(Las Vegas, Nevada) Vendredi en fin d’après-midi. Les Golden Knights invitent leurs partisans à un rassemblement pour regarder le duel contre le Canadien.

Ça a lieu dans un bar d’hôtel, mais bon, ça lève plus ou moins au début. Peut-être parce que c’est encore 0-0 après 20 minutes. Peut-être parce que les différents moniteurs qui forment les écrans géants ne sont pas tous calibrés identiquement. Peut-être aussi parce qu’il fait 45 °C à l’extérieur, quoique le bar est bien climatisé.

Et puis, comme on nous le fait remarquer : les habitants de Las Vegas ne se tiennent pas dans les casinos. Tout comme les New-Yorkais vont partout sauf à Times Square, les Washingtoniens ne font pas des excursions au monument de Lincoln et les gens de Rochester ne passent pas leurs fins de semaine au musée Strong.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Les Golden Knights viennent de marquer.

Malheureusement, un type qui a la tête d’un gars qui va se battre dans la prochaine heure fait partie des partisans sur place. Il nous demande des nouvelles des Hawks d’Atlanta, avant de se lancer dans une diatribe absolument incohérente contre la NBA. Heureusement, le but de Nicolas Roy l’interrompt et il part célébrer le but, non sans avoir renversé la moitié de sa bière sur le comptoir.

Et heureusement, on tombe aussi sur Lee Orchard. Le nom ne vous dit peut-être rien, mais c’est lui qui incarne le chevalier que l’on voit dans les présentations d’avant-match des Golden Knights. Une connaissance commune prépare le terrain, le relationniste donne sa bénédiction, et nous voici assis avec un bonhomme qui a atteint un niveau de notoriété qu’il n’attendait pas.

De Medieval Times au T-Mobile Arena

Orchard a beau être britannique, il connaît son hockey. Il nous parle de la séquence de 914 matchs de Garry Unger, son entraîneur quand il a commencé à jouer au niveau pee-wee. Il nous parle aussi de Mike Babcock, qu’il a souvent vu jeter les gants quand l’ancien coach jouait pour les Warriors de Whitley.

Orchard s’est installé dans la région de Las Vegas il y a neuf ans. « J’ai toujours travaillé dans le divertissement », nous explique-t-il. Un de ses premiers emplois : directeur du spectacle de Medieval Times en Espagne, ces soupers-spectacles thématiques bien populaires aux États-Unis.

Je suis à Vegas, j’adore le hockey, et là, j’apprends qu’on a une équipe qui va s’appeler les Golden Knights qui s’en vient. Je dois en faire partie !

Lee Orchard

De fil en aiguille, il obtient l’emploi, pour un rôle qu’il pensait modeste. « Au début, le chevalier devait être une petite partie de l’avant-match. On allait faire la marche de l’extérieur vers l’aréna et j’allais lancer les hostilités depuis le château. Mais ça a évolué, je suis devenu un animateur dans la foule, pour lancer des cris de ralliement. »

Son passé de joueur de hockey lui permet d’être à l’aise sur patins, parce qu’avant la pandémie, il apparaissait sur la patinoire dans l’avant-match. Mais comme il le dit : « Un équipement de hockey, c’est flexible. Pas mon armure ! »

Son armure pèse « environ 30 kilos ». Elle est faite de laiton, « par un gars de Vegas qui conçoit des armures pour les films et la télévision. Il m’a suivi pendant un match, je lui ai expliqué mes besoins ».

Le changement était nécessaire, car l’ancien modèle, acheté à la hâte en ligne avant la première saison, était en acier. « C’était encore plus lourd ! » Ça lui a d’ailleurs fait faire son unique chute.

« C’était le 5 décembre 2017 contre Anaheim. Je m’en souviens très bien ! J’ai juste perdu l’équilibre. Et j’étais si lourd avec l’équipement de la première année que j’étais incapable de me relever. Il a donc fallu que mon ennemi m’aide à me relever. C’était gênant !

« Mon but n’est pas de patiner élégamment. C’est de ne pas tomber devant 18 000 spectateurs ! »

La COVID-19 a évidemment changé son travail. Il n’a toujours pas accès à la patinoire, en raison des protocoles de la LNH. Mais les contacts avec les partisans reprennent ; il a recommencé les photos, avec les restrictions qui tombent graduellement.

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Lee Orchard, à gauche

À notre rassemblement de vendredi, il agit aussi comme maître de cérémonie, prenant le micro pour annoncer les buts et lançant des « Go, Knights, Go » dans le bar.

Un bon animateur de foule, qui ne manque pas de répartie. En arrière-scène, le gars qui incarne Chance, la mascotte, lui tire la pipe quand il le voit accorder une entrevue. Orchard lui rétorque : « Remets donc ta tête. Je t’aime plus quand tu es Chance. Comme ça, tu n’as pas le droit de parler ! »