Le gardien des Canucks de Vancouver Jacob Markstrom utilise un lance-balles de tennis afin de garder ses réflexes aiguisés.

Son collègue des Blue Jackets de Columbus Joonas Korpisalo n’a pas autant de chance depuis le début de la pandémie de COVID-19, et en conséquence il utilise plutôt un mur.

Pour sa part, le gardien des Maple Leafs de Toronto Frederik Andersen est peut-être le plus choyé du groupe : il est en confinement avec son coéquipier et marqueur de 47 buts cette saison Auston Matthews.

« J’ai un très bon tireur avec moi », a lancé à la blague Andersen.

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Le gardien des Blue Jackets de Columbus Joonas Korpisalo utilise un mur pour s’entraîner et entretenir ses réflexes.

Ceci étant dit, peu importe leur situation, les cerbères de la LNH sont, du moins à première vue, désavantagés dans leurs efforts pour maintenir leur forme physique en ces temps incertains qui ont contraint le circuit Bettman à interrompre ses activités le 12 mars.

Contrairement aux patineurs, qui peuvent peut-être déposer un filet devant leur entrée de garage ou encore effectuer des exercices de maniement de la rondelle, les gardiens ont de la difficulté à reproduire des situations qui s’approchent un tant soit peu de celles vécues dans un entraînement ou un match de la LNH.

« Nous faisons de notre mieux pour travailler notre coordination œil-main, a confié Markstrom. C’est important de ne pas laisser nos yeux s’endormir. »

Le gardien des Jets de Winnipeg Connor Hellebuyck fait également de son mieux pour demeurer au sommet de son art pendant la pandémie.

Mais c’est difficile.

« Personne n’a vécu ça auparavant, a confié Hellebuyck. Il n’existe aucun manuel, aucun protocole. Je ne peux pas porter mes jambières. C’est la chose la plus importante pour un gardien, pour retrouver ses sensations et accomplir le travail nécessaire. Si je sors faire du jogging, ça ne me permettra pas de maintenir mes habiletés de gardien. »

« C’est de toute évidence un défi puisque nous ne pouvons patiner, a ajouté Andersen. Présentement, l’accès aux installations est limité, donc il faut qu’on soit créatifs. »

C’est la raison pour laquelle la plupart des gardiens se fient sur leur entraîneur personnel.

Si l’entraîneur responsable de la force et du conditionnement physique des joueurs d’une équipe doit développer des programmes d’entraînement spécifiques pour une vingtaine de joueurs, d’autres spécialistes tels qu’Adam Francilia, qui compte parmi ses clients les Sharks de San Jose, Hellebuyck, le gardien du Wild du Minnesota Devan Dubnyk et celui des Hurricanes de la Caroline James Reimer, se concentrent uniquement sur les programmes pour les gardiens.

« Dans certains cas, ils sont très bien équipés à la maison, a souligné Francilia. Cependant, il y en a d’autres qui habitent des condos, sans aucun appareil… mais j’ai des choses dans mon répertoire qui leur permettent de s’entraîner uniquement avec leur masse corporelle. »

Francilia, qui se concentre sur le développement à long terme des athlètes, a mentionné que l’interruption provoquée par le coronavirus est certes négative, mais qu’elle représente aussi une opportunité pour eux.

« Chaque gardien peut travailler sur des détails qui lui sont particuliers, que ce soit par rapport à une vieille blessure, ses lacunes techniques ou encore celles biomécaniques, des choses sur lesquelles il n’a pas le temps de travailler pendant la saison régulière, a-t-il expliqué. Les seules choses qui peuvent le freiner, ce sont les connaissances et la créativité. »

John Stevenson, un psychologue haute performance et un ex-entraîneur des gardiens dans la LNH, a ajouté qu’il demande constamment à ses gardiens de faire fi des bruits extérieurs.

Et la pandémie en fait partie.

« Le coronavirus est incontrôlable, a-t-il évoqué. Nous n’avons aucun contrôle sur quelque chose d’incontrôlable, mais nous avons de toute évidence du contrôle sur notre façon de réagir. »

Stevenson, qui compte parmi ses clients de la LNH le gardien des Capitals de Washington Braden Holtby et celui des Flyers de Philadelphie Carter Hart, a abondé dans la même direction que Francilia.

Pour sa part, le gardien des Sénateurs d’Ottawa Craig Anderson, qui fêtera son 39e anniversaire le mois prochain, a décrit la « bataille mentale » qu’il doit livrer afin d’être prêt à reprendre ses activités, si la saison est relancée.

« Il faut que tu t’accroches… tout dépend de ton état d’esprit, a-t-il confié. Il est trop tôt pour dire comment les choses se dérouleront. Il faut s’assurer d’être prêt, peu importe le moment. »

De plus, comme la plupart des gens en confinement, Francilia a reconnu que la monotonie peut devenir le pire ennemi des joueurs de la LNH. En sachant cela, il a tenté d’établir des objectifs qui sont atteignables à court terme avec eux.

« En fin de compte, ça n’a pas d’importance si nous nous entraînons pour un retour au jeu, a-t-il dit. Dites-vous que vous vous entraînez parce que vous voulez être en santé, comme individu. Élargissez vos cadres. En même temps, ces gars-là sont programmés pour performer et viser un seul objectif. Je les encourage à garder leur motivation. C’est une occasion de créer une ambiance de compétition, dans un monde autrement incertain.

“C’est ça que les gars recherchent », a-t-il conclu.