le seul aspect où Tyler n’est pas bon, c’est en tirs de barrage. Je l’ai employé une fois quand j’étais entraîneur-chef des Kings, et ça m’a valu des messages haineux ! »

Des succès soutenables ?

Et maintenant, la question à 1000 $ : les succès de Toffoli sont-ils soutenables ?

À vue de nez, on répond par la négative. Prenons le taux de conversion de ses tirs. Cette saison, il marque sur 25 % de ses tirs. À ses 523 premiers matchs dans la LNH (soit avant cette saison), ce taux était de 10 %.

Mais Stevens estime que Toffoli peut atteindre de nouveaux plateaux, même s’il est essentiellement un marqueur de 25 buts depuis le début de sa carrière.

« Tyler est arrivé dans une très bonne équipe à Los Angeles. Puis, des vétérans comme Justin Williams et Mike Richards sont partis. C’était une grosse bouchée à prendre pour Tyler. Parfois, tu prends un pas de recul avant d’avancer. Tyler a peut-être fait ça, et il arrive maintenant à son apogée. Il est encore un marqueur comme il l’était dans le junior. Je pense que son succès est durable. »

Une transaction sur papier

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Cayden Primeau

Nos amis de CapFriendly ont révélé mardi que le gardien Cayden Primeau avait été rappelé par le Canadien au sein de l’escouade de réserve. Primeau était toutefois de retour avec le Rocket, mercredi, pour disputer un match intraéquipe. La raison de cette transaction : Charlie Lindgren, le gardien de l’escouade de réserve du Tricolore, est resté à la maison, mardi, en raison de symptômes grippaux. C’est donc Primeau qui était le troisième gardien du Tricolore pour le match de mardi. Les tests de COVID-19 de Lindgren sont restés négatifs, nous dit-on, si bien qu’il devrait être à l’entraînement matinal du Canadien ce jeudi.