Dominique Ducharme a du pain sur la planche. Rien d’étonnant : Claude Julien n’aurait pas été remercié si tout était au beau fixe !

Au-delà des phases du jeu qui ne tournent pas rond, il y a aussi des individus à gérer. Des joueurs qui, s’ils retrouvent leur élan, aideront grandement le Canadien à sortir de son marasme actuel.

Ducharme dirigeait vendredi son premier entraînement complet en tant que nouvel entraîneur-chef du Canadien, et on commence à voir comment il s’y prendra pour essayer de ramener au bercail les brebis égarées.

Ça commence, évidemment, par Carey Price. De tous ceux qui ont connu une baisse de régime, son cas doit être le plus préoccupant pour l’équipe, ne serait-ce que pour son ascendant sur le groupe. Et aussi, disons-le, pour la lourdeur de l’engagement financier envers lui jusqu’en 2026.

Ducharme a donné sa chance au coureur, jeudi. Il passe maintenant au plan B, soit Jake Allen.

Carey va avoir le temps de s’entraîner, de travailler avec Stéphane [Waite, entraîneur des gardiens] dans les prochains jours avant de rejouer. Jake [Allen] sera devant le filet [ce samedi]. Carey a eu une bonne journée aujourd’hui et on va continuer à avancer demain.

Dominique Ducharme en visioconférence vendredi

Il faudra voir comment Price et Waite s’y prendront. Ils viennent d’avoir une semaine sans match, celle du 15 février, mais la pause n’a pas eu l’effet escompté. En trois sorties depuis, Price a accordé 14 buts sur 95 tirs, pour une efficacité (,853) rappelant les belles années de Doug Soetaert.

Ducharme a assuré que les déboires de Price n’avaient rien à voir avec une blessure quelconque. « Il est assez bien. Rien de majeur », a répondu le nouveau coach. Des doutes ont été soulevés quand Price a fait l’impasse sur l’entraînement matinal de jeudi, mais il a disputé la totalité de la rencontre et s’est exercé avec ses coéquipiers vendredi.

Il est intéressant de noter que lors du dernier changement d’entraîneur, en février 2017, Claude Julien était lui aussi arrivé au milieu d’une léthargie de Price. À ses 20 derniers départs sous Michel Therrien, Price avait présenté une fiche de 7-10-3, une moyenne de 3,09 et une efficacité de ,897. Une fois Julien en poste, le gardien avait conclu la saison avec un rendement de 13-6-0, une moyenne de 1,72 et une efficacité de ,937.

À l’époque, Julien avait donné à Price 19 des 22 derniers départs de la saison. Il importe toutefois de rappeler que son autre option s’appelait Al Montoya, pas du tout du même calibre que Jake Allen. Ducharme a un luxe que Julien n’avait pas, et compte bien s’en servir.

Les complices réunis

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Phillip Danault, Tomas Tatar et Brendan Gallagher

Depuis 2018, Tomas Tatar, Phillip Danault et Brendan Gallagher sont pratiquement inséparables sur la patinoire. Julien les a brièvement séparés lors des dernières séries, avant de les réunir en début de saison. Tout juste avant son congédiement, Julien avait de nouveau démantelé le trio, envoyant même Tomas Tatar dans les gradins un soir à Toronto.

Alors, le changement d’entraîneur, c’est positif pour un joueur qui se retrouvait dans les mauvaises grâces de Julien ?

J’ai eu deux très bonnes années sous Claude, je lui en serai toujours reconnaissant. Cette saison, c’est un peu difficile. Mais c’est du coaching, et ces choses-là arrivent. Je suis heureux du nouveau départ. J’espère qu’on en profitera le plus possible.

Tomas Tatar, après l’entraînement de vendredi.

Par ces dernières paroles, Tatar faisait référence à sa réunion avec Danault et Gallagher, survenue jeudi. « On a connu tellement de succès l’an passé, on avait parmi les meilleures statistiques de la LNH. On est tellement habitués à être ensemble », a noté le Slovaque.

