Au cours des prochaines semaines, nous vous offrirons une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les Kings de Los Angeles.

SITUATION ACTUELLE

Les Kings de Los Angeles ont vécu une longue traversée du désert avant de connaître leurs années de gloire entre 2012 et 2014 et la conquête de deux Coupes Stanley. Ils ont raté les séries six années de suite entre 2003 et 2009, avant de voir le DG Dean Lombardi transformer cette organisation. Mais celui-ci n’a pas su s’ajuster au changement de culture et de style de la LNH, notamment la vitesse, et il a perdu son poste en 2017. L’ancienne gloire Rob Blake lui a succédé et se résout finalement à une reconstruction, tout en conservant les deux piliers de l’équipe, Anze Kopitar et Drew Doughty. Les Kings n’ont pas remporté la moindre ronde de séries éliminatoires depuis leur Coupe Stanley de 2014 et ils ont été exclus des séries trois fois au cours de cette période. Les Kings ne semblent s’être jamais remis de la perte de leur défenseur Slava Voynov, chassé de la LNH après avoir été coupable de violence conjugale. Voynov était le défenseur le plus utilisé après Doughty. Le noyau est en train de changer depuis l’arrivée de Blake en avril 2017. L’équipe rajeunit. Sous son impulsion, Marian Gaborik, Tanner Pearson, Jake Muzzin, Tyler Toffoli, Alec Martinez, Kyle Clifford, Matt Greene et Derek Forbort ont changé de camp ou pris leur retraite. Des jeunes comme Gabriel Vilardi, Adrian Kempe, Alex Iaffalo, Sean Walker, Blake Lizotte et Michael Anderson ont déjà intégré la formation, Alex Turcotte, Tobias Bjornfot, Arthur Kaliev, Samuel Fagemo et Rasmus Kupari devraient suivre éventuellement. Les Kings pourraient repêcher parmi les quatre premiers cet été et détiennent trois choix de deuxième ronde, en plus de deux choix de troisième. Ils ont aussi trois choix de deuxième ronde en 2021. Le pipeline de jeunes est donc en train de se regarnir de façon intéressante pour les Kings, Rob Blake et leur président Luc Robitaille.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Les Kings ont payé cher pour leur succès. Ils ont été privés de choix de première ronde en 2011, 2013, 2015 et 2016. Les deux autres années, au cours de cette période de six ans, ils ont repêché 30e (2012) et 29e (2014). Cet état de choses a compliqué le travail des directeurs du recrutement amateur Mark Yannetti et Michael Futa (promu adjoint au directeur général en 2017) et a empêché les Kings de se régénérer. Le choix de première ronde offert pour Jeff Carter était essentiel. Celui pour Dustin Penner également, à un moindre degré que le cas précédent. Ceux pour Andrej Sekera et Milan Lucic ont fait mal. Pour Lucic, les Kings ont aussi cédé (en juin 2015) le gardien Martin Jones, qui a valu aux Bruins un choix de première ronde supplémentaire. C’était le moment parfait pour entamer une phase de réinitialisation, d’autant plus que le repêchage de 2015 regorgeait d’espoirs de premier plan, mais Dean Lombardi ne l’a pas saisi l’occasion pour le faire et deux ans plus tard, il perdait son poste. Les Kings ont repêché deux fois en première ronde et deux fois en deuxième ronde l’été dernier. Le choix de première ronde a été obtenu des Leafs pour Jake Muzzin. Les Kings ont cédé en juin 2019 au Canadien des choix de troisième et cinquième rondes pour avancer de 14 places et repêcher Samuel Fagemo au 50e rang. Le Canadien a choisi Mattias Norlinder en troisième ronde et Jacob Leguerrier en cinquième ronde. Fagemo a obtenu 13 points en 7 matchs au Championnat mondial junior. Cinquième choix au total cette même année, Alex Turcotte vient de signer un contrat avec les Kings. Il a obtenu 26 points en 29 matchs à Wisconsin, dans la NCAA ; son ailier par moments avec les Badgers, Cole Caufield, 15e choix au total en 2019, en a amassé 36 en autant de rencontres. À surveiller également, Arthur Kaliyev, repêché en deuxième ronde, entre Bjornfot et Fagemo. Il a marqué 44 buts et amassé 98 points en 57 matchs dans la Ligue junior de l’Ontario, et obtenu six points en cinq matchs pour les Américains au Championnat mondial junior.

Meilleur coup

Tyler Toffoli, attaquant, deuxième ronde, 47e au total en 2010.

Toffoli a été l’un des meilleurs buteurs des Kings depuis 2014 et il a connu une saison de 31 buts en 2016. Admissible à l’autonomie complète cet été, il vient d’être échangé aux Canucks de Vancouver pour un espoir, Tyler Madden, et un choix de deuxième ronde.

Pire coup

Derek Forbort, défenseur, première ronde, 15e au total en 2010

Forbort a mis six ans avant de devenir un régulier dans la LNH, il est désormais un défenseur à caractère défensif établi, mais il a été repêché devant Vladimir Tarasenko, Evgeny Kuznetsov, Charlie Coyle et Brock Nelson. Il vient d’être échangé aux Flames pour un choix conditionnel de quatrième ronde.

Meilleur espoir

Alex Turcotte est considéré comme le meilleur espoir en raison de son rang de sélection, mais le choix de deuxième ronde Samuel Fagemo commence à s’immiscer dans les discussions depuis sa performance éclatante au Championnat mondial junior. Il a terminé la saison en force à Frolunda dans la Ligue d’élite suédoise (SEL) avec 11 points à ses 20 derniers matchs à seulement 19 ans.