On a souvent le réflexe d’écarter Tatar quand on parle des éléments clés du CH. Vrai qu’il n’a pas l’importance émotive de Gallagher, adjoint au capitaine et parfait « meneur par l’exemple ». Vrai que Tatar n’a pas un rôle aussi crucial que Danault, le centre à qui les missions défensives les plus difficiles sont confiées. Vrai aussi que pour des raisons de masse salariale, ses chances d’amorcer la prochaine saison avec le Canadien semblent minces.

Mais Tatar demeure le joueur le plus productif du CH depuis son arrivée à Montréal. Personne n’a amassé plus que ses 129 points, et sa moyenne de 0,78 point par match est aussi la meilleure de l’équipe depuis octobre 2018.

Dans son cas, la relance passe par un retour là où il a connu le plus de succès, au sein d’un trio qui générait des buts, sinon de la pression en zone offensive. Danault, un autre qui ne connaît pas son succès habituel, a quant à lui été l’attaquant le plus utilisé des siens jeudi, et de loin.

« C’est un nouveau départ pour tous. Je n’ai pas eu le meilleur début de saison, a convenu Tatar, mais je veux recommencer à aider l’équipe à gagner. »

Le premier duo

Sur papier, Ben Chiarot et Shea Weber font peur. Le duo fait osciller l’aiguille du pèse-personne à 463 lb, et les deux colosses n’hésitent pas à nettoyer l’enclave à coups de bâton.

Mais c’est aussi un duo qui accorde plus de buts à l’adversaire qu’il n’en génère pour le Tricolore quand il est sur la patinoire.

Jeudi, Jonathan Drouin a déploré le fait que les attaquants n’aidaient pas assez les défenseurs en territoire défensif, en pression arrière notamment. On a demandé à Weber si, de leur côté, les défenseurs pouvaient en faire davantage pour limiter les chances de marquer accordées.

« Je ne commencerai pas à accuser un côté ou l’autre, a indiqué le capitaine du Canadien. On doit mieux travailler en unité de cinq. Si on est plus serrés en zone offensive, puis en zone neutre, ça nous permet d’avoir un meilleur écart avec les joueurs qui attaquent. Ça part de l’échec avant et il faut rester regroupés pour maintenir cet écart dans les trois zones. »

Jusqu’ici, Ducharme a jonglé avec ses attaquants. À la mise au jeu initiale, jeudi, il a remplacé Tatar par Josh Anderson, seulement le temps d’une présence. La blessure d’Anderson l’a forcé à jouer avec ses combinaisons, mais encore à l’entraînement vendredi, tous ses trios étaient modifiés, sauf celui de Danault.

En défense, cependant, Ducharme n’a rien touché. A-t-il plus de patience avec ses duos qu’avec ses trios ?

« Peut-être un peu. Ça dépend toujours du personnel. Oui, j’aime sentir ceux qui ont une meilleure soirée… Coacher la game. En même temps, ça prend une stabilité pour que les gars puissent créer une chimie. Il faut trouver un équilibre dans tout ça. »

En bref

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Josh Anderson

Anderson incertain

Josh Anderson était absent à l’entraînement, vendredi. Il souffre d’une blessure au bas du corps, subie en première période jeudi, lorsqu’il a été victime d’un croc-en-jambe. Son état est réévalué quotidiennement. Son absence à l’entraînement a donné lieu à des combinaisons intéressantes, selon notre confrère Renaud Lavoie, de TVA Sports, seul journaliste du Québec sur place à Winnipeg. En effet, Michael Frolik se retrouvait au sein des quatre trios principaux, tandis que Corey Perry n’avait pas de place permanente dans un trio. Frolik n’a toujours pas joué cette saison et fait partie de l’équipe de réserve.

Guhle et Fairbrother dans le junior

C’est déjà la fin de l’expérience de Kaiden Guhle et de Gianni Fairbrother dans la Ligue américaine pour cet hiver. Le Canadien a annoncé avoir cédé les deux défenseurs à leur équipe junior. Avant de partir, Guhle a toutefois disputé le match de vendredi du Rocket. Guhle et Fairbrother ont exceptionnellement eu le droit de jouer dans la Ligue américaine, en attendant le début de la saison de la Ligue junior de l’Ouest. Les activités de ce circuit ont toutefois repris vendredi soir.