ÉCHANGES

Rob Blake s’est résolu à une reconstruction en janvier 2019, un peu moins de deux ans après son arrivée. Il a réussi un premier coup d’éclat en obtenant un choix de première ronde et deux espoirs pour son défenseur de 30 ans Jake Muzzin. Avec ce choix, les Kings ont repêché Tobias Bjornfot, désormais leur meilleur espoir en défense. Il a aussi amassé depuis un an trois choix de deuxième ronde, trois choix de troisième ronde et quatre choix de quatrième ronde, en plus de quelques espoirs. Au volume, il augmente ses chances de voir des jeunes émerger. Par contre, il a perdu un gardien de qualité, Darcy Kuemper, échangé aux Coyotes en février 2018 pour Scott Wedgewood et Tobias Rieder. Kuemper est le gardien numéro un en Arizona depuis l’an dernier. Wedgewood et Rieder n’ont fait que passer. Certains pourraient blâmer Blake pour l’échange de Dominik Kubalik, 30 buts à Chicago cette saison. Selon plusieurs sources, ce choix de septième ronde des Kings en 2013 n’était pas disponible lorsque les Blackhawks ont appelé Blake la première fois pour l’enquérir de la disponibilité du jeune homme. Blake avait encore espoir de lui faire signer un contrat. Ses efforts ont échoué. Le DG des Kings a finalement été contraint de l’échanger à Chicago pour un choix de cinquième ronde en janvier 2019. Kubalik, lamentable cinq ans plus tôt dans la Ligue junior de l’Ontario, semblait beaucoup plus enthousiaste de signer un contrat avec les Blackhawks. Il s’agit d’un coup fumant de la part de Stan Bowman, DG des Blackhawks, mais Blake avait-il le choix de s’en départir ?

Meilleur coup (Dean Lombardi)

Jeff Carter obtenu des Blue Jackets de Columbus pour Jack Johnson et un choix de première ronde en 2013 (Marko Dano). Sans Carter, Los Angeles n’aurait probablement pas remporté ses deux Coupes Stanley.

Pire coup (Dean Lombardi)

Milan Lucic pour Martin Jones, Colin Miller et un choix de première ronde en juin 2015. Lucic est resté une seule saison à Los Angeles. Les Bruins ont obtenu deux choix de première ronde pour lui en échangeant Jones par la suite. Colin Miller est devenu un bon défenseur offensif dans la LNH, mais il a été perdu au repêchage de l’expansion par les Bruins.

JOUEURS AUTONOMES

Rob Blake a offert un seul gros contrat depuis son entrée en poste et la décision a constitué un échec. Ilya Kovalchuk a reçu 18,75 M$ pour trois ans en juillet 2018. Le mariage n’a pas fonctionné. Kovalchuk a obtenu 34 points, dont 16 buts, en 64 matchs à sa première année, mais on le disait désintéressé en défense et sa fiche de-26 ne constituait pas un argument en sa faveur. Kovalchuk a été vite rétrogradé à des trios moins importants. En décembre dernier, on décidait de rompre l’entente. Son rendement en 22 matchs avec le Canadien en deuxième moitié de saison laisse supposer que l’idée de l’embaucher n’était pas mauvaise en soi. Il a obtenu 13 points en 22 matchs, fiche de +6, et servi de grand frère aux plus jeunes. Kovalchuk n’évoluaient sans doute pas dans le bon contexte à Los Angeles pour s’épanouir. Le prédécesseur de Blake, Dean Lombardi, était aussi un acheteur prudent sur le marché des joueurs autonomes. Ses dernières dépenses remontaient à 2011 : Simon Gagné (2 ans/7 M$), Justin Williams (4 ans/16,5 M$) et en 2010 Willie Mitchell (4 ans/16,5 M$).

Meilleur coup (Dean Lombardi)

Justin Williams a été essentiel aux deux conquêtes de la Coupe Stanley et il a valu chaque million offert, surtout lors des séries de 2014 avec 25 points en 26 matchs.

Pire coup (Rob Blake)

Ilya Kovalchuk. Un pari intéressant, mais qui n’a pas fonctionné.

Dix saisons (dix rondes remportées, trois exclusions)

2010-2011 : 46-30-6, 7e Ouest, première ronde

2011-2012 : 40-27-15, 8e Ouest, Coupe Stanley.

2012-2013 : 27-16-5, 5e Ouest, finale d’association.

2013-2014 : 46-28-8, 6e Ouest, Coupe Stanley.

2014-2015 : 40-27-15, 9e Ouest, OUT.

2015-2016 : 48-28-6, 5e Ouest, défaite première ronde.

2016-2017 : 39-35-8, 10e Ouest, OUT.

2017-2018 : 45-29-8, 7e Ouest, défaite première ronde.

2018-2019 : 31-42-9, 15e Ouest, OUT.

2019-2020 : 35-26-8, 14e Ouest, (à 14 points de la dernière place donnant accès aux séries).

(Demain : le Wild du Minnesota)

À LIRE

Charles Hudon serait courtisé par des clubs de la Ligue nationale suisse et de la KHL. Guillaume Lefrançois a parlé à son agent. La priorité demeure la LNH. Hudon a bien fait en fin de saison à Montréal. J’espère qu’il aura une autre chance.